La commission des Droits humains des Nations Unies a présenté les conclusions d’une enquête qu’elle diligentait en Ukraine depuis des mois. Il en ressort que les forces russes se sont livrées à des crimes de guerre depuis le début de l’invasion le 24 février 2022.

Cette commission avait été créée en mai pour enquêter sur les accusations de crimes de guerre avancées par Kiev. Elle a conduit ses recherches dans quatre régions : Kiev, Kharkiv, Soumy et Tchernihiv.

Son directeur, Erik Mose, a déclaré « nous avons été frappés par le nombre important d’exécutions dans les zones que nous avons visité. La commission a ainsi effectué des recherches dans 16 villes et villages ».

Il a poursuivi : « ce n’est bien sûr pas une nouveauté mais nous allons certainement essayer de voir ce qui s’est passé à Izium ».
Selon des officiels ukrainiens, 436 corps ont été exhumés d’un lieu d’inhumation de masse près de la ville récemment libérée. Le gouverneur régional de Kharkiv, Oleg Synegubov, a précisé : « la plupart d’entre eux présentent des signes de mort violente et trente des signes de tortures. Il y a des corps avec une corde autour du cou, les mains liées, des membres brisés et des blessures par balles ».
À la question de savoir s’il y a eu des crimes contre l’humanité, M. Mose répond que la commission n’est pas encore arrivée à cette conclusion.

À la différence des crimes de guerre qui relèvent de la responsabilité individuelle, les crimes contre l’Humanité qui peuvent avoir lieu en temps de guerre comme en temps de paix, sont imputables à un État ou à des autorités gouvernementales ou/et militaires.

Les enquêteurs de l’ONU ont interrogé environ 150 victimes et témoins, ont visité 27 villes et villages où ils ont investigués de nombreuses sépultures et des lieux de détention et de tortures présumées.

Ils ont également examiné deux cas de maltraitance de Russes par des militaires ukrainiens.

Plus généralement, la commission a fait état « d’utilisation d’armes explosives à grand rayon d’action dans des zones peuplées qui sont à l’origine d’immenses blessures et souffrances pour les civils […] (ces attaques) ayant été perpétrées sans distinguer les civils […] incluant l’usage de sous-munitions ou de lance-roquettes multiples et de frappes aériennes dans des zones peuplées ».

La commission a également présenté des témoignages d’anciens détenus des forces russes faisant état de passages à tabac, de chocs électriques et de nudité forcée.
M. Mose a aussi accusé des militaires russes d’avoir commis des crimes sexuels, l’âge des victimes allant de 4 à 82 ans… Les cas de détention illégale, de viols et de tortures sur des mineurs auraient été « documentés ».

Pour mémoire, la France apporte son assistance dans les enquêtes de l’ONU. Deux équipes spécialisées sont sur place depuis avril et Kiev a reçu en don un laboratoire d’analyse ADN.

Il est évident que ces horreurs sont inexcusables et ont amené par le passé leurs responsables de l’époque (nazis) à être pendus ou fusillés.
Cela dit, la guerre reste une chose abominable. Il y a peut-être des guerres « justes » (surtout lorsque l’on se défend face à une agression) mais il n’y a pas de guerre vraiment « propre ».
À titre d’exemple, les Soviétiques se sont montrés particulièrement « sauvages » lors de la prise de l’Allemagne en 1945, à la fois pour se venger des abominations commises par l’armée nazie, mais aussi pour avilir (sur ordre) ce qu’il restait du peuple allemand. Moscou ne reconnaîtra les massacres de Katyń, Kharkiv et de Kalinine de 1940 (22.000 Polonais assassinés par le NKVD) attribués aux Allemands Moscou qu’en 1990. Ils relèvent du crime contre l’Humanité.
Les Américains n’ont pas fait de détail lors des bombardements des grandes villes d’Allemagne puis d’Hiroshima et de Nagasaki sans parler, à une échelle plus modeste, des villes françaises de Normandie.
Les exemples des horreurs des guerres coloniales puis post-coloniales (puis de bien d’autres qui ont actuellement lieu) doivent rester à l’esprit de ceux qui appellent en permanence à l’intervention armée(1) en sachant que ce sont les autres qui vont se faire tuer ou estropier.

1. Sans compter sur le fait que ces interventions armées n’ont pas été très efficaces : Vietnam, Afghanistan, Libye, Mali.

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Texte

Alain Rodier

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