Le lieutenant-général. Herzi Halevi, chef d'état-major des Forces de défense israéliennes (FDI) de déclaré le 5 décembre que ses troupes sont entrées dans la « troisième phase » des opérations terrestres et « entourent maintenant la région de Khan Yunès dans le sud de la bande de Gaza ».
Il a ajouté : « ceux qui pensaient que les FDI ne savaient pas comment renouveler les combats après la pause se sont trompés, et le Hamas le ressent déjà. De nombreux agents du Hamas, y compris des commandants de haut niveau, ont été éliminés ces derniers jours […] les FDI opèrent de manière professionnelle; évacuant la population des zones de combat; ciblant le Hamas depuis le ciel et en sous-sol avec des frappes combinées depuis l’air, la mer et le sol ».
Il a précisé : « les FDI ont mené diverses manœuvres pour pénétrer à Khan Yunès. Simultanément, elles ont envahi Khan Yunès par l’est, de sorte que le Hamas devrait se battre sur plusieurs fronts. Une force massive de plusieurs brigades, y compris de la division 162, a été jetée dans la bataille pour prendre le contrôle de la ville la plus cruciale du Hamas dans le sud de Gaza »
Le 2 décembre, le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, avait averti l’État hébreu que l’incapacité à protéger les civils pourrait avoir des conséquences dangereuses non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens. Pour lui, « la leçon n’est donc pas que vous pouvez gagner dans la guerre urbaine en protégeant les civils […] la leçon est que vous ne pouvez gagner dans la guerre urbaine qu’en protégeant les civils. Vous voyez, dans ce genre de combat, le centre de gravité est la population civile. Et si vous les poussez dans les bras de l’ennemi, vous remplacez une victoire tactique par une défaite stratégique ».
Nord de Gaza
Pendant ce temps, les FDI ont poursuivi leurs opérations dans le nord en affirmant qu’elles avaient visé « l’infrastructure militaire supplémentaire du Hamas » dans la région du camp de Al-Shati.
Selon Tsahal, « le Hamas utilise des infrastructures civiles telles que des écoles et des bâtiments civils pour lancer des roquettes, stocker des armes et mener des attaques contre les FDI […] Ce n’est qu’un exemple de la méthode opérationnelle plus large utilisée par le Hamas dans Al-Shati et dans d’autres domaines. Il reflète la tactique de combat du Hamas dans toute la bande ; en utilisant des bâtiments et des infrastructures civils à des fins terroristes, le Hamas continue de mettre en danger la vie et la sécurité des civils de Gaza (1) ».
Afin de venir à bout des combattants retranchés dans les tunnels (le Hamas a reconnu implicitement que ces derniers étaient « réservés » à ses activistes et pas aux civils), les Israéliens les noient les uns après les autres avec de l’eau de mer. 800 auraient été identifiés jusqu’à présent.
Bilans
Selon les chiffres du Ministère de la santé de Gaza cité par les Nations Unies le 5 décembre à ce jour, près de 16.000 Palestiniens ont été tués et plus de 41.000 blessés. En outre, plus de 46.000 logements ont été détruits à Gaza pendant les bombardements israéliens et plus de 1,87 million de Palestiniens ont été déplacés.
Selon le Times of Israël, les FDI estiment qu’environ deux civils avaient été tués pour chaque combattant du Hamas neutralisé dans la bande de Gaza. Les FDI auraient déployé des logiciels de cartographie de haute technologie pour tenter de réduire les pertes civiles.
Interrogés sur les informations diffusées par les médias selon lesquelles 5.000 combattants du Hamas avaient été tués, un haut responsable israélien a déclaré aux journalistes lors d’un exposé : « Les chiffres sont plus ou moins corrects ». Selon cette déclaration, il est aisé de déduire que s’il y a eu 5.000 combattants neutralisés et que cela a provoqué le double de tués civils, le chiffre de 10.000 est atteint donc un total de 15.000 morts ce qui rejoint presque l’estimation du Ministère de la santé de Gaza…
En ce qui concerne les pertes israéliennes, le Hamas déclare : « Nous n’avons compté la destruction totale ou partielle de 24 véhicules militaires que dans les zones de combat de la ville de Khan Yunès […] Ils ont pris pour cible 18 soldats avec une attaque directe. Des tireurs d’élite Al-Qassam ont tué et blessé huit soldats. Ils ont fait exploser une maison dans laquelle une force spéciale avait été barricadée avec des explosifs et ont mis une autre force dans un champ de mines préparé à l’avance. Ils ont détruit des concentrations militaires avec un système de missiles à courte portée, et ont dirigé des barrages de missiles intenses sur diverses cibles et avec des portées différentes dans nos territoires occupés ».
Citant Tsahal, la presse fait état de plus de 400 militaires Israéliens tués depuis le 17 octobre…
Les évacuations de civils
Des milliers de familles palestiniennes, déjà évacuées depuis le déclenchement de la guerre, ont été contraintes de se déplacer à nouveau, cette fois à Rafah, dans le sud de Gaza mais de nombreux Palestiniens ont ignoré les ordres.
Alors que le gouvernement israélien a fait valoir que les Palestiniens pouvait trouver un endroit sûr appelé Al-Mowasi, c’est une zone désolée et sablonneuse qui donne sur la Méditerranée.
Le 4 décembre, cent camions transportant des fournitures humanitaires et 69.000 litres de carburant sont entrés à Gaza depuis l’Égypte, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) : Ce dernier a déclaré : « c’est bien inférieur à la moyenne journalière de 170 camions et de 110.000 litres de carburant qui avaient pénétré pendant la pause humanitaire mise en œuvre entre le 24 et le 30 novembre ».
