Cela laisse à penser qu’une importante opération militaire est en préparation. La publicité qui est faite autour de cette manœuvre est une sorte d’avertissement lancé à l’Iran qui est considéré comme le principal soutien – et vraisemblablement le donneur d’ordres – des rebelles yéménites houthis qui ont repris leurs bombardements contre Israël et des navires croisant en mer Rouge(1).
Ce renforcement fait aussi suite à l’entrée en fonction du président Donald Trump en janvier.
Diego Garcia, une île de l’océan Indien sous contrôle britannique, a longtemps servi de plateforme de départ pour les bombardiers stratégiques américains et leurs missions de frappe à longues distances. La base a joué un rôle crucial dans les opérations menées par les États-Unis pendant la guerre du Golfe, les guerres d’Irak et celle d’Afghanistan. Plus généralement, elle a été utilisée pour mener des frappes aériennes au Moyen-Orient et en Asie du Sud.

Au moins cinq bombardiers furtifs B-2 Spirit et sept avions de transport C-17A Globemaster III seraient arrivés sur la base de l’océan Indien.
Ce renforcement intervient après que le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, ait confirmé le 23 mars que Washington poursuivrait ses attaques contre les Houthis du Yémen jusqu’à ce qu’ils cessent leurs attaques contre les navires commerciaux et militaires en mer Rouge.
De source houthie, les premiers bombardements US auraient fait au moins 53 morts, marquant une escalade significative du conflit.
Un responsable américain a récemment déclaré aux journalistes que la campagne contre les Houthis pourrait durer des semaines, ce qui a suscité des spéculations selon lesquelles le déploiement de bombardiers B-2 à Diego Garcia préfigure une expansion potentielle des opérations aériennes. Mais globalement, ce déploiement semble bien plus important que celui nécessaire pour des frappes contre les Houthis au Yémen.
En effet, il convient d’analyser les moyens alignés dans leur ensemble.
Selon le site OSINT IntelFrog, au moins 18 avions ravitailleurs KC-135 de l’US Air Force ont été répartis sur différents site du Pacifique depuis la base aérienne de Travis (Californie), de l’aéroport international Daniel K. Inouye (Hawaï) et de la base aérienne d’Andersen (Guam). La présence simultanée d’un si grand nombre d’avions ravitailleurs sur plusieurs bases suggère le prépositionnement de moyens de ravitaillement aérien, une étape nécessaire avant toute opération aérienne de grande envergure.
Parallèlement, sept avions de transport C-17A Globemaster III ont été observés à l’arrivée à Diego Garcia au cours des derniers jours, ce qui suggère le transport de personnel, de fournitures et potentiellement de munitions en soutien au déploiement des bombardiers.
Officiellement, Washington a annoncé l’arrivée de deux B-2 « Spirit » de la 509e escadre de bombardement de la base aérienne de Whiteman, dans le Missouri mais en réalité jusqu’à cinq appareils seraient arrivés.
Déjà à la mi-octobre 2024, des B-2A venant de la base aérienne RAAF de Tindal au nord de l’Australie avaient mené des frappes contre des installations de stockage d’armes au Yémen y compris contre des installations souterraines employées par les Houthis
Pour mémoire, le Northrop B-2 Spirit est un bombardier stratégique lourd furtif construit entre 1987 et 2000.
En 2024, l’US Air Force en comptait encore dix-neuf opérationnels. Ils devraient rester en service jusqu’en 2032 et remplacés par le Norhrop Grumman B-21 Raider.
Le B-2 est capable de transporter 18 tonnes de munitions nucléaire ou conventionnelles.
Parmi ces dernières, on trouve les bombes Mk-82 et Mk-84, GBU-31, des munitions CBU 87, des mines GATOR, des bombes CBU-97 et les MOP GBU-57 (Massive Orrnance Penetrator) de 14 tonnes, la bombe planante AGM-154 et le missile de croisière AGM-158.
Renforcement naval au début avril

Parallèlement, le secrétaire à la Défense américain Pete Hegseth a ordonné a ordonné à l’USS Carl Vinson et à son groupe (CSG-1) qui opèrent dans le Pacifique de se diriger vers le Moyen-Orient, ce qui prolongera son déploiement de trois mois.
Déjà sur place, l’USS Harry S. Truman et le CSG 8 voit son séjour prolongé d’au moins un mois supplémentaire.
Ce sera la deuxième fois en six mois que les États-Unis ont deux groupes aéronavals dans cette région (il n’y en a habituellement qu’un).

Si l’on regroupe toutes ces informations, cela permet de constater que les Etats-Unis bénéficieront d’une force de frappe inégalée au Proche-Orient durant tout le mois d’avril…
(1) Proche Orient : les affrontements ont repris du 20 mars 2025