Après quasiment deux mois de guerre totale en Ukraine, nous avons décidé d’analyser en détail les forces armées russes et ukrainiennes à travers plusieurs dossiers dans RAIDS, dans un hors-série de RAIDS et dans un numéro spécial de RAIDS.
L’avalanche d’informations et d’images, orientées ou non, permet de définir les grandes lignes des tactiques, des opérations, et les unités engagées des deux côtés. Et de suivre les axes majeurs et les fronts, dans ce pays qui a connu sur des champs de bataille quasi indentiques les énormes combats de la Seconde Guerre mondiale entre les armées soviétiques et allemandes. À chaud, RAIDS a été un des premiers à décrypter les premiers jours de conflit (dans le numéro 430) ; ce mois-ci, nous poursuivons cette analyse en présentant la force mais aussi les faiblesses de l’armée russe. Cette dernière a failli au combat dans trois domaines majeurs : la stratégie, la tactique et l’« art opératif », concept érigé en dogme depuis Staline. À l’heure où ces lignes sont écrites, c’est une armée russe usée, que nous voyons en Ukraine, qui a laissé sur le terrain de nombreux morts et beaucoup de matériels. Mais qui n’accepte pas de perdre. Son recul au nord de Kiev est vécu comme un terrible échec. Et sa réarticulation à l’Est, face au Donbass, s’inscrit assurément dans une longue guerre d’usure. Même si certains évoquent la solution d’une neutralité ukrainienne « à la finlandaise », un cessez-le-feu à court terme ne semble pas envisageable. Les Russes se réorganisent, adaptent leurs groupes tactiques, récupèrent partout dans leur immense territoire tout ce qui peut combattre et poussent pour gagner chaque mètre de terre ukrainienne. De leur côté, les Ukrainiens ne lâchent rien, d’autant plus qu’ils sont maintenant ouvertement aidés par les Occidentaux qui les arment de plus en plus lourdement – du missile antichar, on est passé au blindé et à l’artillerie lourde. À défaut de l’effondrement de l’un des deux belligérants, va-t-on vers un enlisement et une guerre de tranchées à l’image des affrontements dans le Donbass qui ont débuté en 2014 ?
Bonne lecture
Eric Micheletti
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