Grande Bretagne
En faisant sa mise à jour annuelle concernant les menaces de sécurité auxquelles le Royaume-Uni est confronté, Sir Ken McCallum, le directeur du MI5 depuis 2020 (et agent de ce service depuis vingt ans) a déclaré que des agents du GRU avaient lancé « des attaques, des sabotages les plus dangereux avec une témérité croissante » en Grande-Bretagne depuis que le Royaume-Uni avait soutenu l’Ukraine, même avant le déclenchement de l’invasion 2022.
Il affirme : « nous sommes maintenant confrontés à des donneurs d’ordres de complots d’assassinats et de sabotages soutenus par un État [la Russie] dans le contexte d’une grande guerre terrestre européenne ».
En réponse, grâce à la coopération internationale, plus de 750 diplomates russes ont été expulsés d’Europe depuis 2022.
Cela a affecté la capacité d’action des services de renseignement russes d’autant que de nombreux visas diplomatiques ont en plus été refusés à ceux que la Grande-Bretagne et ses alliés considéraient comme des « espions ».
Mais les acteurs étatiques russes se alors sont tournés vers des sous-traitants tels que des agents de renseignement privés et des criminels pour faire « leur sale boulot ». Cela a affecté le professionnalisme des opérations menées et les a rendues plus faciles à les déjouer.
La Grande-Bretagne est en lutte ouverte contre l’espionnage soviétique puis russe depuis la Deuxième Guerre mondiale, Londres n’ayant jamais pardonné les grandes campagnes de recrutement d’espions au sein de la bonne société universitaire (voir l’« Affaire des cinq de Cambridge »). Même la chute de l’URSS n’a pas fait diminuer la pression chez les Anglo-saxons où la guerre secrète s’est poursuivie – particulièrement avec la traque menée par les services secrets russes contre les opposants au Kremlin réfugiés en Grande-Bretagne -.
Pour McCallum, au cours de la même période, le MI5 aurait eu également à faire face à vingt complots soutenus par l’Iran (l’inimité entre Téhéran – même du temps du Shah – et Londres est également historique…).
Toutefois, il a reconnu que les menaces les plus importantes venaient toujours de l’extrémisme islamiste (sunnite) suivi par un terrorisme d’extrême droite.
En ce qui concerne l’Iran, il a déclaré que depuis la mort en détention de Mahsa Amini en détention en Iran 2022 pour avoir prétendument enfreint la loi sur le port « règlementaire » du voile « nous avons eu à faire face à complot après complot ici au Royaume-Uni, à un rythme et une échelle sans précédent ».
Il estime que les jeunes sont de plus en plus attirés par l’extrémisme en ligne, 13 % de ceux ayant fait l’objet d’une enquête dans le cadre de l’antiterrorisme ayant moins de 18 ans. Une forte proportion de la menace est constituée par « des individus solitaires endoctrinés en ligne ». Ce phénomène n’est évidement pas particulier à la Grande-Bretagne mais se retrouve dans toute l’Europe.
Globalement, depuis 2017, 43 tentatives de « meurtres de masse » avec usage d’armes à feu et des explosifs ont été déjouées au Royaume-Uni.
L’antiterrorisme concernerait « 75 % de cas d’extrémisme islamiste et 25 % de terrorisme d’extrême droite ». Mais il y aurait un « éventail extraordinaires de croyances et d’idéologies » qui motivent les personnes tentées de passer à l’action.
Parlant de la Chine, il a déclaré que le Parti communiste chinois (PCC) avait un programme pour voler des données et des informations et « nous avons vu 20.000 approches de personnes par la Chine » mais il s’agit là d’espionnage « classique » et majoritairement sans violence.
États-Unis
Le ministère américain de la Justice a arrêté un homme qui planifiait un attentat le jour des élections au nom du groupe État Islamique (Daech).
Le suspect, Nasir Ahmad Tawhedi, 27 ans, est un citoyen afghan résidant à Oklahoma City.
Il est arrivé aux États-Unis en septembre 2021 avec un visa d’immigrant spécial avec sa femme et son jeune enfant.
Le directeur du FBI, Christopher Wray, a déclaré dans un communiqué : « ce prévenu, motivé par l’EI, aurait conspiré pour commettre une attaque violente le jour des élections, ici sur notre territoire ». Il a précisé qu’il tentait de stocker des armes à feu et avait pris des mesures pour liquider les biens de sa famille et la relocaliser à l’étranger.
Tawhedi aurait préparé son affaire avec un co-conspirateur anonyme qui serait un mineur membre de sa famille.
Les enquêteurs fédéraux ont découvert que Tawhedi avait cherché à se brancher sur des caméras de surveillance à Washington, en particulier sur les webcams montrant la Maison Blanche et le Washington Monument.
Il aurait également fait des recherches sur les États où les lois sur les armes à feu sont plus laxistes.
Le 7 octobre, lui et son co-conspirateur ont rencontré des agents du FBI agissant sous couverture afin de leur acheter des armes et des munitions. Ils ont été arrêtés au moment de la transaction.
Ce procédé légal aux États-Unis – mais considéré en Europe comme des « provocations » n’ayant pas de légalité juridique – a permis de mettre derrière les barreaux de nombreux aspirants au terrorisme.
Tawhedi a confirmé qu’il avait planifié une attaque le jour des élections qui ciblerait « de grands rassemblements de personnes » et qu’il prévoyait de mourir en la perpétrant. Le « martyre » reste l’objectif à atteindre pour les salafistes-jihadistes les plus convaincus…
France
Trois individus ont été interpelés le 7 octobre matin à Toulouse et à Fronton (Haute-Garonne) par des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), appuyés par le Raid. Une enquête avait été ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat) à la suite de renseignements fournis par le renseignement territorial .
Le Pnat a précisé que les trois hommes, dont deux frères, sont âgés de 20 à 31 ans.
Ils sont accusés de « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes ».
Les investigations «débutent» et doivent notamment permettre de préciser «les contours» du «projet d’action violente», a encore indiqué le Pnat.
Leur garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures.
Tous ces faits divers ne sont que la surface émergée de l’iceberg. Le danger est là, bien présent, et tout peut se déclencher du jour au lendemain.