Selon lui, les premiers systèmes d’armes arrivés la veille seraient pleinement opérationnels.
Cette assertion est douteuse même si les équipages sont probablement des militaires russes car, de son côté, le président russe Vladimir Poutine avait dit le 17 décembre que l’Orechnik entrerait en service opérationnel avant la fin de l’année sans donner plus de précisions.
Or, le problème du déploiement d’armes nucléaires sur une longue période sur un site étranger est d’abord le stockage en sécurité des charges et des lanceurs. Même les installations déjà existantes doivent être mises aux normes. Cela prend des mois, voire plus…
Pour mémoire, le président américain Donald Trump a lancé une vaste opération diplomatique destinée à mettre fin à la guerre en Ukraine qui a débuté avec l’invasion russe en février 2022 dès la mise en place de son administration en janvier 2025. Historiquement, certains spécialistes placent vraiment le début du conflit avec la prise de la Crimée par les forces spéciales russes et le début des combats contre les indépendantistes pro-russes dans le Donbass en 2014. Craignant ce qui allait suivre, une coalition occidentale emmenée par les Américains avait commencé à fournir de nouveaux armements et à entraîner l’armée ukrainienne. Cette dernière était alors ressortie considérablement renforcée ce qui lui permis de faire ses preuves contre le corps expéditionnaire russe dès le début de l’invasion de 2022.
En cette fin d’année, la Maison-Blanche se heurte aux exigences contradictoires de la part de Moscou et de Kiev (encouragé par les Européens.)
a/s la Biélorussie
La Russie a déjà déployé des armes nucléaires tactiques en Biélorussie(2), territoire qu’elle a utilisé pour lancer son assaut sur l’Ukraine en février 2022. Loukachenko a confirmé que son pays possédait plusieurs dizaines d’armes nucléaires tactiques russes (sol-sol et air-sol.)
Ces armes restent sous contrôle exclusif de Moscou même si Minsk peut proposer des cibles. C’est la même chose pour les bombes atomiques de l’OTAN qui sont sous contrôle direct de Washington(3).
La Russie a testé pour la première fois une version conventionnelle du missile Orechnik (qui signifie « noisetier » en russe) en visant une usine ukrainienne en novembre 2024.
Le président Poutine a précisé que les ogives du missile plongeaient vers leurs objectifs à des vitesses pouvant atteindre Mach 10 donc non interceptables.
Une frappe conventionnelle de plusieurs missiles – dotés de six ogives – tirés simultanément pourrait être aussi dévastatrice qu’une attaque nucléaire.
Les médias d’État russes ont affirmé qu’il ne faudrait que onze minutes au missile pour atteindre une base aérienne en Pologne et dix-sept minutes pour frapper le quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Heureusement, on n’en n’est pas (encore) là.
Lorsque ce missile est tiré, il est quasi impossible de savoir s’il transporte des ogives nucléaires ou conventionnelles, ce qui pose un immense problème d’alerte pour le déclenchement d’une riposte : classique ou nucléaire ?
Poutine a averti l’Occident que la Russie pourrait ensuite l’utiliser contre les alliés de Kiev qui lui ont permis de frapper en Russie avec leurs missiles à longue portée. Cette réponse n’a pas eu lieu jusqu’à aujourd’hui. Le Kremlin est conscient que cela risque d’être un engrenage dont personne ne peut prédire l’issue.
Il semble que le missile Oreshnik est un dérivé de ICBM RS-26 Rubezh, lui-même un dérivé plus petit de l’ICBM RS-24 Yars, que le Pentagone considère comme une variante du précédent RS-12M Topol-M.
Il y a un débat sur la place de l’Oreshnik dans le spectre des missiles balistiques, Poutine le qualifiant d’arme de moyenne portée (MRBM) et les responsables américains le classant dans la catégorie des missiles à portée intermédiaire (IRBM). Il est donné pour avoir une portée maximale de 5.000 kilomètres.
Les missiles à portée intermédiaire peuvent parcourir entre 500 et 5.500 kilomètres. Ces armes étaient interdites par un traité datant de l’époque soviétique. Washington et Moscou l’ont dénoncé en 2019.
En 2024, le Kremlin a publié une version révisée de sa doctrine nucléaire, précisant que toute attaque conventionnelle contre la Russie, menée par une nation soutenue par une puissance nucléaire, serait considérée comme une attaque conjointe(4). Cette doctrine révisée place aussi la Biélorussie sous le parapluie nucléaire russe.
Mais tout en maintenant des liens étroits avec Moscou, le président Loukachenko a également cherché à se rapprocher de Washington. Le 13 décembre, il a fait libérer 123 prisonniers politiques dont le lauréat du prix Nobel de la paix Ales Bialiatski et la figure de l’opposition, Maria Kalesnikava. En échange, Washington a levé ses sanctions contre les industries biélorusses de potasse, un élément clé des engrais, dont l’ancien État soviétique est un producteur mondial de premier plan.
(1) Voir : « Nouveau missile russe » du 14 novembre 2024.
(2) Voir : « Armement nucléaire russe en Biélorussie, menace ou leurre ? » du 14 juin 2024.
(3) Voir : « OTAN – Russie : polémique autour des armes nucléaires de l’Alliance » du 22 novembre 2022.
(4) Voir : « Manœuvres nucléaires tactiques russes » du 10 mai 2024.