À l’occasion de la commémoration du 80è anniversaire de la victoire chinoise sur le Japon qui a clos la Seconde Guerre mondiale, l’Armée populaire de libération (APL) a défilé le 3 septembre sur l’avenue Changan dans le centre de Pékin mettant en vedette les armes les plus récentes et les plus avancées.
À cette occasion, le président Xi Jinping a prononcé un discours.
Il a commencé par rendre un hommage aux anciens combattants chinois dont plusieurs vétérans étaient présents.

Il a appelé à l’éradication des racines de la guerre pour empêcher l’histoire de se répéter. Il a exprimé sa gratitude aux pays étrangers qui ont aidé la Chine à résister à l’invasion japonaise sans nommer explicitement les États-Unis.
Il a également déclaré que la tâche de l’APL était de sauvegarder la souveraineté et l’unification du pays, une référence à la revendication de la Chine sur l’île de Taiwan.
Il a affirmé qu’aujourd’hui la Chine est forte, ne craint personne et est prête à jouer un rôle de premier plan dans le monde: « le peuple chinois est un peuple qui n’a pas peur de la violence et qui est autosuffisant et fort […] nous suivons la voie du développement pacifique et travaillerons main dans la main avec les peuples de tous les pays pour construire une communauté avec un avenir commun pour l’humanité. »
Mais il a précisé que cette dernière devait choisir entre la paix et la guerre, le dialogue et la confrontation…

Des dirigeants du monde, dont le président russe Vladimir Poutine, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le président biélorusse Alexandre Loukachenko et le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim étaient présents lors de cette manifestation.
Le président Trump – non invité – a tweeté un message rageur: «que le président Xi et le merveilleux peuple chinois passent une excellente journée de célébrations. Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong-Un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d’Amérique.»
Le défilé, qui a duré environ 90 minutes, a présenté des missiles, des avions de chasse et d’autres matériels militaires – dont certains ont été montrés publiquement pour la première fois (le détail fera l’objet d’un prochain article.)
Les points forts de l’armement dans le défilé comprenaient quelques nouveautés.
Des Missiles hypersoniques conçus pénétrer les défenses adverses et, pour certains, pour détruire des navires à la mer. Ils préoccupent particulièrement les États-Unis dont le QG de la 7e flotte se trouve au Japon.


Des drones de tous modèles étaient à l’honneur.



Pour le reste, c’était du matériel déjà connu.


Des avions de chasse et des bombardiers ont défilé dans le ciel. Des hélicoptères ont volé en formation, un groupe de 26 appareils dessinant le nombre « 80 » pour le 80e anniversaire de la fin de la guerre.

Le sommet de l’OCS

Cette manifestation militaire avait été précédée par un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ainsi que la réunion « OCS Plus » les 31 août et 1ᵉʳ septembre dans la ville portuaire chinoise de Tianjin.
En tant que président tournant de l’OCS, Xi Jinping a dirigé ces rencontres.
Parmi les principaux participants figuraient le président russe Vladimir Poutine, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président iranien Massoud Pezeshkian, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, le président kirghiz Sadyr Japarov, le président tadjik Emomali Rahmon, le président ouzbek Chavkat Mirzioïev, le président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh, le président azeri Ilham Aliyev, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, le Premier ministre cambodgien Hun Manet, le président maldivien Mohamed Muizzu, le Premier ministre népalais Khadga Prasad Sharma Oli, le Premier ministre égyptien Moustafa Madbouly, le président turkmène Serdar Berdimuhamedov, le président indonésien Prabowo Subianto, le président lao Thongloun Sisoulith, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim et le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres était invité.
L’OCS. Rappel

