Cela fait des années qu’Israël neutralise ses ennemis mortels jusque dans leurs repaires étrangers. Ces opérations ciblées ont considérablement été accrues après les massacres du 7 octobre 20223 puis lors de la guerre menée contre l’Iran en 2025.

Les cibles sont des responsables de responsables ennemis dont les Iraniens et les Yéménite du mouvement houthi mais aussi les terroristes du Hezbollah, du Hamas et appartenant à des groupes salafistes-jihadistes du groupe État islamique (Daech) et d’Al-Qaida.

Gaza

Ainsi, à la fin août, Tsahal a attaqué et éliminé lors d’un raid aérien dirigé par le Commandement Sud et les Renseignements militaires, le chef du district « Palestine » de l’organisation terroriste Daech dans la bande de Gaza, le terroriste Muhammad Abd al-Aziz Abou Zoubayda dans la région d’Al-Bureij.
Selon les renseignements israéliens, « Abou Zoubayda occupait le poste le plus élevé au sein de l’organisation terroriste Daech dans la bande de Gaza et était responsable de la définition des politiques, de la planification et de l’exécution des méthodes d’action de l’organisation en Judée-Samarie, dans la bande de Gaza et au Sinaï.»
L’État hébreu a précisé : « l’organisation terroriste Daech a activement participé aux combats contre les forces de Tsahal dans la bande de Gaza et a également agi pour transférer du matériel de combat et collecter d’importants fonds destinés au terrorisme depuis la Judée-Samarie vers la bande de Gaza. »

Dans la réalité, les mouvements salafistes-jihadistes ne se sont pas vraiment intéressés à la « cause palestinienne » par le passé pour des raisons idéologiques : ils prônent la guerre sainte qui doit conduire à un califat mondial géré par la Charia alors que les Palestiniens mènent un combat nationaliste-religieux.
Si les groupes qui se revendiquaient d’Al-Qaida ont bien existé en Cisjordanie et à Gaza, ils ont été combattus par l’Autorité palestinienne – en mal de reconnaissance internationale – et par le Hamas – jaloux de ses prérogatives -. Plusieurs petites cellules d’Al-Qaida apparues à Gaza depuis le début des années 2000 ont été rudement réprimées par le Hamas.
Il en fut de même pour Daech.
Ainsi, le Ansar Bait al-Maqdis (ABM « soutien de la Maison sainte » ou Ansar Al-Qods « soutien de Jérusalem ») était un groupe salafiste-jihadiste qui opérait essentiellement dans le Sinaï de 2011 à 2014. Affilé initialement à Al-Qaida, il a fait sécession en septembre 2014 pour prêter allégeance à Daech. Le groupe a alors été baptisé la « province du Sinaï de l’État islamique. »

Pour mémoire, la wilayah Sinaï de Daech (Islamic State-Sinaï Province, IS- SP) qui a été très active jusqu’en 2022 a commencé à se déliter sous les coups de l’armée égyptienne discrètement aidée par des tribus bédouines et l’État hébreu.
Par contre, la cause palestinienne a toujours servi la propagande d’Al-Qaida puis de Daech qui cherchaient à recruter de nouveaux adeptes car elle est populaire dans la rue arabe (mais moins dans les palais.)
Ainsi une fatwa publiée en 1998 sous le nom de « Front islamique international », appelait au « jihad contre les Juifs et les Croisés. » Elle était notamment signée par Ben Laden et Ayman al-Zawahiri. Ce message a été répété à maintes reprises dans les publications de la nébuleuse dont « Al Malahem Media », « Inspire » puis par Daech, notamment dans Dabiq.

Les shebabs – banche d’Al-Qaida en Somalie – ont utilisé le soutien américain à Israël pour justifier leurs attaques, notamment le raid meurtrier de Manba Bay au Kenya en 2020. Ce raid s’inscrivait dans une campagne plus vaste, les opérations « Al-Qods (Jérusalem) ne sera jamais judaïsée. »
En juin 2025, AQPA a publié une déclaration qualifiant les violences à Gaza de « guerre sioniste-croisée mondiale par excellence » et a comparé les « destructions et dévastations [à Gaza] à trois fois celles larguées sur la ville japonaise d’Hiroshima lors de sa destruction par la bombe nucléaire américaine.» Le communiqué ajoute : « ce que vous voyez et entendez à chaque instant, une seule scène suffit pour que nous nous précipitions, en groupes ou seuls, légers et lourds, vers notre Al-Aqsa, notre Jérusalem, notre peuple et nos frères dans la cause de l’islam, de la dignité et du sacrifice. »
AQPA a également qualifié les dirigeants politiques américains d’« esclaves des Juifs, soumis et obéissants à leurs maîtres, les chefs des croisades sionistes mondiales. »

Sur X, une nouvelle formation aussi appelée « Ansar Bait al-Maqdis » est apparue il y a un an comme un groupe jihadiste armé établi à Gaza il y a un an. Il se revendiquerait de l’idéologie prônée par Oussama Ben Laden.
Al-Maqdis a remercié Ansar al-Charia, la représentation politique d’AQPA au Yémen, pour « des fonds et des dons » qui seraient parvenus à l’organisation.