Le Coordonnateur de l’action humanitaire affirme que « les conditions requises pour fournir de l’aide à la population de Gaza n’existent pas. Il est possible qu’un scénario encore plus infernal se déroule : un scénario dans lequel les opérations humanitaires pourraient ne pas être en mesure de réagir. Ce que nous voyons aujourd’hui, ce sont des abris sans capacité, un système de santé à genoux, un manque d’eau potable, un assainissement adéquat et une mauvaise nutrition pour les personnes déjà épuisées mentalement et physiquement : un cas typique pour le déclenchement d’épidémies et une catastrophe de santé publique ».
Outre l’aide qui a été fournie, 25 blessés et 583 étrangers ou binationaux ont été évacués de Gaza vers l’Égypte et 10 membres du personnel humanitaire sont entrés à Gaza.
La responsable de l’USAID, Samantha Power, est arrivée dans la péninsule égyptienne du Sinaï, où elle a annoncé plus de 21 millions de dollars d’aide supplémentaire aux Palestiniens touchés par la guerre.
Par contre, Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé que le visa de résident de la coordonnatrice humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens, Lynn Hastings, a été révoqué en raison de son refus de condamner le Hamas et d’aider le gouvernement israélien. Elle a deux semaines pour quitter Israël.
Les otages
Le ministère de la Défense britannique a repris ses vols de surveillance au-dessus de Gaza le 2 décembre dans le but d’aider à trouver des otages. Ces vols avaient été interrompus dans le cadre du cessez-le-feu de sept jours.
Le nombre d’otages encore détenus à Gaza est de 138 personnes dont une vingtaine de femmes et d’enfants.
Le 4 décembre, le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré que l’une des raisons pour laquelle le Hamas ne voulait pas rendre les femmes otages était de les empêcher de témoigner sur ce qu’elles ont subi.
De son côté, le Premier-ministre Netanyahou a déclaré aux familles « il n’y a pas de possibilité en ce moment de ramener tout le monde chez lui. Quelqu’un peut-il vraiment imaginer que si c’était une option, quelqu’un la refuserait ? ».
Cisjordanie
Les affrontements en Cisjordanie se poursuivent entre les colons, Tsahal et les Palestiniens. En bref, les colons profitent de la situation pour d’étendre leurs implantations (illégales en regard du Droit international).
Dans un signe de l’impatience croissante de l’administration américaine à l’égard d’Israël, le secrétaire d’État Antony Blinken a annoncé le 5 octobre que les États-Unis « lançaient une nouvelle politique de restriction des visas visant les personnes soupçonnées d’avoir été impliquées dans la paix, la sécurité ou la stabilité en Cisjordanie ». Les membres de la famille immédiate de ces personnes peuvent également être soumis à ces restrictions.
Il a précisé : « Les États-Unis se sont toujours opposés aux actions qui sapent la stabilité en Cisjordanie, y compris les attaques des colons israéliens contre les Palestiniens et les attaques palestiniennes contre les Israéliens ». Nous avons souligné au gouvernement israélien la nécessité de faire davantage pour tenir les colons extrémistes responsables qui ont commis des attaques violentes contre des Palestiniens en Cisjordanie. Comme le président Biden l’a dit à plusieurs reprises, ces attaques sont inacceptables.
Situation globale
Les bombardements massifs israéliens se poursuivent contre des cibles réparties tout le long de la bande de Gaza. Mais le Hamas et d’autres groupes palestiniens (2) lancent encore de nombreuses roquettes contre des villes israéliennes dont Tel-Aviv et Ashkelon…
Au nord, l’armée libanaise a déclaré que l’un de ses soldats avait été tué et trois autres blessés lorsque des bombardements israéliens avaient eu lieu près de la frontière israélienne. C’est la première fois qu’un militaire libanais est tué depuis le début de la guerre de Gaza le 7 octobre.
Les FDI ont déclaré qu’elle avait frappé « un certain nombre de cibles terroristes du Hezbollah au Liban, y compris l’infrastructure terroriste et les postes militaires utilisés pour le stockage des armes et par des terroristes ».
Ces frappes ont eu lieu après que les FDI eurent déclaré que plusieurs munitions avaient été lancées à partir du Liban sans créer de dommages.
Le Hezbollah a déclaré sur Telegram qu’il continuait à harceler Tsahal à plusieurs endroits près de la frontière mais il ne s’est pas lancé dans une opération d’envergure (3).
Les rebelles yéménites houthis poursuivent leurs actions contre Israël (4)
À la suite des frappes de missiles houthies survenues le 3 décembre sur trois cargos civils croisant en mer Rouge et la destruction de trois drones par un navire de US Navy, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré le 4 décembre : « Nous sommes en pourparlers avec d’autres pays au sujet d’une sorte de force maritime impliquant les navires des pays partenaires aux côtés des États-Unis pour assurer le passage sûr des navires dans la mer Rouge […] quelle serait la composition précise, je m’en remets aux consultations qui ont lieu, pour dire seulement qu’à un large niveau, l’idée que nous travaillerions avec d’autres pays et leurs navires de guerre pour essayer d’assurer un plus grand niveau de sécurité à travers la mer Rouge ».
1. Voir : « LA BATAILLE DE L’HÔPITAL AL SHIFA N’A PAS EU LIEU » du 16 novembre 2023.
2. Voir : « LES MOUVEMENTS PALESTINIENS » du 3 novembre 2023.
3. Voir : « SITUATION MILITAIRE À GAZA À LA FIN OCTOBRE » du 31 octobre 2023.
4. Voir : « YÉMEN : LES REBELLES HOUTHIS À LA MANŒUVRE CONTRE ISRAËL » du 28 novembre 2023.
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