L’Organisation de coopération de Shanghai trouve son origine dans le mécanisme dit des « Cinq de Shanghai » la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan avant l’adhésion de l’Ouzbékistan comme sixième membre.
Aujourd’hui, l’organisation compte 10 États membres, 2 observateurs et 14 «partenaires de dialogue» répartis entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
Elle couvre environ 24 % de la superficie terrestre mondiale et 42 % de la population du globe.
Les États membres représentent près d’un quart du PIB mondial, avec un volume d’échanges commerciaux multiplié par cent en deux décennies. Leur part dans le commerce mondial est passée de 5,4 % en 2001 à 14,4 % en 2024.
Placée sous le thème « Année du développement durable de l’OCS », la rencontre de Tianjin était la plus importante de l’histoire de l’organisation. Les dirigeants ont adopté la «Déclaration de Tianjin» ainsi qu’une stratégie décennale, en plus de documents finaux portant sur la sécurité, le commerce, l’énergie et la coopération culturelle.
Selon des analystes, cette rencontre est perçue comme une démonstration majeure de solidarité du «Sud global» face à la deuxième présidence de Donald Trump, notamment après l’imposition par son administration de tarifs « réciproques » à l’encontre de la Chine et de l’Inde.

Pour l’Iran, le sommet constituait une tribune afin de mobiliser des soutiens contre le rétablissement de sanctions dites « automatiques » visant son programme nucléaire, décidées par le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. La Chine et la Russie ont déjà exprimé leur opposition à cette mesure.
Cette réunion marque également le premier déplacement de Narendra Modi en Chine depuis plus de sept ans, dans un climat toujours tendu après les affrontements frontaliers de 2020 au Cachemire administré par l’Inde.

Pékin a promis de mettre en place 1000 formations en technologies numériques au cours des trois prochaines années et a invité ses partenaires à rejoindre son système de navigation BeiDou (comme les autres systèmes GPS, Galileo ou Glonass, les satellites Beidou envoient deux types de signaux: le premier n’est utilisable que par les militaires tandis que le deuxième, fournissant une position moins précise, est utilisable pour des applications civiles) ainsi que le projet de Station internationale de recherche lunaire.
Le sommet à donné lieu à de multiples rencontres bilatérales.
Notamment, selon les medias russes, le président Poutine s’est entretenu presque une heure en «face à face» dans sa voiture blindée avec le Premier ministre indien, avant leur rencontre officielle. M. Poutine a évoqué «une relation spéciale, amicale […] Nous coordonnons étroitement nos efforts sur la scène internationale.»
M. Modi a lui aussi salué au début de la rencontre «un partenariat stratégique spécial et privilégié.» Mais il a pressé la Russie et l’Ukraine de «mettre fin au conflit le plus vite possible et de parvenir à une paix stable.»
Il parait que le président Trump est furieux que l’Inde échappe ainsi à son influence…
Lors de discours, les présidents chinois et russe Xi Jinping et Vladimir Poutine s’en sont tour à tour pris aux États-Unis et à l’Occident.
M. Xi a pourfendu une «mentalité de guerre froide» et «les actes d’intimidation» à l’œuvre actuellement selon lui, dans une référence à peine voilée aux États-Unis.
Il a par ailleurs plaidé pour «un monde multipolaire juste et ordonné» ainsi qu’une «gouvernance plus juste et raisonnable.» Il a présenté l’OCS comme un modèle possible de multilatéralisme, exaltant un «esprit de Shanghai.»
M. Poutine a défendu son offensive en Ukraine accusant une nouvelle fois l’Occident de l’avoir provoqué: «cette crise n’a pas été déclenchée par l’attaque de la Russie en Ukraine, elle est le résultat d’un coup d’État en Ukraine, qui a été soutenu et provoqué par l’Occident […] [et] les efforts constants de l’Occident pour entraîner l’Ukraine dans l’Otan.»
Les pays du «Sud-global» appelés précédemment «pays en développement» pour effacer la mauvaise image de «pays du tiers monde» semblent rétifs à l’influence que semble vouloir leur imposer l’Occident emmené par les États-Unis. Certes l’Amérique latine qui en fait partie n’est pas présente au sein d l’OCS mais le sentiment «antiyankee» y est historique. Il serait utile que les dirigeants politiques occidentaux informent les peuples dont ils sont les représentants des modifications fondamentales qui sont en train de voir le jour.