Le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou a effectué une visite officielle à Téhéran à la mi-septembre. Il y avait été invité par le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général de division Mohammad Baqeri (photo de gauche) en juin.

Il a également eu un entretien avec son homologue, Mohammad Reza Ashtian (photo de droite).

Les discussions ont porté sur « l’avancement de la diplomatie de défense, l’élargissement de la coopération militaire entre les deux pays et la lutte contre les menaces communes, en particulier le terrorisme international ».

Le voyage de Choïgu intervient alors que le ministre chinois des Affaires étrangères a été reçu pendant quatre jours à Moscou et après la visite de Kim Jong-Un en Russie la semaine passée.

Il parait évident qu’une alliance stratégique est en train de se constituer entre les pays qui font l’objet de sanctions occidentales.

Sur le plan strictement militaire, la délégation russe a pu visiter une exposition d’armements dont les photos sont intéressantes pour les experts en la matière. Pour une fois, il semble pas que des « maquettes » ont été présentées mais des matériels qui peuvent intéresser directement Moscou pour son « opération spéciale » en Ukraine.

Déjà, lors du neuvième forum international militaire et technique « Armée-2023 » qui s’était tenu à Moscou, le missile balistique iranien Ababil, avait été exposé pour la première fois. Le missile présenté ressemble au Zahir déjà en service au sein de la Force aérospatiale du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI). Cette arme balistique est donnée pour pouvoir atteindre une cible à 2.000 kilomètres de distance avec une précision de six mètres.

Ensuite, lors de la visite guidée faite à Choïgou, le chef de la Force aérospatiale des CGRI, le brigadier-général Amir-Ali Hajizadeh, a été présenté une nouvelle variante de lanceur pour les drones Shahed-136 (photo de gauche). Cette arme a été vendue qui avait été présentée en Iran en 2020 a été vendue à la Russie. Moscou en fabrique maintenant une version adaptée à ses besoins sous le nom de Geran 2.

  • Un missile anti-aérien iranien vraisemblablement destiné à détruire des drones et des hélicoptères a attiré toute l’attention des observateurs. Des exemplaires auraient été livrés aux rebelles houthis au Yémen mais aussi à des milices irakiennes proches de Téhéran.

Le nom iranien original du missile est encore inconnu, les Houthis les appelant Saqr-1. Les États-Unis qui ont saisi des composants de cette arme l’ont baptisé « missiles anti-aériens 358 ».

Les britanniques ont également fait une prise intéressante de cette même arme qui devait être livrée aux rebelles houthis au Yémen (photo ci-après).

L’armée américaine a révélé dans le passé que le missile était doté d’un système de guidage et de navigation inertielle assisté par satellite, ainsi que d’un gyroscope vertical et d’une mémoire de données aériennes. Un ensemble de « colliers » circulaires constitués de ce que l’on appelle des capteurs infrarouges est également visible à l’avant de l’arme, tout comme un senseur principal dans son nez.

Le « 358 » serait lancé depuis le sol à l’aide d’un propulseur de fusée à combustible solide qui est largué après avoir brûlé. Le missile passe ensuite à un système de propulsion classique. L’anneau de capteur infrarouge ressemble aux caractéristiques que l’on trouve souvent sur les missiles sol-air et air-air qui sont utilisés pour déclencher l’explosion de la charge à proximité de la cible.

Le « 358 » ne serait pas un missile sol-air typique dans la mesure où il est apparemment conçu pour voler à basse vitesse vers un endroit spécifié, puis y rester jusqu’à épuisement de son carburant. Selon le New York Times : « l’arme vole en forme de huit et recherche des cibles ».

La faible vitesse du missile signifie qu’il n’est pas utile pour engager des avions de combat rapides mais qu’il est mieux adapté pour intercepter des cibles plus lentes comme des hélicoptères et des drones.

Il est bien sûr très possible que plusieurs versions du « 358 » existent désormais, y compris celles qui exploitent une certaine forme de référencement passif et/ou qui peuvent recevoir des mises à jour de capteurs externes.

Une des photos permet de voir une version des missiles de croisière sol-sol iraniens  de la famille « Soumar » avec des ailerons fixes. Le nom exact de cette variante est inconnu. Il semble qu’il s’agisse des mêmes missiles que les Houthis du Yémen ont appelés Quds-3 (photo de droite ci-après). Leur portée serait de 1.500 à 3.000 kilomètres.

Pour conclure cette visite, Choïgou a déclaré : « nous visons toute une série d’activités planifiées malgré l’opposition des États-Unis et de leurs alliés occidentaux […] La pression des sanctions contre la Russie et l’Iran montre sa futilité, alors que l’interaction russo-iranienne atteint un nouveau niveau ». Son homologue  Mohammad Reza Ashtiani a ajouté : « nos relations dans les domaines de la défense et de la sécurité ont atteint un développement sans précédent au cours de la dernière décennie  […] Votre visite et la signature du mémorandum d’entente mutuelle marquent une toute nouvelle période dans nos relations bilatérales ».

  • Il est possible que dans l’avenir, des armes semblables à celles présentées à Choïgou ne se retrouvent sur le front ukrainien…

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Texte

Alain Rodier