Les forces armées indiennes ont tenu une conférence de presse le 11 mai, un jour après la cessation des hostilités entre l'Inde et le Pakistan, afin de fournir les principaux détails de l'opération Sindoor. La réunion d'information a été conduite par le général de corps d'armée Rajiv Ghai, le maréchal A.K. Bharti de l'armée de l'air et vice-amiral A.N. Pramod de la marine.

Ils ont expliqué qu’Abdul Rauf Azhar, un commandant pakistanais du Jaysh-e-Muhammad (JeM) qui en avait pris la direction officielle après que son leader et frère Masood Azhar soit entré dans la clandestinité (bien qu’officiellement interdit, le JeM n’est pas considéré comme une organisation terroriste au Pakistan), a été tué le 7 mai 2025, pendant les affrontements qui sont survenus entre l’Inde et le Pakistan suite à l’attaque terroriste menée au Cachemire indien le 22 avril 2025 vraisemblablement menée par le Lashkar-e-Taiba (LeT) qui a fait 26 morts(1).

Il aurait trouvé la mort à Bahawalpour au Pakistan lors de bombardements dans le cadre de l’opération Sindoor.

Opérations indienne « Sindoor » et pakistanaise « Bunyan al-Markus »

Le 7 mai 2025, l’Inde a lancé des frappes de missiles sur le Pakistan, sous le nom de code Opération Sindoor en réponse à l’attaque de Pahalgam du 22 avril par des militants au Cachemire sous administration indienne(1). Selon l’Inde, les frappes de missiles ont ciblé les camps et les infrastructures des groupes militants Jaish-e-Mohammed et Lashkar-e-Taiba mais aucune installation militaire pakistanaise. Selon le Pakistan, les frappes indiennes ont visé des zones civiles, notamment des mosquées, tuant 31 civils pakistanais. À la suite de ces frappes, des accrochages frontaliers et des frappes de drones ont eu lieu entre les deux pays. Le 10 mai, le Pakistan a lancé l’opération Bunyan al-Markus ciblant plusieurs bases militaires indiennes. En retour, l’Inde a poursuivi l’opération Sindoor, en visant cette fois des installations militaires pakistanaises. Ce conflit a marqué la première bataille de drones entre les deux nations dotées de l’arme nucléaire.

Après trois jours de conflit, un cessez-le-feu a été signé le 10 mai et des pourparlers doivent débuter le 12 mai. Les deux pays se sont mutuellement accusés d’avoir violé l’accord de cessez-le-feu.

Qui était Abdul Rauf Azhar ?

Abdul Rauf Azhar était la personne la plus recherchée en Inde en raison de ses activités terroristes.

Il avait été impliqué dans le détournement le 24 décembre 1999 du vol 814 d’Indian Airlines avec l’aide des talibans pour obtenir la libération de 36 islamistes-jihadistes détenus en prison en Inde. La prise des otages a duré sept jours et avait pris fin après que l’Inde ait accepté de libérer trois jihadistes sur 36 : son frère aîné Masood Azhar et des jihadistes comme Ahmed Omar Saeed (qui sera plus tard un des assassins du journaliste américain Daniel Pearl) et Mushraq Ahmed, un instructeur.

En 2000, les jihadistes ont formé le Jash-e-Muhammad (JeM) et ont été impliqués dans d’autres actions violentes.
. L’attaque du parlement indien le 13 décembre 2001 au cours de laquelle 5 terroristes et 9 fonctionnaires ont été tués.

L’enlèvement et l’assassinat de Daniel Pearl le 1er février 2002. Sa décapitation a été la première à être diffusée publiquement, méthode reprise ultérieurement par Daech.

Les attaque du 26 au 29 novembre 2008 à de Mumbai (Bombay) qui ont fait 175 morts dont 9 terroristes et 308 blessés ;

Du 2 au 5 janvier 2016, l’attaque de Pathankot dont le bilan a été de 12 morts dont 4 terroristes et 25 blessés.

Enfin, l’attaque à la bombe contre un bus militaire à Pulwama le 14 février 2019 : 46 morts dont un kamikaze et 35 blessés.

Le 2 décembre 2010, Washington avait désigné Abdul Rauf Azhar comme terroriste.

Il aurait maintenu des liens solides avec les talibans, Al-Qaida, le Lashkar-e-Taiba (LeT), le réseau Haqqani, partageant leurs camps d’entraînement en Afghanistan et échangeant des renseignements, des activités de formation et des activités de coordination.
Azhar avait aussi des contacts avec les partis politiques religieux pakistanais et le Conseil de Difa-e-Pakistan (DeP), une coalition de partis et d’organisations religieuses et nationalistes anti-occidentales au Pakistan, y compris avec le Conseil du Jihad Muttahida (MJC) parrainé par l’Inter-Services Intelligence (ISI).

1. Voir : « Inde – Pakistan : au bord de la catastrophe ? » du 28 avril 2025.