Israël n’a pas tardé à répondre à ce qu’il considère comme une attaque de l’Iran en bombardant différents sites en Syrie.

Le 1e mars, le Premier ministre Nétanyahou a déclaré « Il est clair que c’est un acte iranien ». Et pour ce qui est de ma riposte, vous connaissez ma politique. L’Iran est le plus grand ennemi d’Israël et je suis déterminé à l’arrêter et nous allons le frapper partout dans la région […]

Plus important encore, l’Iran n’aura pas l’arme nucléaire, que ce soit dans le cadre d’un accord ou sans accord. C’est ce que j’ai dit à mon ami, le président [américain] Biden »
De deux à quatre explosions sont effectivement survenues le 26 février à bord du MV Helios Ray, un bateau transporteur de véhicules israélien battant pavillon des Bahamas et propriété d’Helios Ltd qui effectuait la liaison entre Dammam (à l’est de l’Arabie saoudite) et Singapour.

Les explosions ont eu lieu au moment où le navire croisait au nord-ouest du sultanat d’Oman. Elle ont provoqué quatre brèches (deux à bâbord, deux à tribord) d’environ un mètre cinquante de diamètre situées au dessus de la ligne de flottaison. Selon les derniers rapports israéliens, il serait probable qu’elles aient été causées par des mines magnétiques (dîtes « limpet ») accrochées manuellement par des opérateurs embarqués à bord de petits bateaux rapides comme la composante navale des pasdarans en possèdent des centaines.

Toutefois, il est étrange qu’un tel navire, même battant pavillon international (il reste israélien), n’ait pas pris des mesures de sécurité dans cette zone considérée comme à risque. En résumé, comment des embarcations, même de petite taille, ont pu aborder ce navire qui doit être bourré d’appareils de détection, voire d’équipes de protection armées. Il reste la possibilité que ces mines aient été déposée lors d’une précédente escale mais cela laisse songeur sur la surveillance (et l’examen avant départ) du navire… Le Helios Ray a rejoint Dubaï le 28 février pour inspection et réparations d’urgence. Heureusement, aucune perte humaine ne serait à déplorer.

Les auteurs seraient, selon des sources iraniennes conservatrices, le fait de « l’axe de la résistance » qui regroupe l’Iran et de ses proches alliés du Hezbollah, du Hamas, des groupes irakiens et les rebelles yéménites. Leur ennemi déclaré est Israël. Il faut dire que les problèmes s’accumulent. Le 27 novembre 2020, Téhéran a accusé Israël du meurtre du scientifique nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, le chef présumé de son programme nucléaire assassiné à Téhéran. Israël avait de son côté imputé à l’Iran des attaques et des sabotages contre des pétroliers dans le Golfe en 2019, des accusations alors réfutées par Téhéran sans que personne ne se fasse trop d’illusions.

Cerise sur le gâteau, le navire israélien se serait livré à des « missions d’espionnage » durant son périple. Il est logique que presque tous les navires constituent des bases d’observation flottantes mobiles très utiles au recueil d’informations. Il serait curieux qu’Israël déroge à la règle.

Dans les faits, Israël (et les États-Unis) et l’Iran sont en guerre non déclarée donc non « ouverte ». L’État hébreu frappe là où cela ne peut pas être considéré comme une agression directe : des bombardements de « supplétifs » en Syrie, l’assassinat non revendiqué de responsables iraniens et le sabotage d’installations sensibles mais pas d’attaque directe. Téhéran fait de même en agissant via des proxies (Hezbollah, Palestiniens, Yéménites, ) et mène des opérations clandestines comme celle évoquée dans cet article. Les belligérants n’ont pas intérêt à déclencher les hostilités officiellement car aucun résultat décisif ne serait atteint :
. les Israéliens, même avec un appui massif des États-Unis (ce qui est loin d’être garanti) , ne peuvent pas envahir l’Iran(1) ni même faire tomber le régime directement (toutes les méthodes d’agitprop sont pourtant employées par les services concernés qui ont montré leurs savoir-faire lors des « révolutions de couleur ») ;
. les Iraniens ne peuvent « rayer de la carte » l’État hébreu car la dissuasion nucléaire est bien présente.

La guerre semi-secrète va donc perdurer car il n’y a aucune solution envisageable à court ou moyen terme. Quant au nucléaire, les mollahs ont bien vu ce qui est arrivé à ceux qui y ont renoncé comme le colonel Kadhafi alors que Kim Jung-Un lui, est toujours bien en place. Il semble donc logique qu’ils continuent leurs efforts pour l’acquérir dans l’avenir et que les Occidentaux vont tout faire pour ralentir ce processus, là aussi sans se faire trop d’illusions.

1. Quant aux bombardements, leurs résultats opérationnels réels restent à prouver. Il y a plus de cibles à frapper que de bombes et autres missiles en stock.

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Texte

Alain Rodier

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