Les Américains et les Israéliens sont furieux car l’Iran vient d’ouvrir un nouveau terminal pétrolier qui débouche en Mer d’Oman court-circuitant le Détroit d’Ormuz qui peut être fermé en cas de crise grave.

Situé à proximité de la base navale de Jask(1) qui abrite l’état-major de la Marine iranienne pour la Mer d’Arabie, il permettrait théoriquement à Téhéran de continuer à exporter son pétrole même en cas de période de tension. Toutefois, si celle-ci est particulièrement élevée, il serait aisé pour la marine et l’aviation américaine de neutraliser ces nouvelles installations ou le pipeline de 1.000 kilomètres et les stations de pompage qui relient Goreh dans la province de Bushehr au terminal.

De plus, ces installations représentent un objectif bien tentant pour les services spéciaux israéliens qui semblent pouvoir agir un peu comme ils le veulent en Iran. Une catastrophe endommageant le terminal ou le pipeline n’est donc pas à exclure dans l’avenir.

Le président iranien descendant, Hassan Rouhani (2) a déclaré le 22 juillet : « c’est une opération stratégique et un pas important pour l’Iran. Cela sécurisera la continuation de nos exportations de pétrole […] aujourd’hui, le premier chargement de 100 tonnes de pétrole a eu lieu en dehors du Détroit d’Ormuz. Cela a démontré l’échec des sanctions américaines ».

Téhéran espère pouvoir exporter à terme un million de barils/jour et ce terminal devrait pouvoir fournir 350.000 barils/jour. Ce projet qui a été réalisé en deux ans aurait coûté deux milliards de dollars à l’État iranien devrait aussi permettre aux pétroliers d’économiser du temps de voyage.

Depuis les dernières sanctions décrétées il y a trois ans par l’administration de Donald Trump, l’Iran a essentiellement exporté son pétrole vers la Chine, le Venezuela (qui est exportateur de pétrole mais qui a besoin d’essence, ses capacités en raffinage étant extrêmement réduites) et la Syrie.

Ce commerce est essentiel pour Téhéran car c’est à peu près la seule entrée de liquidités pour le régime. Or sur trois destinataires, seule la Chine est solvable. Le ministre du pétrole iranien, Bijan Namdar Zanganeh s’est également félicité de la réalisation de ce projet qui serait, selon lui, une « manifestation de l’échec des sanctions [internationales] ».

1. Cet état-major pilote la frégate Sahand 74 et le navire-base polyvalent Makran 441 qui sont entrés dans l’Atlantique au début juin (voir article du 11 juin 2021 : Iran : deux navires de guerre entrent dans l’Atlantique). Ils sont actuellement en mer Baltique pour aller participer aux cérémonies du 325è anniversaire de la Marine de guerre russe à Saint-Pétersbourg le 25 juillet.

2. Ebrahim Raïssi qui a remporté l’élection présidentielle sera investi le 3 août. C’est à ce moment là que des enquêtes indépendantes devraient démarrer sur son rôle joué en 1988 en tant que procureur adjoint de la cour de Téhéran lors des massacres d’au moins 5.000 prisonniers politiques (source : Amnesty International).

 

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Alain Rodier

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