Du 15 septembre au 15 octobre 2017, quelque 800 militaires belges ont été déployés au Gabon pour un exercice, grandeur nature, d’aguerrissement en milieu tropical.

Entrer dans une zone par parachutage ou par atterrissage aérien rapide ; effectuer des opérations amphibies en mer ou sur rivière ; progresser dans la jungle et apprendre à y survivre ; organiser des ravitaillements par air pour les troupes déployées au sol : tel était le vaste programme de l’exercice Tropical Storm 2017. Organisé essentiellement par la brigade légère de l’armée belge en collaboration avec les autorités gabonaises, cet exercice s’est déroulé du 15 septembre au 15 octobre 2017, au Gabon, pays qui accueillait pour la deuxième fois depuis 2015 des militaires belges venus s’exercer aux opérations en climat tropical. Ainsi, durant un mois, quelque 800 Belges du 2e bataillon commando, du 3e bataillon parachutiste, du 4e bataillon de génie, du 11e bataillon de génie, du bataillon d’artillerie et du 12/13e de Ligne, ainsi que 200 militaires gabonais intégrés dans les compagnies belges, se sont exercés dans les environs de Libreville, Pointe Denis, Mouilla et Lambaréné. 

Des avions de transport (trois C-130) et des hélicoptères (deux Agusta A-109 et deux Caïman NH90) participaient également aux exercices en exécutant des vols de jour comme de nuit et à basse altitude. Environ 150 véhicules et 13 canots pneumatiques de type Zodiac étaient également de la partie. Le matériel fut acheminé au Gabon par voie maritime ; les hélicoptères sont arrivés par Antonov An-124. L’exercice a nécessité 10 000 rations de combat, 3 500 kg de munitions et 650 parachutes. 

Cet exercice au Gabon a vu le nouvel hélicoptère de l’armée belge, le Caïman NH90, effectuer son premier déploiement à l’étranger, en préparation d’une éventuelle mise en œuvre opérationnelle au Mali, sur décision politique, au premier, au premier trimestre 2018. La composante médicale était également présente avec deux Agusta A-109 médicalisés, afin de s’entraîner aux procédures spécialement mises en place sous les tropiques.

Visible également : un poste chirurgical baptisé Patient Transport Unit (PTU), dont l’armée belge a acquis deux exemplaires au prix unitaire de 800 000 euros, pour l’évacuation par les airs, depuis une zone de conflit, de patients nécessitant des soins intensifs. Le PTU, qui se présente comme une mini-installation de soins intensifs montée sur une palette, peut être embarqué dans la soute arrière d’un C-130 Hercules. Un C-130 peut en embarquer deux au maximum pour traiter autant de patients. Le PTU permet à une équipe médicale spécialement formée d’assurer le transfert ou le rapatriement d’un patient dans un état critique, tout en lui administrant les soins appropriés dans des circonstances médico-techniques de haute qualité. Lors de cet exercice, les patients qui nécessitaient un traitement urgent étaient acheminés au Kenya ou en Afrique du Sud.

Il est à remarquer que, durant ce mois passé au Gabon, des instructeurs belges ont formé des parachutistes gabonais, qui, à cette occasion, ont effectué leur premier saut depuis des C-130 belges. L’armée française et l’armée américaine assuraient un appui logistique en mettant à disposition des infrastructures à Libreville. L’armée française encadrait également les exercices de survie dans la forêt tropicale et dans les mangroves gabonaises depuis le Centre d’aguerrissement outre-mer et étranger (CAOME).

Un exercice de grande ampleur

Tropical Storm 2017 comprenait trois grandes opérations. La première, l’opération Atlantis, qui s’est jouée à Lambaréné, consistait à récupérer deux otages. L’exercice prévoyait une insertion tactique en hélicoptère, des mesures de diversion avec la destruction d’un centre de télécommunication, une opération amphibie et des actions synchronisées de nuit pour les militaires du 2 Codo et du 3 Para. La deuxième opération, Antares, avait pour objectif la capture d’un chef rebelle. L’intervention devait être ultrarapide. Elle a nécessité, au préalable, la récolte de renseignements détaillés. L’exfiltration du chef rebelle a été effectuée depuis un aéroport conquis auparavant par une autre compagnie.

