Les forces armées de Nouvelle‑Calédonie (FANC) peuvent prendre en compte une variété de situations allant des évacuations de ressortissants aux catastrophes naturelles, en passant par la lutte contre les trafics, notamment celui de stupéfiants. Les FANC sont aussi un facteur évident d’animation de ces terres situées à 24 heures d’avion de la métropole.
Le « Caillou », comme on appelle communément la Nouvelle-Calédonie, est en fait un ensemble d’îles autour de Grande Terre située au cœur de la géopolitique du Pacifique Sud, ce qui fait que tout ce que fait la France est observé et écouté. Cela amène une responsabilité particulière. La zone de responsabilité des FANC, avec Wallis-et-Futuna (à 2 100 km), est de 1 800 000 km2, soit 15 % de la zone économique exclusive (ZEE) française. La Polynésie est à 6 000 km. Pour mesurer un des aspects de la géopolitique locale, la possession des rochers Matthews et Hunter est contestée par le Vanuatu (autrefois Nouvelles-Hébrides), et les FANC doivent y repeindre régulièrement le drapeau français. Comme les îles Eparses de l’océan Indien, ces îlots ne sont pas habités. Mais ces possessions françaises, même rocailleuses, offrent des avantages en matière de ZEE.
Le spectre opérationnel qui peut être couvert par les FANC doit donc rester très large : des évacuations de ressortissants, voire des missions plus guerrières encore (interposition sur un conflit naissant), réaction à des catastrophes naturelles (et des violences qui pourraient en découler), lutte contre les trafics de stupéfiants et contre la surpêche.
Dans le premier cas, on peut mesurer la réalité de ce type de situation au fait que, par exemple, il reste 2 600 Français au Vanuatu, essentiellement des binationaux. En cas de nécessité (climatique ou géopolitique), il doit donc être possible de les prendre en compte. Dans le dernier cas évoqué, les FANC ont dû être mobilisées largement ces dernières années contre des « blue boats » (bateaux dont la proue est peinte en bleu) venus du Vietnam pour braconner la ressource halieutique.
« Tous les jours, je travaille avec les Américains, les Australiens, avec de grandes puissances, explique le général de division Thierry Marchand, commandant supérieur (COMSUP). Le président de la République est aussi très attentif à la zone Pacifique, ce qu’il a démontré en venant en visite en Nouvelle-Calédonie, en Australie, et d’ici la fin de l’année, au Japon. Il a rencontré les FANC en Australie lors de sa visite d’Etat, et non à Nouméa, c’est aussi une reconnaissance du rôle des FANC dans la zone. Il faut avoir les moyens de la politique quand on demande de jouer, on est au début de cette nouvelle histoire.
« Ce n’est pas un problème d’effectif, mais aussi de prise de conscience de la menace, et du fait que l’outre-mer ne doit pas rester isolé ou exclu du mouvement général de remontée en puissance car les coupes ont été assez drastiques ces dernières années. Le général Lecointre parle de reconstruction, de reconsolidation. A quel rythme peut-on rendre à l’outre-mer ce qu’il a perdu ? La Nouvelle-Calédonie a, en plus, des particularités dans des ambitions politiques naissantes, avec l’Inde, l’Australie.
Pour tenir les différents contrats, les FANC emploient 711 personnels de l’Armée de terre, 471 de la Marine, 233 de l’Armée de l’air, auxquels s’ajoutent 337 réservistes, particulièrement au régiment d’infanterie de marine du Pacifique (RIMAP) qui a sa propre compagnie de réserve.
Dans le détail, dans le domaine de la protection des espaces maritimes, on trouve l’action de l’Etat en mer, la police des pêches, la lutte contre les trafics illicites, les sauvetages. Ces missions sont assurées aussi bien par la Marine, avec des navires de surface et des avions de surveillance maritime, que par l’Armée de l’air, avec des hélicoptères Puma et des avions de transport Casa 235. En matière de lutte contre le narcotrafic, les FANC constatent un « développement tendanciel ». Les opérations Pyxis 1 et 2 ont permis d’intercepter deux voiliers en juillet et octobre 2017. Une tonne de cocaïne avait été mise à jour par le Vendémiaire, puis 500 kg en octobre. Ces deux opérations « ont été menées avec l’Australie, et n’auraient sans doute pas existé sans l’existence du QUAD », un forum de coopération militaire avec les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, existant depuis 1992.