Le porte-parole depuis 2004 des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas dans la bande de Gaza, a été ciblé par une frappe aérienne israélienne le 30 août. Houdayfa Samir Abdallah al-Kahlout alias Abou Obeida qui apparaissait toujours masqué lors de ses interventions médiatiques était considéré comme un véritable symbole dans la bande de Gaza et dans le monde arabe en général. Tsahal avait diffusé une reconstitution de son visage.

Il s’était fait connaître en 2006 lorsqu’il avait annoncé l’enlèvement du soldat franco-israélien, Gilad Shalit. Depuis, il était devenu le porte-parole des déclarations les plus médiatisées du groupe terroriste et de sa guerre psychologique.
Sa dernière déclaration, diffusée vendredi 29 août soir, avertissait Israël que son opération militaire pour prendre le contrôle de Gaza City exposerait les otages présents dans la zone aux « mêmes risques » que les combattants du groupe terroriste : « nous prendrons soin des prisonniers [otages] du mieux que nous pouvons, et ils seront avec nos combattants [terroristes] dans les zones de combat et d’affrontement, soumis aux mêmes risques et aux mêmes conditions de vie. »

Le 31 août, Tsahal a neutralisé Amjad Abou Al-Jubain, l’un des responsables de la production de roquettes des Brigades Al-Qassam ainsi que ses deux fils, eux-mêmes activistes de cette même unité.

Liban

Parallèlement, Tsahal poursuit sa série d’éliminations ciblées de terroristes de la force « Radwan » (al-Hajj Radwan) de l’organisation terroriste Hezbollah au Liban.

En effet, un avion de l’armée de l’air a « frappé et éliminé le terroriste Ahmed Na’im Matuk dans la région de Sir al-Arabiya, au sud du Liban. « Le terroriste était à la tête d’un bataillon de la force Radwan de l’organisation terroriste Hezbollah et, pendant la guerre, a perpétré de nombreux complots terroristes contre l’État d’Israël. Ses actes constituent une violation des accords entre Israël et le Liban. Tsahal continuera d’agir pour éliminer toute menace contre l’État d’Israël. »

Yémen

Le mouvement rebelle houthi du Yémen soutenu par Téhéran a confirmé que son Premier ministre autoproclamé, Ahmed Ghaleb Nasser al-Rahawi qui occupait ce poste depuis août 2024 a été tué le 28 août.
L’armée israélienne a déclaré qu’al-Rahawi et d’autres hauts responsables houthis avaient été « éliminés » lors de l’opération de bombardement « Lucky Drop » qui a frappé un rassemblement dans la région de Sanaa.
Le site d’information saoudien al-Hadath rapporte que le ministre des Affaires étrangères des Houthis, ainsi que les ministres de la Justice, de la Jeunesse et des Sports, des Affaires sociales et du Travail, ont été tués.

Le bureau de Mehdi Hussein al-Machat président du Conseil politique suprême des Houthis, a déclaré que plusieurs autres ministres avaient « subi des blessures modérées et graves » à la suite de la frappe.
Il a ajouté que Muhammad Ahmed Miftah, le vice-Premier ministre houthi, remplacerait Rahawi.

Abdul-Malik al-Houthi, le chef du mouvement, ainsi que le ministre de la Défense et le chef d’état-major du groupe, ne figureraient pas parmi les victimes de l’attaque.

L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué le 30 août qu’elle avait mené la frappe « quelques heures » après avoir reçu des renseignements concernant le rassemblement.
Il est à noter que jusqu’à présent, les services de renseignement occidentaux – et israéliens – semblaient fort démunis face aux Houthis, ces derniers faisant preuve d’une grande discrétion. Seuls les objectifs fixes repérés depuis longtemps par les moyens techniques (aéroports, radars et batteries immobiles, dépôts, bâtiments de la défense, etc.) étaient bombardés. Les opérations « homo » ciblées semblaient extrêmement difficiles à réaliser faute de cibles bien définies dans le temps et l’espace. Cette période semble révolue et pourrait créer une véritable paranoïa au sein de la classe dirigeante houthie. Cela dit, la véritable structure opérationnelle houthie n’a pas été entamée le gouvernement décapité n’étant que la « façade promotionnelle » du pouvoir houthi. Il faut attendre les opérations à venir pour savoir si le Mossad a réussi une mission d’infiltration efficace.

Pour mémoire, les Houthis contrôlent une grande partie du nord-ouest du Yémen depuis 2014, après avoir chassé le gouvernement internationalement reconnu de Sanaa et déclenché une guerre civile dévastatrice.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, ils ont régulièrement lancé des missiles sur Israël et ciblé des navires commerciaux en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, affirmant qu’ils agissaient en solidarité avec les Palestiniens.

Israël qui se considère comme menacé existentiellement depuis sa création en 1948 s’autorise toutes les armes pour neutraliser ses adversaires. Il est évident que cela va se poursuivre dans les années à venir sans espoir de changements majeurs.