Coup de tonnerre dans les forces de sécurité mexicaine. Trente fusiliers marins mexicains, l’élite de l’élite des forces armées mexicaines, ont été arrêtés le 9 avril dans le cadre de la disparition en 2014 d’un nombre indéterminé de personnes dans l’État de Tamaulipas situé au nord-est du pays.

Le bureau du procureur a déclaré que les victimes avaient disparu après que les fusiliers marins aient été déployés dans la ville de Nuevo Laredo qui jouxte le Texas situé de l’autre côté du Rio Grande.

Cette ville de 350.000 âmes est la plus importante sur la frontière américaine. En tant que point de passage le plus important vers les États-Unis, elle est disputée par plusieurs cartels qui se livrent au trafic de drogues, d’êtres humains et d’armes.

Celui qui tient le haut du pavé aujourd’hui est le « cartel du Nord-est » issu des Zetas et son bras armé est représenté par les sicarios de la « Tropa del Infierno » (la troupe de l’enfer). Leur adversaire direct est le cartel du Golfe mais celui de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG) qui est actuellement le plus puissant du Mexique a des visées sur cette région sensible(1).

Il s’agit cette fois de la plus importante rafle dans le milieu militaire, et, plus grave encore, au sein du corps des fusiliers marins qui constitue l’unité jugée comme la plus sûre des forces armées car considérée comme non corrompue. Quand une opération présente de grands risques, ce sont les fusiliers marins qui sont envoyés en première ligne face aux sicarios des cartels de la drogue.

Les victimes d’une guerre qui ne dit pas son nom

Il est dénombré environ 85.000 « disparitions » au Mexique depuis décembre 2006, date à laquelle le président Felipe Calderón avait déclenché la guerre contre les trafiquants de drogue. Si les cartels sont derrière la très grand majorité de ces disparitions, les forces de l’ordre en sont parfois également accusées.

Comme il n’y a pratiquement aucun espoir de les retrouver, il convient de rajouter ces 85.000 malheureux aux 300.000 morts déjà comptabilisés du fait de cette guerre qui ne dit pas son nom et qui se poursuit toujours aujourd’hui.
La majorité des ces disparitions sont restées irrésolues, des corps inidentifiables étant parfois retrouvés des mois après dans des fosses communes. Des fonctionnaires corrompus sont soupçonnés être impliqués dans des enlèvements en ayant couvert les agissements des ravisseurs où même d’avoir apporté leur aide afin de toucher une partie des rançons parfois demandées. Un des cas les plus célèbre est l’enlèvement de 43 étudiants qui ont disparu dans l’État de Guerrero au sud du Mexique en 2014. Le procureur local a conclu que les malheureux avaient été arrêtés par des policiers ripoux qui les avaient livrés à un gang criminel qui les avait assassinés avant de brûler les dépouilles.

1. Le CJNG aime à se présenter comme l’auxiliaire des forces de sécurité auxquelles il tente d’éviter d’être confronté. De manière à emporter l’adhésion des populations en cette période de Covid-19 très mortelle au Mexique, il se livre à des opérations humanitaires qu’il médiatise sur les réseaux sociaux.

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Texte

Alain Rodier

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