En 2016-2017, pour ce qui concerne la pêche illégale, 73 « blue boats » ont été détectés, 20 ont été interceptés, dont neuf déroutés. 34 tonnes d’holothuries ont été saisies. « Les bateaux ont été détruits après avoir été ramenés à Nouméa, où ils ont été confiés à une entreprise qui les découpe et les démantèle complètement, explique l’état-major. Les holothuries revendues servent à payer le démantèlement du bateau. Les travailleurs des bateaux sont exploités, leurs conditions de travail, de sécurité et d’hygiène sont épouvantables. Il commence à y avoir des résistances de la part des marins, mais pas encore avec des armes à feu. Dès qu’on essaie de monter à bord, ils produisent une résistance physique, essaient de crever le Zodiac, de repousser l’équipe de visite. En une occasion, ils ont aussi essayé de mettre le feu au bateau avant qu’on arrive. » Un autre interlocuteur de l’état-major ajoute :
« Dans un cas, il ne nous a fallu que dix jours pour intercepter, détruire le bateau, et faire condamner le capitaine. C’est un signal fort pour montrer que la ZEE est bien surveillée. »
La prévention possède aussi une dominante sécurité maritime ; il faut participer à des exercices internationaux. En matière d’intervention, la mission principale porte sur un secours d’urgence sur le territoire national après un cyclone, par exemple, ou dans la zone de responsabilité (ZRP).
Les FANC pourraient aussi être amenées à une intervention militaire dans la ZRP, pour une évacuation de ressortissants (RESEVAC), mais aussi un conflit de frontières, etc.
La ZRP est caractérisée, explique-t-on à l’état-major des FANC, par de faibles menaces, mais de forts risques, principalement météorologiques. On peut, dès lors, se demander si, plutôt que de purs militaires (de la force opérationnelle terrestre), des militaires de profil sécurité civile (UIISC) ne seraient pas plus adaptés. Il est vrai que la récurrence des événements climatiques tendrait à le prouver : rien qu’en 2018, trois événements ont touché les Vanuatu (mai), les Tonga (février) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée (mars). Mais, en même temps, les militaires de la FOT présents rentabilisent largement leur présence par de l’aguerrissement et de l’entraînement – pas toujours possible, sous cette forme et ce volume, en métropole – dans un régime climatique particulier. Ils sont aussi à même de participer à des exercices internationaux avec des partenaires intéressants. Aguerrissement, entraînement, coopération internationale sont trois volets sur lesquels le chef d’état-major de l’Armée de terre veut insister encore un peu plus. Il est venu en personne dans la zone rencontrer ses homologues. Certains ont, il faut le rappeler, des matériels communs avec la France : l’Australie et la Nouvelle-Zélande emploient des hélicoptères NH90, et la première exploite en plus des Tigre.
En outre, les unités Marine et Air ont – on l’a déjà perçu – une dimension de service public, notamment en matière de sauvetage terrestre et maritime.
Armée de terre
Le principal pivot de la présence de l’Armée de terre est le RIMAP-NC, qui emploie 530 hommes et femmes, dont trois compagnies en tournante. C’est le commandement des forces terrestres (CFT) qui se charge de choisir les régiments de métropole qui fournissent le personnel. Au moment de notre reportage, c’était des unités de la 11e BP : 8e RPIMa, 2e REP, 17e RGP. Les compagnies se déploient en format nominal et non réduit (Proterre), comme c’est souvent le cas pour les forces de souveraineté. Dans les forces « voisines » de Polynésie, le déploiement se fait, par contre, en Proterre. Le régiment est commandé depuis cet été par le lieutenant-colonel Emmanuel Dubois, un ancien du régiment de marche du Tchad. Une compagnie est basée à Nandaï, et tout le reste dans la garnison de Plum. La 1re compagnie dite COMOTO ou compagnie d’infanterie motorisée était fournie par la 4e du 2e REP, lors de notre reportage. La 2e compagnie est interarmes et regroupait les éléments génie, essentiellement du 17e RGP, avec deux sections, et un peloton de reconnaissance et d’investigation (PRI) du 1er REC. La 3e compagnie est une compagnie d’infanterie parachutiste incarnée par le la 2e compagnie du 8e RPIMa.
