La polémique
Immédiatement, la polémique a été lancée sur l’utilité d’un tel mastodonte alors qu’il semble être très vulnérables aux armes modernes d’aujourd’hui (alors celles de demain…)
Il a aussi été mis en avant qu’il aurait été préférable de développer deux porte-avions plus petits ce qui permettrait d’avoir une permanence à la mer. Cette solution – qui serait hors de prix pour la France – ne permettrait pas d’éventuellement mettre en œuvre des appareils de plus de 32 tonnes comme des drones « loyal wingman » lourds.
Les responsables de l’armée de l’Air et de l’Espace et de l’Armée de terre voient d’un très mauvais œil tous les crédits qui vont leur échapper. C’est une vieille tradition française.
La menace des armes modernes pesant sur une escadre peut être contrée ?
Il est vrai qu’il existe déjà des missiles – sans parler des armes sous-marines – conçus pour ce type de cible, avec des portées allant jusqu’à 8.000 km, ce qui met d’ailleurs en danger n’importe quel grand navire.
Quelques observateurs estiment que dans ce contexte, les porte-avions renaissent comme des « atouts utiles » car tout missile antinavire à longue portée doit effectuer la phase initiale d’acquisition de cible soutenue par son « réseau de destruction », composé de satellites de reconnaissance, de radars transhorizon, d’avions de patrouille maritime et de drones de surveillance.
Loin des côtes, cette acquisition primaire est réalisée ou améliorée par des drones. Par exemple, les missiles chinois (la Chine sera peut-être l’ennemi conventionnel dans les années 2025) tels que le DF-17, DF-21D, DF-26 et DF-27 en plus de la phase de guidage initiale, dépendent fortement des mises à jour externes (satellites et drones) pour les corrections en cours de vol, même si ce dernier est court car la cible peut se déplacer sur des dizaines de kilomètres.
Une fois à proximité, ils utiliseront leurs propres capteurs embarqués tels que radar actif, optiques infrarouge et système de navigation inertielle.
Mais jusque-là, ils restent dépendants du guidage en milieu de trajectoire.
Les porte-avions peuvent alors jouer un rôle fondamental dans la protection d’escadres en soutenant des dizaines de drones HALE et MALE patrouillant sur des centaines de kilomètres et en empêchant les drones ennemis de mener des opérations de surveillance et d’acquisition de cibles.
Ces drones peuvent aussi interférer avec les satellites ennemis par le biais de la guerre électronique (GE), contribuant ainsi à assurer la sécurité de l’escadre en dégradant ou en bloquant les communications et les suivis orbitaux.
D’autres mesures seront complétées par les capacités de guerre électronique propres à l’escadre, mais le maintien de drones en vol pour perturber le réseau de destruction ennemi reste fondamental.
Sans porte-avions, ces drones ne peuvent pas couvrir la zone nécessaire de manière autonome.
L’évolution de la guerre navale
Mais la question essentielle reste : quelle sera l’utilité d’escadres en mer ? La Chine est intéressée dans le cadre de sa volonté de conquérir Taïwan ; les Américains veulent toujours avoir à disposition des forces projetables sur le globe. La Russie a, pour le moment, renoncé à ce concept.
La France, de par ses possessions ultramarines y voit un intérêt pour être capable de renouveler une opération de type « guerre des Malouines. »
Alors la stratégie employée consisterait à empêcher à d’adversaire de localiser et de cibler une escadre en mouvement vers la zone d’opérations.
Les difficultés de la stratégie militaire
La stratégie militaire n’est pas comme la politique : il convient de prévoir dans le temps long en essayant d’envisager ce qui pourrait se passer dans des années bien au-delà d’un mandat politique. Force est de constater que la France est réputée pour avoir toujours eu une « guerre de retard. »
Enfin, le volet financier est aussi extrêmement important. Il est vrai que les investissements consentis vont permettre de donner du travail au complexe militaro-industriel hexagonal tout en maintenant la technologie du « made in France » au plus haut niveau, mais le risque est qu’un gouffre financier ne soit désormais ouvert pour arriver à un résultat incertain.
Le pire serait que la construction soit abandonnée en cours de route, la perte serait alors très sèche.
En résumé, le porte-avions de par sa visibilité est avant tout une arme d’influence politique appréciée en temps de paix même durant une période un peu troublée.
En cas de guerre totale (le terme guerre de « haute intensité » est réservé aux spécialistes qui ne veulent pas trop effrayer les populations civiles), il est fort possible que le PA-NG sera trop encombrant pour être engagé significativement. Il risque de connaître le sort des cuirassés qui ont été relégués à un rôle secondaire à partir des années 1930…