
La Rosgvardia avait joué un rôle peu visible lors de ces évènements qui avaient débuté à Rostov-sur-le-Don. Zolotov a prétendu par la suite que ses unités s’étaient concentrées sur les approches de Moscou afin d’empêcher la prise de la capitale.
Mais il a fallu deux années pour que la Rosgvardia reçoive ses premiers équipements lourds. En effet, la priorité était d’abord accordée aux forces militaires engagées sur le terrain en Ukraine.
Zolotov a enfin pu annoncer le 11 septembre que la Garde nationale russe avait enfin réintroduit des unités de chars dans le cadre du renforcement plus large de son armement lourd.
Pour lui, la Rosgvardia a « considérablement » augmenté sa puissance de feu ; « pour la première fois, des chars et des canons antichars, de l’artillerie automotrice et des systèmes de lance-roquettes multiples ont été mis en service .»
La Rosgvardia

Le 5 avril 2016, le président Vladimir Poutine avait annoncé la création du Service fédéral des troupes de la garde nationale russe dépendant directement du Kremlin ainsi que la réorganisation des « troupes intérieures » du ministère russe de l’Intérieur en « troupes de la garde nationale de la fédération de Russie. » Les missions principales étaient la lutte contre le terrorisme et le crime organisé en liaison avec le ministère de l’intérieur.
La Rodvardia avait absorbé diverses institutions auparavant subordonnées au ministère de l’Intérieur (MVD) dont les « troupes intérieures », la police antiémeute de l’OMON et la police de réaction rapide de la SOBR.
Au départ, ces forces stationnées dans toute la Russie comptaient 340.000 militaires et civils. Les effectifs dépasseraient aujourd’hui les 370.000.
Alors qu’elles faisaient partie du MVD, les troupes intérieures avaient initialement quelques chars T-62 et PT-76 qui avaient été engagés en Tchétchénie. Mais ces matériels avaient été reversés à l’armée régulière en 2006.
Par contre,, elles avaient conservé des véhicules blindés de transport de troupes BTR-80/82A(M), des VCI BMP-2 et des véhicules légèrement blindés tels que les Patrul-A, Tigr-M et Ural-VV.



En Ukraine, Moscou a engagé la Rosgvardia avec pour mission d’assurer la sécurité sur les arrières et dans les villes occupées.
Le général d’armée Viktor Zolotov

Viktor Zolotov est considéré comme l’un des fidèles parmi les fidèles de Vladimir Poutine.
Il s’est d’abord engagé dans les gardes-frontières qui dépendant du KGB sous l’URSS.
En 1991, il a rejoint le service de protection fédéral (FPO) qui assurait la sécurité de hautes personnalités. Il a notamment été attaché à la sécurité de Boris Eltsine puis à la mairie de St-Petersburg où il a connu Vladimir Poutine qui était l’adjoint du maire Anatoly Sobchak. Il a noué des liens avec Zolotov sur le tatami.
De 2000 à 2013, Zolotov a assuré la sécurité du Premier ministre puis président Poutine. Affecté ensuite aux « troupes intérieures », il a été nommé chef de la Rodvardia à sa création en avril 2016 tout en étant désigné membre du Conseil de sécurité.
En avril 2018, les États-Unis l’ont placé sous sanctions. Il avait attiré l’attention avec un message vidéo dans lequel il menaçait l’opposant Alexeï Navalny qui avait dénoncé la corruption régnant au sein de la Garde nationale. Curieux hasard, un proche de Zolotov était devenu le seul fournisseur de produits alimentaires de la Garde nationale et certains des prix d’achat avaient très fortement augmenté.
Suite à l’incarcération de Navalny en 2021, l’Union européenne l’a à son tour sanctionné.
La Garde nationale qui assure la sécurité à l’intérieur du territoire russe et derrières les lignes sur le front ukrainien est un élément vital pour le Kremlin. Peut-être plus que la chevauchée de la SMP Wagner, l’expérience de l’offensive de l’oblast de Koursk et terminée en septembre débutée le 6 août 2024 et jugulée en avril 2025 a servi.
C’est en grande partie sur la Garde nationale que repose la sécurité intérieure même si elle n’a pas les compétences pour la défense aérienne et maritime de plus en plus engagée dans la lutte contres les drones qui pénètrent de plus en plus profondément en Russie. La prochaine menace devrait être celle des missiles balistiques(1)…
(1) Voir : « Le missile Flamingo, la nouvelle arme miracle de l’Ukraine ? » du 25 août 2025.