Le 12 juin, au moins 46 personnes ont été tuées lors d'une attaque contre le camp de personnes déplacées de Lala dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Les victimes comptent 13 femmes, 23 enfants et 10 vieillards qui ont été massacré par balles, à la machette ou brûlés vifs dans leurs abris.

L’attaque a débuté à 02 h 00 du matin et les activistes se sont retirés quatre heures plus tard. À noter que camp est situé à cinq kilomètres de Bule, le site d’une base de maintien de la paix des Nations Unies qui n’est pas intervenue avant le lever du jour vraisemblablement par crainte de tomber dans une embuscade.

Richard Dheda, un responsable de l’administration locale de la chefferie de Bahema Badjere dans la commune de Djugu dans la province de l’Ituri a déclaré que l’attaque contre le camp de Lala avait été menée par des combattants appartenant à une coalition de milices mystico-religieuses appelée la « Coopérative pour le développement du Congo » (Codeco).
La Codeco prétend protéger la communauté Lendu contre le groupe ethnique Héma ainsi que contre de l’armée de la RDC.

Les Lendu sont une population de langue nilo-saharienne vivant principalement l’Est du pays et plus particulièrement dans le district d’Ituri à l’ouest et au nord-ouest du lac Albert. Quelques communautés vivent également de l’autre côté de la frontière en Ouganda et au Soudan.
Les antagonismes entre les Lendu et les Héma remontent à la colonisation belge. Les autorités belges se sont alors appuyées sur les Héma au détriment des Lendu qui prétendent être les vrais autochtones.
Leur sentiment de marginalisation s’est accentué après l’indépendance lorsque des concessions agricoles ont été cédées aux Héma dans le cadre de la redistribution des biens appartenant aux étrangers à des Congolais sous l’ère du président Mobutu Sese Seko.
Ces rivalités sont restées relativement en sommeil jusqu’à la fin des années 1990 lorsque des milices communautaires ont fait basculer la région riche en terres arables et minerais dans la seconde guerre du Congo (1999-2003) impliquant Kinshasa et les armées rwandaise et ougandaise.
La dizaine de groupes armés actuels sont l’héritage de cette guerre.

La RDC compte la plus grande population de déplacés internes en Afrique, l’ONU estimant qu’au moins 5,6 millions de personnes ont fui leur foyer en raison de l’insécurité latente.
En Ituri, le nombre de personnes déplacées au début 2023 s’élevait à 1,5 million d’individus.

Les attaques faisant des dizaines de victimes y sont fréquentes et la Codeco a fréquemment ciblé les camps de déplacés.
Par exemple, ses activistes ont tué environ 60 personnes dans un autre camp près de Bule l’année dernière lors d’un de ses massacres les plus meurtriers.
Au début juin, des combattants du Codeco avaient attaqué une position de l’armée dans la région de la chefferie de Djukoth du territoire de Mahagi, tuant au moins sept civils.

Des négociations ont eu lieu à Aru du 26 mai au 01er juin 2023 entre quatre groupes armés de l’Ituri dont la Codeco. Un accord de cessation des hostilités avait été cosigné. Sa mise en œuvre semble problématique.

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Texte

Alain Rodier

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