Les deux dirigeants ont d’abord eu un entretien en tête à tête en présence de proches collaborateurs. Cette discussion a duré trois heures.
La brève conférence de presse qui a suivi n’avait apporté aucunes nouvelles informations sur ce que l’on savait déjà
Curieuse démonstration de force US

Des chasseurs F-35 escortant un B-2 ont survolé la base à l’arrivée de Trump et Poutine. Des chasseurs F-22, ainsi que des hélicoptères d’attaque AH-64 Apache, étaient également exposés au sol. Il n’est pas sûr que cela ait impressionné le président Poutine qui peut avoir estimé cette démonstration martiale comme déplacée pour une rencontre entrant dans le cadre d’une réunion intitulée : « À la poursuite de la paix. » Cependant, le président Trump a multiplié les amabilités vis-à-vis de son invité invitant même son homologue russe dans sa voiture pour rejoindre la salle de réunion (pour l’anecdote, un ancien directeur de la CIA demande à ce que le secret service inspecte à fond le véhicule car « Poutine pourrait y avoir déposé des micros… ».)
Dernière amabilité, lors de la conférence de presse conjointe, Poutine a été invité à parler le premier alors que le protocole aurait voulu que l’invitant – Trump – soit le premier à le faire.
Il s’est dit « sincèrement intéressé » à mettre fin au conflit… Il a ajouté s’attendre à ce que l’Ukraine et ses alliés européens acceptent de manière constructive les résultats des négociations américano-russes et ne tentent pas de « perturber les progrès qui se dessinent. »
Trump a ensuite déclaré : « nous avons progressé » tout en précisant : « il n’y a pas d’accord jusqu’à ce qu’il y ait un accord. » Cette phrase a été par la suite explicitée : il n’est plus question d’un cessez-le-feu qui ne serait pas respecté mais d’aller directement à l’essentiel : un accord de paix.
Dans un entretien sur la chaîne Fox News enregistré juste après la rencontre, Donald Trump a estimé qu’un accord pour mettre fin à la guerre «dépendait vraiment du président» ukrainien.
D’ailleurs ce dernier a été convoqué à la Maison-Blanche le 18 août. Des dirigeants européens se sont alors invités à Washington…
Trump devrait dans une rencontre tête à tête intimer à Zélinsky de choisir entre un accord de paix – qui dans les grandes lignes gèlerait la situation actuelle – et la poursuite de la guerre mais à ce moment là, sans l’aide directe des États-Unis. Il ne pourrait alors plus compter que sur l’Union européenne avec tous les problèmes afférents…
Une victoire temporaire pour Poutine ?
Le simple fait d’avoir été reçu par le président américain est une victoire pour Poutine, ostracisé par les dirigeants occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
De nombreux observateurs se sont émus que Poutine sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre ait été accueilli sur le sol américain. Mais cette juridiction créée lors de la Conférence de Rome (1998) finalisée statutairement le 25 octobre 2024 (par 125 États sur les 193 membres de l’ONU) n’a ensuite pas été ratifiée par 29 États, dont la Russie et les États-Unis. Sur le plan purement légaliste, ces deux pays n’ont pas à se soumettre aux demandes de la CPI… (la Chine et l’Inde n’ont même pas signé la création de la CPI.)
Après le sommet, Trump a déclaré sur Fox News, qu’il sursoyait à imposer des droits de douane à la Chine pour l’achat de pétrole russe : « à cause de ce qui s’est passé aujourd’hui, je pense que je n’ai pas besoin d’y penser maintenant […] J’y réfléchirai peut-être dans deux ou trois semaines, mais nous n’avons pas besoin d’y penser maintenant.»
À remarquer que Trump avait également menacé Moscou de sanctions, mais n’a pas encore donné suite, même après que Poutine a ignoré l’échéance du cessez-le-feu imposé par la Maison-Blanche plus tôt ce mois-ci.
Les conditions de Poutine ssont toujours les mêmes :
Zelensky, pour sa part, a affirmé que si la paix est indispensable, aucun accord ne peut être conclu sur un échange de territoires. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment la constitution ukrainienne qui l’interdit ainsi que la volonté du peuple.
Les responsables européens ont rejeté les appels de Poutine à l’abandon des territoires annexés par l’Ukraine, exigeant un cessez-le-feu immédiat de Moscou et, à terme, l’adhésion de Kiev à l’OTAN.
La situation sur le terrain

