Le président Donald Trump est parvenu à l’impensable : faire libérer les derniers vingt derniers otages vivants détenus à Gaza en tordant le bras du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et à différents dirigeants qui avaient une certaine « influence » sur les mouvements terroristes palestiniens dont le plus important est le Hamas - mais il ne faut pas oublier le Jihad islamique palestinien (JIP) et des groupuscules aux appellations changeantes… -.

Il s’est particulièrement tourné vers le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, qui s’est autoproclamé depuis des années comme le leader de la défense de la cause palestinienne devançant en cela les Iraniens et les pays arabes. Il est vrai qu’Ankara s’est toujours rêvé en tant qu’acteur majeur des affaires du Moyen-Orient.

Il a aussi bénéficié du fait que Téhéran n’était plus en mesure d’apporter une aide significative aux mouvements palestiniens depuis que son influence a été considérablement réduite suite à la chute de son allié Bachar el-Assad en Syrie, à la décapitation du Hezbollah libanais et aux frappes américano-israéliennes sur son complexe militaro-industriel.
C’est d’ailleurs un facteur qui a aussi considérablement pesé dans l’acceptation de l’accord de cessez-le-feu et de restitution des otages par le Hamas.

Mais le président turc a obtenu en retour que le Premier ministre israélien ne participe pas au sommet historique organisé par le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi à Charm el-Cheikh.
Cette réunion faisait suite à l’annonce, le 9 octobre, par le président américain Donald Trump, de la première phase d’un accord de cessez-le-feu à Gaza entre Israël et le Hamas, négocié lors de pourparlers indirects tenus au Qatar et en Égypte.

Ainsi, les dirigeants de 35 pays se sont réunis le 13 octobre sous la coprésidence de Trump et du président égyptien afin de préserver la trêve et de tenter de favoriser une stabilité durable. La déclaration du président Trump « pour une paix et une prospérité durables » engage à mener « des efforts collectifs pour mettre fin aux souffrances à Gaza et favoriser la stabilité régionale. » Elle reconnaît également la « primauté de la diplomatie face aux conflits, condamne l’extrémisme et s’engage à protéger le patrimoine culturel de la région. »

Erdoğan qui représentait la Turquie lors de cet événement aux côtés de Trump, d’el-Sissi et de l’émir du Qatar, le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, a signé signer une « Déclaration d’intention » pour Gaza.

Bien qu’invité par el-Sissi à la demande de Trump, le dirigeant israélien a été contraint sous un faux prétexte (sa participation à « Soukkot », la « fête des cabanes », qui a lieu cette année du 6 au 13 octobre) de ne pas l’accepter. Erdoğan avait déclaré théâtralement que son avion n’atterrirait pas à Charm el-Cheikh si Netanyahou devait s’y trouver…
Pour bien enfoncer le clou, il avait répété « nous devons poursuivre nos efforts pour que le ‘génocide’ de Gaza ne soit pas oublié » tout en saluant la solidarité internationale et appelant à une pression soutenue pour que les responsables « rendent des comptes. » Pour terminer, il a affirmé : « s’il renoue avec le génocide, Israël sait que le prix à payer sera lourd.» Cela dit, la Turquie n’a pas la puissance militaire suffisante pour s’opposer à l’État hébreu(1)

Il est aussi vrai que l’annonce de la participation éventuelle de Netanyahou au sommet de Charm el-Cheikh avait aussi suscité de vives réactions chez certains dirigeants arabes, particulièrement pour ceux qui n’ont pas de relations diplomatiques avec l’État hébreu. Certains dirigeants menaçaient également de ne pas y participer ce qui aurait terni le prestige de cette manifestation voulue par Trump.

Il n’empêche que le sommet – bien que ne garantissant en aucune façon la paix – a fonctionné correctement. Le président Recep Tayyip Erdoğan a qualifié les déclarations signées d’« engagement historique ». Il a souligné la détermination de la Turquie à soutenir la reconstruction de Gaza et un cessez-le-feu durable, tout en mettant en garde Israël contre toute violation.

Il n’a bien sûr pas évoqué les règlements de comptes qui se déroulent actuellement dans la zone cédée par Tsahal au Hamas.

Selon le journaliste Wassim Nasr, les clans Daghamcha et de Yasser Abou Shabab (2) qui ont « collaboré » avec les Israéliens seraient particulièrement visés.

Erdoğan a réaffirmé que la seule solution viable à la question palestinienne demeure un État indépendant et souverain basé sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Il a ajouté : « nous continuerons d’œuvrer résolument en ce sens » tout en soulignant que le cessez-le-feu constituait un pas en avant, mais pas une résolution définitive.
Enfin, il en appelle à l’aide internationale : « concernant la reconstruction de Gaza, la Turquie appelle au soutien de tous, des pays du Golfe aux États-Unis et à l’Europe.»

La libération des otages détenus à Gaza est une victoire pour Donald Trump mais l’optimisme général n’est pas de mise. Il y a peu de chances que toutes les dépouilles des otages décédés soient rendues pour la simple raison que certaines ont disparu dans les ruines (à ce jour, huit sur 28 ont été restituées aux autorités israéliennes.) Israël a toujours eu pour principe de récupérer ses concitoyens, qu’ils soient morts ou vivants.

Le conflit entre Israël et les groupes palestiniens va se poursuivre dans l’avenir. En effet, comment peut-on imaginer que les 1.968 prisonniers élargis (dont 250 condamnés à la perpétuité) ne vont pas reprendre les armes ? Comment imaginer que les adolescents palestiniens ne vont pas rejoindre la lutte alors qu’ils ont été formés pour cela depuis leur plus jeune âge ? La haine est bien trop grande.

(1) Voir : « La Turquie craint-elle Israël ? » du 4 septembre 2025.

(2) Voir : « Des gangs criminels à Gaza ? » du 3 juin 2025.