Cette désignation n’est pas nouvelle puisque le Congrès avait envisagé cette idée depuis à partir de 2012.
Une note d’information de la Maison Blanche décrivant les premières priorités de la nouvelle administration dit : « le président Trump entamera le processus de désignation des cartels, y compris le dangereux gang « Tren de Aragua » [Venezuela], comme Organisations terroristes étrangères et utilisera la loi sur les ‘ennemis de l’étranger’ pour les neutraliser ».
À l’heure actuelle, de nombreux cartels mexicains ainsi que plusieurs gangs sont classés dans la catégorie des « Organisations criminelles transnationales » (OCT ou TCO en anglais) ce qui permet aux services US de les cibler mais aussi de sanctionner économiquement ceux qui font des affaires avec eux.
La désignation « OTE » inclut les groupes criminels répertoriés dans la liste de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) – organisme de contrôle financier dépendant du département du Trésor des États-Unis -.
Le Texas avait désigné les cartels comme OTE dès 2022 à l’échelle de l’État car il était infiltré par de nombreux gangs mexicains.
Les conséquences
Cette nouvelle classification permet aux États-Unis à recourir à la force militaire et à intervenir dans le cadre du mandat relatif à la guerre contre le terrorisme décrété après les attentats du 11 septembre 2001.
Les accusations portées contre les cartels de la drogue sont passibles de peines beaucoup plus lourdes que dans le précédent statut « OCT ».
Les membres des cartels sont maintenant considérés par les autorités américaines comme des terroristes, ce qui n’est pas étonnant quand on connaît leur cruauté – qui a même dépassé celle des bourreaux du groupe État Islamique (Daech) – et le danger qu’ils représentent pour la société et les populations civiles.
Ceux qui les aident, qu’ils soient volontaires ou forcés de travailler pour eux, seront considérés comme « soutien » au terrorisme.
Cela inclut des milliers de personnes ayant des liens avec des cartels y compris des « mules » (transporteurs de drogue), les blanchisseurs d’argent, des agents de la force publique corrompus et même les toxicomanes eux-mêmes.
S’il y a eu mort d’homme dans une affaire, les peines peuvent aller jusqu’à la prison à vie et 125.000 dollars d’amende.
Les migrants qui paient des cartels pour passer la frontière américaine sont considérés comme leur ayant fourni un soutien financier ce qui les rend inéligibles à l’asile aux États-Unis et soumis à une expulsion plus rapide ou à d’éventuelles accusations criminelles.
Ceux qui paient une « protection » (racket) ou même une rançon lors d’un enlèvement, sont considérés comme finançant sciemment des opérations des cartels.
La désignation de cartels mexicains comme des OTE aura des incidences politiques et diplomatiques au Mexique.
Mais cela aura également un impact important pour les entreprises liées au Mexique.
Cette désignation signifie que tout paiement effectué par une entreprise à des organisations ou à des particuliers affiliés aux cartels et toute assistance logistique qui leur est fournie pourraient être considérés comme un appui matériel aux organisations terroristes.
La suite risque d’être retentissante. Des membres des cartels considérés comme des « combattants étrangers » peuvent être éliminés – bien sûr sans jugement – à l’étranger (et aux États-Unis) lors d’opérations « homo » comme cela a été le cas pour de nombreux jihadistes depuis le 11 septembre 2001.
Selon le pays où ces actions seront entreprises (le Mexique en particulier), cela risque de tourner à des crises diplomatiques de première importance. Il n’est pas dit qu’un scenario à l’« afghane » ne se renouvelle vers un pays d’Amérique latine (Venezuela, Panama, etc.) sous le prétexte de « guerre contre le terrorisme ».
Si des prisonniers sont faits, ils ne sont plus soumis au traitement judiciaire normal mais peuvent être incarcérés pour des périodes indéterminées à Guantánamo où le Camp Delta commence à manquer de résidents car les jihadistes emprisonnés ayant pour nombre d’entre eux été rendus à leurs pays d’origine ou jugés par des tribunaux américains.
Après des dizaines d’années d’hésitation, les responsables politiques se sont enfin rendus compte que la criminalité organisée représente la plus grande menace pour la stabilité des Démocraties en raison de sa puissance financière (et donc de corruption), sa pénétration de l’économie légale et ses violences sans limites. La lutte contre la criminalité organisée est en conséquence une priorité pour les gouvernements démocratiques.
Trump semble avoir choisi la manière forte avec toutes les pertes collatérales que cela peut engendrer. Il va falloir attendre pour voir les résultats de cette politique audacieuse mais risquée.