Pour répondre à la « menace russe », les pays nordiques avec « en pointe » la Suède ont décidé d’augmenter significativement leurs budgets défense. Fin septembre, un accord de coopération militaire a été signé entre la Finlande, la Norvège et la Suède. La Finlande, « en première ligne », va gonfler son budget défense de 54 % en 2021. Cette hausse de 10 milliards d’euros permettra l’achat de nouveaux avions de combat pour remplacer les F-18. Comme le soulignent les experts, la Finlande, qui partage 1 300 km de frontière avec la Russie, n’a jamais baissé la garde ; la Norvège, qui est intégrée au sein de l’OTAN, serait, elle, en cas de guerre, aidée par ses alliées. Aussi, la Suède se réveille militairement isolée.
Depuis la guerre entre la Russie et la Géorgie en 2008, l’annexion de la Crimée en 2014 et la guerre dans le Donbass ukrainien avec l’implication de Moscou la même année, Stockholm se trouve particulièrement vulnérable après des décennies de pacifisme et de réduction très importante de sa défense. Et pour les Suédois, la menace est clairement désignée : la Russie.
Donc, à la mi-octobre, le ministre de la Défense suédois Peter Hultqvist a présenté un plan de programmation militaire qui prévoit une hausse de 40 % du budget, une augmentation des effectifs, ainsi que la mise en service de nouveaux matériels. Et cela, d’ici à 2025. Les effectifs de l’armée suédoise passeraient de 60 000 à 90 000 soldats, le contingent (car le service militaire a été rétabli en 2017) sera doublé de façon à recréer cinq régiments dissous.
Et les crédits supplémentaires seront destinés, entre autres, à moderniser les chasseurs Gripen, à tripler le nombre de pièces d’artillerie et à se doter d’un nouveau sous-marin. Comme la Suède et la Finlande, leur voisin norvégien a présenté un nouveau plan de défense à long terme. L’armée de terre gagnera deux bataillons et la brigade Nord verra quatre bataillons renforcés ; leurs unités mécanisées seront équipées de nouveaux chars de combat, et les formations tactiques et logistiques seront « musclées ». Les forces terrestres devraient disposer de nouvelles capacités de défense sol-air. De son côté, l’armée de l’air modernise ses formations avec l’arrivée des F-35 Lightning II et le remplacement des avions de patrouille maritime P-3 Orion par des P-8 Poseidon. Les forces spéciales, outre une augmentation de leurs effectifs, devraient disposer de nouveaux vecteurs aériens avec le remplacement des hélicoptères de transport Bell 412.
La décision de la Norvège de continuer à investir dans sa défense est motivée par sa volonté d’être reconnue comme une puissance militaire conséquente sur le flanc nord européen et d’être crédible au sein de l’Alliance atlantique.
Ces augmentations significatives des budgets militaires vont de pair avec des exercices d’une ampleur inédite depuis la fin des années 80. Tel l’exercice Northern Wind, où d’importants contingents norvégiens, suédois et finlandais, appuyés par des commandos britanniques et des Marines américains, ont manœuvré au fond du golfe de Botnie, à la frontière avec la Finlande, face à la « menace. »
Bonne lecture.
Eric Micheletti
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