Les deux compagnies permanentes sont celles de maintenance et de commandement qui peuvent être abondées par les GSBDD (groupements de soutien de base de défense) de métropole, en fonction des besoins. Le régiment détient aussi un centre d’instruction nautique commando (CINC) dans lequel les compagnies tournantes d’infanterie passent trois semaines, contre deux pour la compagnie interarmes. Il possède l’intérêt de pouvoir offrir la mer, une lagune et une mangrove. Sa base est implantée au pied de l’état-major des FANC à Nouméa. Les troupes étrangères de l’exercice Croix du Sud (voir RAIDS n°385) y sont passées, y compris un général américain.
Le RIMAP est aussi un facteur d’animation du territoire via les « tournées en province » : une section passe plusieurs jours dans une tribu pour améliorer les conditions de vie. 46 tournées ont été réalisées en 2017, et toutes les tribus de Nouvelle-Calédonie en ont bénéficié en sept ans. Les travaux peuvent être aussi bien de la maçonnerie que de la mécanique, en fonction des besoins. C’est « une expérience humaine très riche », résume-t-on à l’état-major des FANC.
« Le RIMAP est parfait pour les paras, car on a les parachutes et les avions. Certaines compagnies peuvent faire huit à dix sauts pendant leur passage, explique un officier du régiment. On a aussi de nombreux champs de tir à La Rivière des Pirogues. » Ces champs de tir peuvent accueillir des tirs de 12,7 mm et de missiles Eryx pour l’Armée de terre, et de canon de 20 mm pour les Puma de l’Armée de l’air.
« Mais il faut moderniser l’infrastructure des champs de tir », constate-t-il aussi.
La principale évolution d’équipement concernera l’arrivée de Ford Ranger achetés localement (et donc différents de ceux de métropole), et de Masstech.
« J’ai besoin de moyens de mobilité terrestre, confirme le général Thierry Marchand. Voyez avec le général Bosser, il a des idées pour valoriser encore ce qu’on fait déjà ici. C’est un formidable outil d’entraînement pour les unités légères. Nous n’avons pas de blindés, d’artillerie, mais un centre d’instruction nautique commando. Les FANC participent à la remontée en puissance de l’Armée de terre. On attend de voir aussi comment va évoluer notre relation avec l’Australie. Est-ce qu’on va monter en gamme ? Des NH90, j’en ai déjà ici en Australie et en Nouvelle-Zélande : les Puma vont disparaître. » Est-ce que, pour autant, l’Armée de terre en aura assez pour en baser en permanence ici, pour des missions assez éloignées du combat ?
Le COMSUP veut aussi valoriser la jeunesse locale. « Je suis venu ici comme sous-directeur recrutement il y a un an, car l’outre-mer est un réservoir insuffisamment mobilisé. Ici, le CIRFA [Centre d’information et de recrutement des forces armées] de l’Armée de terre recrute 180 candidats par an, on peut aller jusqu’à 250. J’avais déjà renforcé le CIRFA d’un sous-officier pour y arriver. La Nouvelle-Calédonie a une population qui constitue traditionnellement de bons soldats. Le souvenir du bataillon du Pacifique [qui a combattu dans la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale] est très présent. Une croix de Lorraine est placée sur la colline qui domine la ville. Ce qui est vrai pour les Calédoniens l’est aussi pour les Wallisiens et Futuniens. Là-bas, je suis le premier recruteur local, avec une cinquantaine de garçons et filles chaque année. En Polynésie, c’est aussi le cas. Par contre, contrairement à l’Armée de l’air ou la Marine, l’Armée de terre ne fait pas de recrutement local : ces jeunes partent directement pour les unités de métropole, c’est un choix qui avait été fait par le général Irastorza. Il faut que les jeunes quittent l’île pour se réaliser pleinement. »
« L’implantation récente de la Légion ici est liée au besoin de francophones. Quand j’ai commencé ma carrière à la Légion à la fin des années 80, il y avait 50 % de francophones, désormais ils ne sont plus que 10 %. La Légion ne pouvait pas rester passive face à cela, car l’apprentissage se fait par binômage, et une section ne peut pas être commandée si les ordres ne sont pas compris. Dans le Pacifique, l’éloignement était un frein évident au recrutement de la Légion. La Légion ne recrute pas encore, mais ce qui était bloquant, c’était le prix du billet d’avion pour aller se présenter au fort de Nogent. Désormais, les tests peuvent avoir lieu ici, et l’intégration militaire pourrait même se faire ici, le transport ne serait plus à leur charge puisqu’ils seraient légionnaires dès leur engagement ici. En outre, la Légion est une force de référence dans toute la région. »
SSA, SMA
Six médecins du Service de santé des armées (SSA) sont affectés au centre médical interarmes, dont une sur la base état-major de Nouméa, deux autres au service militaire adapté (SMA) et un sur le Vendémiaire.
