Début décembre 2020, le président de la République a annoncé, dans le cadre de sa politique nucléaire, le lancement du programme du porte-avions de nouvelle génération (PANG) destiné à remplacer le Charles-de-Gaulle.
Bien qu’elle ne soit pas une surprise, cette annonce intervient au terme de plus de deux ans d’études et de déclarations retardées. Le futur porte-avions d’environ 75 000 tonnes à propulsion nucléaire coûtera environ 5 milliards.
La fin de la construction est prévue pour 2036. Commenceront alors deux années d’essais à la mer avant l’admission au service actif du PANG, soit en 2038. Cette date s’impose, car elle correspond à la fin de la durée de vie utile des cuves des réacteurs K15 du Charles-de-Gaulle. Côté pile : « Sans porte-avions, nous perdrons notre leadership militaire en Europe, notre capacité à entraîner nos partenaires », estime l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la Marine. Il ne faut pas oublier que la France dispose de la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE) du globe, juste derrière les États-Unis (qui, eux, alignent 11 porte-avions). Mais, avant tout, un porte-avions est un instrument à la double vocation, guerrière et diplomatique.
Côté face : le nombre d’aéronefs maximum pouvant être embarqués à bord du PANG n’a pas été divulgué, le ministère des Armées se contentant d’indiquer « une trentaine de chasseurs-bombardiers ». Contre 40 aéronefs annoncés sur le Charles-de-Gaulle (un nombre jamais atteint dans la pratique). Il est dit que le PANG sera équipé de deux réacteurs de 225 MW d’un « nouveau type ». Or, « nouveau » n’est pas le bon qualificatif, car la Marine nationale préfère une solution moins risquée (exemple de l’EPR de Flamanville) avec un réacteur dérivé du K15 qui équipe actuellement le CDG et les sous-marins.
Le choix de deux catapultes électromagnétiques s’impose, car la France ne maîtrisant pas la technologie du catapultage, elle doit faire appel aux Américains, or ces derniers abandonnent la catapulte à vapeur pour la catapulte électromagnétique « nécessitant la présence d’un officier américain à bord », a révélé à ce sujet un rapport sénatorial.
Les crédits destinés au futur porte-avions manqueront certainement à d’autres projets, ce qui entraînera un déséquilibre au sein de la Marine pour des équipements moins prestigieux. Sans oublier que le PANG sera opérationnel entre 2038 et 2078, alors que l’évolution des technologies est galopante.
Et quid de la menace des missiles antinavires hypersoniques à longue portée de type 3M22 Tsirkon russe (2 000 km) ou DF-26 chinois (4 000 km), des missiles à très longue portée, des missiles de croisière ? Et des drones, ou encore de sous-marins de plus en plus performants ? Et, plus loin encore dans le futur, des armes à énergie dirigée ?
Toutefois, d’ici 20 ans, le nombre de porte-aéronefs naviguant dans le monde devrait passer de 28 à 36, et si la France veut conserver et affirmer ses ambitions maritimes, gageons que le futur porte-avions français et son groupe aéronaval seront équipés d’une défense multiforme capable de résister à toutes les menaces.
Bonne lecture.
Eric Micheletti
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