Les médias libanais ont rapporté que le 1er novembre vers 04 h 00 du matin, plus de 25 membres des forces spéciales israéliennes avaient attaqué un immeuble sur la côte de Batroun, au sud de Tripoli. Israël a confirmé par la suite. Ce raid très audacieux a eu lieu à environ 140 kilomètres au nord de la frontière maritime d'Israël avec le Liban.
Venus par la mer, les commandos ont kidnappé le citoyen libanais Hezbollah Imad Fadel Amhaz présenté comme un « responsable du Hezbollah » avant de repartir par la même voie.
Selon un journaliste du site web américain Axios : « les Navy SEALs israéliens ont capturé hier soir Imad Fadel Amhaz, présenté comme un membre haut placé de la force navale du Hezbollah lors d’une opération dans le nord du Liban. Amhaz a été arrêté afin de l’interroger et d’en savoir plus sur les opérations navales du Hezbollah ».
Cette opération interroge car les Israéliens liquident généralement les activistes qui les importunent mais ne prennent pas des risques inconsidérés. Dans ce cas, il est possible que ce quidam détiendrait de nombreuses informations qui intéressent au plus haut point le renseignement israélien. D’ailleurs, il aurait été remis à l’unité 504 qui a en charge l’interrogatoire des prisonniers de Tsahal.
Qui est Imad Fadel Amhaz ?
S’adressant à la station locale Al Jadeed News, Ali Hamie, ministre libanais des Travaux publics et des Transports a affirmé qu’Amhaz est un officier de la marine marchande et qu’il suivait un stage de formation dans un institut naval civil. Le grade arboré sur les photos est celui de premier officier de pont (ou second capitaine) de la marine marchande.
Il était donc stagiaire depuis 2023 à l’Institut des sciences maritimes et technologiques (Marsati), une institution privée ayant pignon sur rue qui n’est affiliée à aucune agence gouvernementale libanaise. Marsati dispense des formations et délivre des certifications couvrant différents grades et rangs à bord des navires de commerce.
Il est marié et père de trois enfants.
Le motif de son enlèvement pourrait être lié à son rôle présumé d’agent du Hezbollah supervisant la contrebande d’armes et d’équipements de précision à destination et en provenance du Liban par voie maritime. Ce rôle signifierait qu’il serait détenteur d’informations précieuses sur les réseaux de contrebande et leurs acteurs.
Qui est intervenu ?
Bien normalement, les autorités israéliennes communiquent peu le ce raid. Mais il semble confirmé que le Shayetet 13 (la 13ème flottille) de la Marine israélienne qui est l’une des trois principales unités de Tsahal ait été à la manœuvre. En effet, elle est spécialisée – entre autres – dans les incursions terrestres par la mer, l’exécution d’opérations spéciales et la guerre non conventionnelle…
Si l’action est stupéfiante d’efficacité, le mérite en revient aussi aux services de renseignement israéliens qui semblent être comme chez eux au Liban. Ce sont eux qui ont détecté la cible puis l’ont localisé dans le temps et dans l’espace avec une précision extrême. La rumeur court qu’Amhaz était attablé avec des autres stagiaires dans l’appartement qu’il avait loué pour son séjour. Les commandos ont pénétré en douceur dans la pièce, lui ont demandé de les suivre et ordonné en libanais aux autres personnes de ne pas bouger… Ils sont repartis rapidement mais sans précipitation ni coup de feu.
Selon Beyrouth, cette opération a été menée avec un certain niveau de coordination avec les forces navales allemandes opérant sous la FINUL, ce qui a été formellement démenti. À noter que l’Allemagne participe à la FINUL depuis 2006, sa mission étant d’endiguer le trafic d’armes par voie maritime et permettre aux forces armées libanaises d’assurer elles-mêmes la surveillance de leurs côtes. Il semble évident qu’elle n’a pas appuyé ce raid mais il est possible qu’elle ait regardé ailleurs…
Tsashal aurait mené une opération similaire en Syrie en juillet ?
Ce ne serait pas la première opération de ce genre effectuée récemment. En effet, l’armée israélienne a révélé le 3 novembre avoir mené un raid terrestre en Syrie capturant un citoyen syrien appartenant à des « réseaux iraniens ».
C’est la première fois dans le conflit actuel au Moyen-Orient qu’Israël reconnaît l’envoi de troupes en Syrie. En l’occurrence ce serait l’unité des forces spéciales « Egoz » appuyée par l’unité 504 (voir plus-avant) sous le commandement de la 210ème division territoriale « Bashan » du Commandement nord des Forces de défense qui serait intervenue dans cette affaire.
L’armée n’a pas précisé où et quand cette action commando avait eu lieu mais l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) basé au Royaume-Uni avait déjà signalé en juillet 2024 un incident au cours duquel les forces israéliennes avaient arrêté un Syrien près du village d’Al-Razatiya dans la région de Qouneitra qui jouxte la partie occupée du plateau du Golan.
L’OSDH avait précisé que l’homme, qui travaillait comme chauffeur, aurait été emmené par les forces israéliennes qui ont traversé la frontière pour l’arrêter, puis exfiltré vers Israël. Trois véhicules accompagnés d’un blindé auraient participé à cette opération.
Selon Israël, l’homme arrêté s’appellerait Ali Soleiman al-Assi et vivait dans la région de Saida dans le sud de la Syrie. Il aurait été placé sous surveillance depuis plusieurs mois et serait impliqué dans des projets d’attaques iraniennes visant des zones du plateau du Golan.
Contexte
Les attaques contre le nord d’Israël depuis octobre 2023 ont entraîné la mort de 39 civils. En outre, 61 soldats et réservistes de Tsahal ont péri dans des escarmouches transfrontalières et dans l’opération terrestre qui a suivi fin septembre. Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone depuis l’Irak, et plusieurs tirs ont également eu lieu depuis la Syrie sans dommages.
L’armée israélienne estime que plus de 2.000 membres du Hezbollah ont été tués dans le conflit.
Une centaine de membres d’autres groupes terroristes, ainsi que des centaines de civils, auraient également été tués au Liban.
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