Le 7 mai peu après minuit, les Forces de Défense Israéliennes (IDF) tweetaient « les forces aériennes et terrestres [israéliennes] attaquent en ce moment la Bande de Gaza ».

Cette information était reprise en boucle par le New York Times, par la presse israélienne, par l’AFP et le NPR ( le National Public Radio, principal réseau de radiodiffusion de service public américain ) qui « brodaient » en affirmant que des soldats israéliens étaient en train de pénétrer dans l’enclave palestinienne à partir de laquelle des tirs de mortiers et de roquettes étaient partis depuis plusieurs jours.

Mais deux heure après, un démenti faisant état d’une « confusion interne » était publié par les IDF, leur porte-parole, le lieutenant colonel Jonathan Conricus qui semble avoir joué un rôle central dans cette opération de déception qui est un classique depuis l’Antiquité.:
En effet, sa qualité de porte-parole de Tsahal, il était la « source primaire » des journalistes auprès desquels il a diffusé la fausse information.

Selon certains observateurs médiatiques israéliens, cette information reçue par les Palestiniens a poussé les combattants du Hamas à rejoindre ce que les Israéliens surnomment : « le métro de Gaza », c’est-à-dire des tunnels permettant de contre-attaquer sur les arrières une fois la première vague de l’adversaire passé. Historiquement, cette tactique a été largement employée par les Japonais qui défendaient les îles q’ils défendaient contre la reconquête américaine en 1944-45. Cette méthode a été approfondie par les forces iraniennes lors de la guerre Iran-Irak (sur des conseils des Nord-Coréens) et transmise au Hezbollah libanais qui l’a largement employé lors de la guerre de 2006.

Les services de renseignement israéliens connaissaient parfaitement le positionnement de ces caches. La manœuvre de déception a permis d’y regrouper de nombreux combattants palestiniens qui ont alors été l’objet d’au moins 160 frappes aéroterrestres et sol-sol qui se sont étalées sur une quarantaine de minutes (les installations situées en sous-sol sont particulièrement vulnérables aux munitions pénétrantes à déclenchement retardé). À l’heure actuelle, personne n’est capable de comptabiliser les pertes enregistrées dans les rangs palestiniens d’autant que de nombreuses victimes doivent être enterrées dans les décombres de leurs abris.

Les Israéliens n’ont fait qu’appliquer les principes écrits par Sun Tzu, la référence de tous les stratégistes qui expliquait il y a 2.500 ans que « toutes action est basée sur la déception ». Bien sûr, les autorités israéliennes clament qu’il s’agissait bien d’une « erreur » involontaire car la révélation d’une telle manipulation de la presse peut faire perdre la confiance des medias dans les futures déclarations officielles de Tsahal !

 

1. Ce terme britannique doit être compris comme « tromperie ». Il s’agit de fournir de fausses informations à l’adversaire dans un but d’exploitation tactique ou stratégique. Le plus bel exemple historique reste l’« opération Fortitude » qui a permis de convaincre Hitler que le débarquement allié aurait lieu dans le Pas de Calais et pas en Normandie.

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Alain Rodier

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