Alors qu’un deuxième round de négociations doit débuter le 2 juin à Istanbul entre des délégations russes et ukrainiens, les services de sécurité de Kiev ont frappé fort la veille en Russie.

Il faut dire que la Russie avait lancée la veille une vague de 472 drones et sept missiles sur l’Ukraine ; un record. Kiev a dit en avoir neutralisé 385.

Le 1er juin, un missile russe a aussi ciblé un centre d’entrainement ukrainien tuant douze militaire et en en blessant 60 ce qui a entraîné la démission du général Mykhaïlo Drpaty, le commandant des forces terrestres qui a assumé sa responsabilité dans ce drame.

L’opération spéciale ukrainienne « toile d’araignée »

Les services secrets ukrainiens ont attaqué le 1er juin cinq bases aériennes russes – Belaya, Diaghilevo, Ivono Severny, Olenya et Ukrainka – sur lesquelles étaient stationnés de nombreux avions dont des bombardiers stratégiques.

elon les déclarations de Kiev, cette opération de grande ampleur baptisée « toile d’araignée » était préparée depuis 18 mois.

Elle consistait à introduire des drones explosifs dissimulés dans le plafond de containers eux-mêmes chargés sur des plateformes de semi-remorques. Les panneaux des toits de ces containers étaient escamotables permettant à 117 drones de s’envoler.

Les camions ont été acheminés à proximité des objectifs qui leur avaient été fixés.

Au moment du lancement de l’attaque, les panneaux de toit des hangars ont été soulevés par un mécanisme actionné à distance.

Un responsable ukrainien a déclaré qu’un total de 41 avions de combat russes avaient été touchés.

Des vidéos et des photos non vérifiées publiées sur les réseaux sociaux russes montrent des bombardiers stratégiques russes en feu sur la base aérienne de Belaya, dans la région d’Irkoutsk en Sibérie.

Cette attaque en Sibérie est la première qui a lieu si loin des lignes de front qui se trouvent à plus de 4.300 km de là.

L’opération était directement supervisée par le président ukrainien Volodymyr Zelenski et Vasyl Maliouk, chef du SBU, l’agence de sécurité intérieure.

Ces frappes constituent l’attaque de drones ukrainiens la plus dévastatrice de la guerre constitue un vrai revers pour Moscou.

Parmi les appareils atteints, des A-50, Tu-95 et Tu-22M.

Moscou a déjà utilisé des bombardiers Tupolev Tu-95 et Tu-22 pour lancer des missiles en Ukraine, tandis que les A-50 sont des appareils d’alerte avancée qui peuvent détecter les défenses aériennes adverses et des objets volants (avions, missiles, etc.)

Toutefois, si le ministère russe de la Défense a bien confirmé les frappes, il affirme de son côté que les Ukrainiens n’ont réussi à toucher que les bases d’Olenya et de Belaya. Les attaques à Ivanovo, Diaghilevo, Ivono Severny et Ukrainka auraient été repoussées.
Moscou ne reconnaît « que » cinq Tu-95MS et un AN-12 détruits.

Des explosions et des images de fumées ont bien été signalées dans les directions d’Ivanovo et de Diaghilovo, mais il est possible qu’elles proviennent de drones abattus.

Même si le nombre final de cibles détruites est inférieur à celui avancé par Kiev, cette opération a été très réussie et rentable, frappant la Russie dans la profondeur. Par conséquent, Moscou va être contraint de s’adapter à un éventail encore plus large de menaces de drones sur l’ensemble du territoire.

Des ponts sabotés à l’explosif

Parallèlement, dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2025, un pont routier et un pont ferroviaire de l’oblast de Briansk ont été sabotés à l’explosif.

Le pont de l’oblast de Briansk a été détruit près du village de Vygonichi vers 22h41, heure de Moscou, alors qu’un train de voyageurs circulant sur la ligne Klimov-Moscou s’approchait du pont. Le train a percuté les débris puis a déraillé provoquant la mort de sept personne tandis que 70 autres étaient blessées.
À la différence des attaques de bases aériennes, il n’y a pas eu de revendication.

Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit d’un sabotage à l’explosif.

Moscou a déclaré avoir abattu 162 drones ukrainiens dans la nuit du 1er au 2 juin…

Depuis le début de la guerre, les services secrets ukrainiens ont démontré leur efficacité. De nombreuses opérations « homo » ont eu lieu jusqu’à Moscou(1) et des sabotages de voies ferrées ont également été signalés. Même s’ils sont considérablement aidés par leurs homologues occidentaux – surtout en matière de renseignement et de formation -, ce sont des opérateurs des services ukrainiens (jusqu’à preuve du contraire) qui sont sur le terrain qui prennent tous les risques…

(1) Voir : « Assassin d’un officier général russe à Moscou arrêté ? » du 29 avril 2025