Depuis la fin de l’année dernière, Ankara a dépêché en Libye quelques membres de ses services secrets qui encadrent environ 5.000 « volontaires » (mercenaires ?) recrutés dans les rangs des rebelles syriens, majoritairement des Turkmènes. Les unités suivantes ont ainsi été ponctionnées d’une partie de leurs effectifs : les divisions Sultan Mourad, Al-Hamzat, les brigades Suqour Al-Chamal et Souleyman Chah. Or ces « volontaires » déchanteraient. En effet, les conditions de vie qui leur sont proposées en Libye sont à peine meilleures que celles connues dans le nord de la Syrie et les morts seraient nombreux (une estimation non recoupée fait état de 165 tués en trois mois). La majorité des pertes ont eu lieu sur le front de Salah al-Din au sud de Tripoli, à Al-Ramlah près de l’aéroport de la capitale, dans la région d’al-Hadaba Project et dans celle de Misrata. Surtout, la Turquie a cessé de leur verser leur solde d’environ 2.000 dollars/mois (elle n’aurait versée que le premier mois). Les volontaires auraient donc conseillé à leurs proches de ne surtout pas s’engager dans la même voie (un millier seraient en préparation en Turquie sous la supervision de la société militaire privée -SMP- SADAT AS International Defense Consulting) et nombre d’entre eux ne rêvent que d’une chose, revenir en Syrie !
Cela dit, leurs homologues de l’ »Armée nationale » engagés en première ligne au nord de la Syrie, en particulier dans les régions d’Idlib et d’Alep, semblent être logés à meilleure enseigne. Eux non plus n’ont pas été payés. En conséquence, ils ont même déclenché quelques manifestations « syndicalistes » de protestation.
Il semble que les gouvernements ne veulent plus engager la vie de leurs militaires sur des théâtres de guerre extérieurs. Ils ont alors recours à des SMP, les pertes étant beaucoup plus admissibles par les opinions publiques (« ils sont payés pour cela »). Les Américains ont montré la voie suivis par les Russes puis par les Chinois. La Turquie ne fait que suivre leur exemple comme l’Iran (qui a dépêché des Afghans, des Irakiens et des Pakistanais en Syrie).

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Alain RODIER

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