Un incident qui aurait pu dégénérer en catastrophe a eu lieu le 14 mars au dessus de la mer Noire lorsqu’un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) américain Reaper MQ-9 non armé a été percuté par un avion de chasse russe Su-27 Flanker.

Cette manœuvre aurait déstabilisé le drone américain et provoqué sa chute. Washington a dénoncé un acte « dangereux et non professionnel » alors que Moscou a affirmé que le drone avait eu un vol erratique qui s’était terminé en mer.

Le général James Hecker, commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique, a déclaré : « notre drone MQ-9 effectuait des opérations de routine [NdA : vraisemblablement de reconnaissance] dans l’espace aérien international quand il a été intercepté et percuté par un avion russe, entraînant le crash et la perte du MQ-9 […] Cet acte dangereux et non professionnel des Russes a failli provoquer le crash des deux avions ».

Pour sa part, le ministère russe de la Défense russe a bien reconnu que deux de ses appareils Su-27 avaient intercepté le drone américain mais il a assuré qu’aucun des deux avions n’avait ni heurté ni entraîné la chute de l’appareil en question : « À la suite d’une manœuvre brutale (…) le drone MQ-9 a commencé un vol non contrôlé avec une perte d’altitude et a heurté la surface de l’eau ».

L’incident aurait duré 40 minutes. Dans un premier temps, l’un des Su-27 se serait positionné devant le drone américain et lui aurait vidangé dessus une partie de son kérosène. Cela n’aurait pas gêné le vol du Reaper. Dans un deuxième temps, un des chasseurs russes est venu au contact de l’hélice du drone placée à l’arrière de l’engin. Il est vrai que cette manœuvre très délicate aurait pu déstabiliser les deux aéronefs. Seul le drone a été perturbé dans son vol et s’est crashé en mer.

Beaucoup de questions restent pour l’instant nombreuses : pourquoi un des Su-27 aurait-il pris le risque d’une collision alors qu’il est armé d’un canon de 30 mm ? Il est vrai qu’une ouverture du feu sur un appareil américain en zone internationale aurait été considérée comme un acte de guerre dont les conséquences sont difficiles à prévoir.
Des réponses pourraient être apportées lorsque le Pentagone aura divulgué le film de l’incident après avoir levé le « secret défense » qui le couvre…

Washington n’a pas souhaité envenimer trop l’affaire se contentant de convoquer l’ambassadeur russe Anatoly Antonov en poste aux USA pour lui faire part de son profond mécontentement. Mais cela est donc resté au niveau « diplomatique ».

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Texte

Alain Rodier

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