La troisième opération se jouait au niveau bataillon, avec trois compagnies. Une compagnie avait pour mission une destruction logistique. Une autre devait se saisir d’un pont. Et pour la dernière compagnie, il s’agissait de capturer l’aéroport de Mouilla. Une phase d’acclimatation comprenait un atterrissage d’assaut en C-130 et du fast-roping depuis un hélicoptère. Puis chaque compagnie a suivi un entraînement de survie en jungle encadré par le CAOME français, durant deux jours et deux nuits. Quelque 200 militaires du 3 Para et 170 militaires du 2 Codo ont participé à cet exercice. 

Les participants étaient armés de SCAR, Minimi, P-90, MAG et pistolet Five-Seven (il n’y avait pas de Barrett ni de Spike ni de mortier). Selon les autorités militaires belges, le bilan de Tropical Storm est positif, malgré des conditions météo particulièrement difficiles en cette saison des pluies. Ainsi, plusieurs vols ont dû être annulés à cause de la tempête, mais aussi en raison de problèmes au niveau du trafic aérien. Enfin, les militaires belges connurent aussi quelques soucis techniques sur certains appareils, notamment une panne sur un des deux NH90 qui nécessita l’envoi d’une pièce de rechange depuis la Belgique.

On notera cependant que, pour leur première sortie en Afrique, les deux NH90 se sont particulièrement bien comportés. Les équipages n’ont rien eu à leur reprocher, si ce n’est le manque de fiabilité de l’intensificateur de lumière, dû à l’humidité ambiante au Gabon. Quant au weather radar de ces appareils, il s’est avéré très utile afin de contourner nombre d’orages tropicaux qui ont sévi au Gabon durant l’exercice.

Seule ombre au tableau : un manque flagrant de vols de nuit avec le NH90 durant cet exercice au Gabon, dû principalement au mauvais temps, aux nuages bas et au manque de visibilité. Côté bonne nouvelle, 15 tonnes de matériels divers furent transportées par un C-130 belge pour le contingent gabonais opérant à Bangui, en République centrafricaine.

Maîtriser la capacité opérationnelle des militaires en région tropicale est indispensable pour la Défense belge, qui doit pouvoir, si besoin, défendre les intérêts de la Belgique en Afrique centrale. D’où l’importance d’exercices de grande ampleur, in situ, comme Tropical Storm.

Des Pathfinders belges au Gabon

Une ou deux équipes de Pathfinders de l’armée belge ont participé à l’exercice Tropical Storm. Le peloton Pathfinder compte 35 hommes. Il est divisé en équipes de six para-commandos. 

Le Pathfinder belge est équipé de parachutes Multi Mission System (MMS). Ce type de parachute est également utilisé par les forces spéciales belges (lesquelles n’étaient pas présentes lors de cet exercice au Gabon). Les Pathfinders ont réalisé des sauts à 25 000 pieds (10 000 m) ainsi qu’à 6 500 pieds avec ouverture du parachute à 5 800 pieds. Les sauts étaient effectués avec 70 kg d’équipement ; une charge qui a pu leur paraître relativement légère, vu qu’ils revenaient d’un stage aux Etats-Unis où ils avaient dû effectuer des sauts avec 200 kg d’équipement. 

La tenue des Pathfinders, comme leur camouflage (Multicam slovène), est unique dans l’armée belge. Chacune de ces tenues est confectionnée sur mesure, par la société slovène UFPRO, suivant les recommandations de chaque Pathfinder : nombre de poches, ouverture tirette vers l’avant ou vers l’arrière, rembourrage spécifique aux endroits désirés, usage de Velcro ou non…

Notons que les Pathfinders belges paient eux-mêmes leur équipement : tenue, chaussures, brêlage, porte-chargeurs, gants, ceinturon, etc.

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