Les gains de la Russie en 2025 (en jaune sur la carte ISW ci-avant) ne sont pas énormes en soi, mais dans une guerre d’usure classique, la puissance dominante prend progressivement l’avantage.
Cela dit, des renforts ukrainiens sont arrivés sur les zones en difficulté pour tenter d’inverser la situation.
Ainsi, selon @Deepstate UA, l’Ukraine a redéployé des éléments des 79ème et 82ème brigades d’assaut aérien, des 1er et 425ème régiments d’assaut, de la 25ème bataillon aéroporté, du 2ème bataillon de la 92ème brigade d’assaut, des 32ème et 93ème brigades mécanisées, de la 38ème brigade de marine, de la 14ème brigade de la garde nationale, de la brigade magyare, de la police nationale et du SBU ainsi que du 1er corps Azov pour contenir l’avancée de la Russie à l’est de Dobropillia. Des contre-attaques auraient été lancées avec succès.
En plus des combats en cours, la Russie continue de bombarder les villes ukrainiennes tandis que Kiev riposte en frappant les raffineries et les approvisionnements en armes russes.

Ainsi, à la mi-août, les forces d’opérations spéciales ukrainiennes ont frappé le port d’Olia sur la mer Caspienne, coulant le cargo « Port Olya 4 ». Le navire transportait apparemment des composants pour drones Shahed et des munitions en provenance d’Iran.
Quelles vont être les suites ?
Selon un ancien haut responsable des services de renseignement extérieurs français, Zelinsky « est foutu » car ce dernier va être obligé de se soumettre au bon vouloir de Washington. S’il ne le fait pas, il perdra tout le soutien des Américains et les Européens sont très loin de pouvoir les remplacer. Il est probable que dans les deux cas, il risque sa tête. Certes, l’homme a déjà fait preuve d’un grand courage lors de l’invasion russe refusant d’être exfiltré de Kiev par les Américains. Mais il devine certainement qu’il est désormais dos au mur…
Et l’Europe ?

Macron, Starmer, Merz, Meloni, Tusk et Stubb ont publié une déclaration commune après la rencontre Trump-Poutine.
« Nous saluons les efforts du président Trump pour mettre fin à l’effusion de sang en Ukraine, mettre fin à la guerre d’agression de la Russie et parvenir à une paix juste et durable. Comme l’a déclaré le président Trump : « Il n’y a pas d’accord tant qu’un accord n’est pas conclu.
Selon le plan du président Trump, la prochaine étape doit inclure de nouvelles discussions impliquant le président Zelensky, qu’il rencontrera bientôt.
Nous souhaitons également exprimer notre volonté de coopérer avec le président Trump et le président Zelensky pour organiser un sommet trilatéral soutenu par l’Europe.
Nous soulignons fermement que l’Ukraine doit recevoir des garanties de sécurité à toute épreuve pour défendre efficacement sa souveraineté et son intégrité territoriale. Nous saluons la déclaration du président Trump selon laquelle les États-Unis sont prêts à fournir de telles garanties de sécurité. La Coalition des Volontaires est prête à jouer un rôle actif dans ce processus.
Toutefois, les forces armées ukrainiennes et leur coopération avec des pays tiers ne devraient être soumises à aucune restriction. La Russie ne doit pas avoir de droit de veto sur l’éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN. C’est l’Ukraine qui prendra les décisions concernant son territoire.
Les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force.
Nous continuerons de soutenir l’Ukraine. Nous sommes déterminés à redoubler d’efforts pour maintenir la position forte de l’Ukraine afin de mettre fin aux combats et de parvenir à une paix juste et durable. Nous exprimons notre volonté de continuer à exercer une pression sur la Russie jusqu’à ce que l’effusion de sang en Ukraine cesse.
Nous continuerons à renforcer les sanctions et les mesures économiques plus larges pour faire pression sur l’économie de guerre de la Russie jusqu’à ce qu’une paix juste et durable soit obtenue. L’Ukraine peut compter sur notre solidarité indéfectible dans les efforts visant à parvenir à une paix qui préserve les intérêts vitaux de l’Ukraine et de l’Europe dans le domaine de la sécurité. »
Forts de cette déclaration, ils se sont invités à Washington pour accompagner leur ami Zelinsky.
Il est difficile de dire comment cela va se dérouler à la Maison-Blanche car le programme prévu lors de la « rencontre d’Alaska » n’avait déjà pas été respecté. Les dernières rumeurs parlent d’une première rencontre entre Trump et Zelinsky dans le bureau ovale suivie d’un repas avec les Européens puis une réunion de travail réunissant tout le monde (y-compris le secrétaire général de l’OTAN)…
Quant à la suite, personne ne sait ce qu’elle sera…