Les manœuvres Zapad 2025 qui sont un exercice militaire conjoint russo-biélorusse traditionnel se sont déroulées du 12 au 16 septembre 2025.

Selon la version officielle, elles visaient à tester la préparation défensive des deux pays avec des activités principales organisées dans des camps de manœuvre dans la région de Baryssaw à 72 km de Minsk en Biélorussie mais aussi en Russie et en mer de Barents et en Baltique. Cet exercice qui revient tous les quatre ans était le premier depuis l’invasion russe de l’Ukraine qui avait, elle aussi, été précédée par d’importantes manœuvres bilatérale baptisées « Union Resolve » (Союзная решимость) qui avaient alors engagé 200.000 militaires du 10 au 22 février 2022.

Le président Vladimir Poutine qui est venu en personne assister à la fin des manœuvres a déclaré : « les exercices se déroulent sur 41 terrains d’entraînement avec la participation de 100.000 militaires. Environ 10.000 systèmes d’armement et équipement militaires seront et sont utilisés. » Le but de ces manœuvres est de « mettre en place tous les éléments nécessaires à la défense inconditionnelle de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et à la protection contre toute agression » de la Russie et de la Biélorussie.

Selon le ministère russe de la Défense, Andrei Belousov, présent aux côtés du président, Zapad-2025 a mis en œuvre, au-delà des composantes classiques militaires « l’utilisation massive de drones » et de « moyens de guerre électronique » en tenant compte de « l’expérience acquise » sur le front ukrainien.

Toujours selon lui, les troupes engagées se sont entraînées à « repousser une agression militaire à grande échelle » sur « trois fronts et dans la zone arctique. »
Mais Moscou et Minsk ont répété que Zapad 2025 était de nature purement « défensive » et destiné à renforcer la sécurité de la Russie et de la Biélorussie et à contrer toute menace extérieure potentielle.

Des représentants de 23 États, dont les États-Unis, la Hongrie et la Turquie membres de l’Otan, ont assisté à l’exercice militaire.

La presse internationale était aussi conviée mais n’a pas eu accès aux exercices se déroulant en mer de Barents et dans la Baltique, ni aux exercices terrestres se déroulant en Russie et dans la région biélorusse de Grodno, à la frontière avec la Pologne et la Lituanie.
Le ministre biélorusse de la défense Viktor Khrenin a déclaré : « le niveau d’ouverture dont nous faisons preuve au cours de l’exercice est sans précédent par sa transparence. La raison principale est que nous n’avons rien à cacher. Nous sommes également déterminés à réduire les tensions dans la région de l’Europe orientale et nous prenons des mesures concrètes et pratiques pour y parvenir. L’étape la plus importante a été la décision de notre président de déplacer les principales opérations militaires à l’intérieur des terres. »
Seul (gros) bémol, presque rien n’a été divulgué concernant les exercices menés en Russie et en mer.

D’ailleurs, le président Poutine a dit que 100.000 militaires avaient participé à Zapad 2025 alors que le ministre de la défense biélorusse a déclaré : « Une mesure […] importante a été la décision de réduire l’ampleur de l’exercice. Le nombre de soldats concernés est d’environ 7.000, dont 6.000 militaires de la République de Biélorussie et environ 1.000 de la Fédération de Russie. »

Il a même été question de la participation à Zapad 2025 de contingents militaires iraniens, indiens, bangladeshi, burkinabé, congolais, maliens. Il est vraisemblable qu’ils étaient là en observateurs…

Le Premier ministre polonais Donald Tusk n’a pas été convaincu du côté défensif de ces manœuvres les jugeant au contraire « très agressives. » La Pologne a fermé sa frontière avec la Biélorussie avant les exercices, provoquant une réaction de colère de Minsk.
Il faut reconnaître que Zapad 2025 coïncide avec une période de tensions accrues dans la région de l’Europe de l’Est. Alors que la guerre se poursuit en Ukraine, la Pologne a accusé la Russie d’avoir intentionnellement violé son espace aérien avec une incursion de drones. L’OTAN a dépêché des avions de chasse en renfort.
Moscou a répondu en affirmant qu’elle « n’avait pas prévu d’engager des cibles sur le territoire polonais. »
De son côté, la Roumanie a révélé qu’un drone russe avait également violé son espace aérien.
Il est vraisemblable qu’il ne s’agit pas d’ « erreurs » mais d’une stratégie russe visant à tester les défenses aériennes de l’OTAN.

Leçons à tirer de Zapad 2025

Ce qui inquiète les observateurs, ce n’est pas tant la puissance de l’armée russe qui est à relativiser, mais ses efforts pour augmenter ses capacités de guerre électronique exploitables dès le temps de paix et de mettre l’accent sur les missiles de hutte précision tel l’Iskander M. Ces dernier apportent un degré supplémentaire dans la dissuasion « classique ».