Les forces de défense israéliennes ont lancé cette nuit des frappes aériennes à l’intérieur du territoire libanais en réponse au tir de trois roquettes sur les environs de Kiryat Shmona venus du sud du pays. Une des roquettes a explosé avant d’atteindre le sol israélien mais une autre avait déclenché un incendie près d’un bâtiment résidentiel de la localité.

Aucune perte n’a été à déplorer. Plus tôt dans la journée, l’artillerie israélienne était entrée la première en action pour répondre à cette agression non revendiquée. L’État hébreu a confirmé ces opérations qui visaient des « infrastructures utilisées pour le terrorisme » et des sites de lancement de roquettes. Il a prévenu qu’il « continuerait et même intensifierait » ses opérations au Liban.

C’est la quatrième fois en 24 heures qu’Israël bombarde le sud du Liban ayant tiré environ 100 obus d’artillerie. Naftali Bennett, le Premier ministre a déclaré que lui et son ministre de la Défense, Benny Gantz, ont été informés en temps réel de la situation et qu’ils supervisaient les opérations. La Force intérimaire des Nations unies au Liban (ou FINUL) a demandé aux deux parties de procéder à un cessez-le-feu et de tenir au maximum leurs troupes pour éviter une escalade supplémentaire » ajoutant être en train de travailler avec l’armée libanaise pour renforcer la sécurité le long de la frontière aussi connue comme la « ligne bleue ».

Les Israéliens ont frappé à de nombreuses reprises le Liban – Sud depuis le printemps en réponse à des tirs sporadiques de roquettes sans doute émanant de groupuscules plus ou moins incontrôlés. Il est en effet peu probable que le Hezbollah libanais actuellement complètement accaparé par le conflit syrien se risque à une confrontation directe avec son ennemi israélien d’autant que ce dernier le cible déjà régulièrement dans toute la profondeur du territoire syrien.

Mais c’est une bonne occasion pour l’État hébreu de marquer – par ricochet – l’arrivée à la présidence iranienne de l’ultra-conservateur Ebrahim Raïssi intronisé à Téhéran le 3 août par Ali Khamenei.

Pour appel, Tsahal a mené deux importantes guerres au Liban, l’une en 1982 contre les mouvements révolutionnaires palestiniens avant d’occuper une partie du pays jusqu’en 2000 puis en 2006 contre le Hezbollah libanais considéré (à juste titre) comme le bras armé de Téhéran au Liban.

Ces évènements surviennent alors que de grandes manifestations ont eu lieu dans le pays à l’occasion du premier anniversaire de l’explosion le 4 août 2020 d’un stockage clandestin (en place depuis 2014) de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium. Cette catastrophe a endeuillé Beyrouth tuant 218 personnes et en en blessant 6.500 autres tout en infligeant des dégâts à la considérables à la capitale évaluée à des milliards de dollars. La population est furieuse car aucune responsabilité n’a encore pu être formellement définie : qui a effectué ce dépôt clandestin ? Qui a couvert cette irrégularité criminelle ?

Le juge Tarak Bitar en charge du dossier réclame la levée d’immunités qui tardent à venir malgré les promesses faites en particulier par le président Michel Aoun. Globalement, le Liban est le pays de l’impunité, des assassinats politiques, des attentats à la bombe… les enquêtes quand elles sont lancées n’aboutissent pas. Il n’y a pas d’arrestations, pas de jugements…

Viennent s’ajouter les crises politique (il n’y a plus de gouvernement depuis un an) et économique majeures qui plongent le Liban dans la misère. À titre d’exemple, l’électricité n’est plus distribuée qu’environ deux heures par jour.

La crise sanitaire causée par la Covid-19 est catastrophique car elle ne peut pas être traitée correctement tant le système de santé est désorganisé.

Le pays accueille des centaines de milliers de réfugiés (dont plus de 350.000 Syriens) qui viennent encore compliquer la situation intérieure que personne ne peut gérer même si l’ONU fait un effort colossal pour assister ces populations plus que défavorisées. Le pays est revenu à l’époque maudite de la guerre civile de 1975-90 avec son cortège d’horreurs et de misère.

C’est sous l’égide de l’ONU que la France a provoqué une réunion le 4 août qu’une quarantaine de chefs d’États, de diplomates et de présidents d’organisations internationales. Le but est de lever des centaines de millions de dollars pour endiguer la crise humanitaire dans laquelle se trouve plongé le pays. Mais il faudra que ces sommes aillent aux populations et pas aux dirigeants dont la probité ne semble pas être la qualité première.

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