Le régiment du service militaire adapté (RSMA-FANC) est implanté dans le nord de l’île, à Koumak (où se tenait l’essentiel de l’exercice Croix du Sud). Les stagiaires sont placés dans un lycée professionnel et encadrés par des militaires. Le spectre des formations couvre la restauration, le bâtiment, l’agriculture, en vue d’obtenir un CAP ou un BEP. Une forte minorité rejoint régulièrement la cohorte des candidats de l’Armée de terre, contrairement à ce qui peut se passer dans les autres RSMA. Le système est si populaire qu’une ⇐ troisième compagnie doit être créée, mais elle sera sans doute implantée au plus près des bassins de population de Nouméa.
Marine
La Marine emploie deux avions de surveillance maritime Guardian. Leur vitesse est de Mach 0,86 et leur endurance de 3 700 km. Le Guardian cherche des cibles, pour orienter l’action du patrouilleur P400 ou de la frégate.
La base navale dispose d’une frégate de surveillance, le Vendémiaire. Cette frégate déjà ancienne, construite sur des normes civiles, détient néanmoins un canon de 100 mm et met en œuvre une Alouette III (qui a connu un accident en début d’année). La base aligne aussi deux patrouilleurs légers P400, La Glorieuse et La Moqueuse. Ils sont vieillissants, et dès leur entrée en service, les P400 avaient connu des problèmes de disponibilité. A l’approche de leur fin de vie, le résultat n’est guère meilleur. Ils seront renouvelés par les patrouilleurs d’outre-mer (POM) de nouvelle génération qui arriveront dans la prochaine décennie. Les Néo-Calédoniens s’inquiètent néanmoins de la période de transition : le gouvernement a été interpellé sur ce sujet et le COMSUP garde un œil vigilant sur ce dossier. Un bâtiment multi-missions est aussi arrivé à Nouméa en 2017.
« La Marine nationale est en train de remodeler l’ensemble de sa flotte, analyse le général Marchand. On est au milieu du gué. Le séquencement des patrouilleurs d’outre-mer est un problème typique de la loi de programmation militaire. Plusieurs solutions sont possibles : prolonger les P400 en ramenant ici l’ensemble des pièces détachées, la mise en place de bateaux. Tout le monde est sensibilisé à la problématique, les autorités locales y sont sensibles, et moi je veille à entretenir la sensibilité à Paris. On ne peut pas rester longtemps sans ce type de bateau, ce qui arrivera vers 2020. Les P400 ont des problèmes de fiabilité, on arrive à l’heure du changement. Le Gardian est en fin de vie. Les Falcon 50 viendront à leur place quand ils seront en butée de vie. Ils ne sont pas très modernes, mais ici ce n’est pas le rail d’Ouessant. Il n’y a pas de très haute technologie embarquée, mais H24, j’ai une information claire sur tout ce qui se passe dans la ZEE.
« Dans le maritime, il faut traiter les patrouilleurs ; les Australiens ont lancé un programme vers tous les pays de la région pour les équiper. Dès cette année, Papouasie et Salomon auront des bateaux de nouvelle génération. On ne peut pas rester en dehors de ce renouvellement. Le renouvellement des Guardian doit intervenir, tout comme celui des P400, à l’échéance 2020-2021. »
Armée de l’air
Implantée sur l’aéroport international de La Tontouta (à une demi-heure de route de Nouméa), la base aérienne 186 « Paul Klein » (du nom d’un ancien officier parachutiste du Special Air Service de la Seconde Guerre mondiale) regroupe tous les moyens de l’Armée de l’air. L’escadron de transport 52 « Tontouta » dispose de deux avions Casa 235 pouvant porter 3 à 5 tonnes de fret. L’appareil peut, selon le chargement et les vents, rallier toutes les îles du Pacifique Sud, avec des ravitaillements le cas échéant. Il s’avère essentiel dans les missions humanitaires, malgré sa charge réduite. Car le corollaire est aussi une capacité à se poser sur des terrains relativement courts, interdits à de plus gros-porteurs. Il sert aussi bien au « paradropping » au profit du RIMAP, qu’à la surveillance maritime (malgré l’absence de capteurs spécialisés à bord) et à l’évacuation de malades dans toute la sous-région. Les trois Puma ont, eux aussi, cette dimension de service public, car ils sont utilisés aussi bien pour l’évacuation de patients que pour le sauvetage en mer ou à terre.
Les deux Puma peuvent servir à des missions plus guerrières grâce à leur canon de 20 mm, ⇐ mais, dans les faits, cette capacité sert surtout et avant tout, explique-t-on, à remettre en carte les personnels qui vont être affectés à Solenzara, avant des opex où la capacité canon serait requise. Le canon de 20 mm tire en latéral, en coordination avec l’équipage de conduite. Il est manié par un mécanicien navigant.
L’activité des Casa et des Puma est assez soutenue ; comme c’est aussi le cas sur une autre unité ultramarine, en Guyane. Par contre, l’escadron rencontre des problèmes manifestes de vieillissement de sa flotte, et les mécanos doivent mener un combat permanent pour la disponibilité, et donc la capacité à tenir les astreintes ; alors qu’un des trois appareils est souvent en visite technique planifiée.
« Dans les airs, il n’y aura pas de changement dans les cinq ans, annonce le COMSUP. Par contre, il faut préparer le coup suivant. Faut-il du NH90 ? Il y en a en Australie, en Nouvelle-Zélande, c’est le début d’un club des opérateurs de NH90. Pour ce qui est des avions, l’Armée de l’air reprend son organisation de transport avec l’A400M ; quand il aura passé sa crise de jeunesse, il faudra organiser des liaisons régulières. »
L’escadron de protection (EP) de la base dispose d’une vingtaine de fusiliers commandos de l’air, essentiellement des tournants. Pour les patrouilles, le personnel utilise des Land Rover Defender, des P4 (et même le vélo…). Mais « les patrouilles se font surtout à pied, pour plus de discrétion et permettre plus de capacités d’observation », explique le chef du détachement de protection. Des caméras implantées sur la base permettent d’avoir une vue sur ce qui se passe et la manière dont les fusiliers sont engagés. L’armement est assez basique, avec FAMAS et bâton télescopique (il faut être habilité pour pouvoir venir à La Tontouta). L’EP dispose aussi d’un calibre 12 pouvant tirer de la munition Gomm Cogne.
En cas d’émeute ou d’événement touchant à la sécurité de la base, la BA 186 aligne, comme toutes les bases aériennes, une compagnie « Eglantine », mobilisant des aviateurs non spécialisés regroupés dans un groupe d’autoprotection, disposant d’équipements de maintien de l’ordre (casque, protections pour le torse et les jambes, matraque). La compagnie peut recevoir le concours des pompiers qui peuvent disperser la manifestation avec leur camion. « Ici, nous sommes sous le régime de la légitime défense, explique le chef de détachement. On applique la gradation des forces. Les personnels sont bien entraînés, avec un tir toutes les six semaines. Au quotidien, l’EP mène un exercice d’intervention, mais le niveau de menace est faible ici. Nous demandons à nos personnels de l’honnêteté, car on travaille avec de l’armement. Il faut de la camaraderie aussi et un bon esprit de cohésion, car on est ensemble 24 heures sur 24. »
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Jean-Marc TANGUY
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