Lors de la campagne électorale américaine, la promesse du candidat Donald Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine en un jour le place maintenant dans une position à avoir à choisir entre diverses propositions concurrentes mais en rupture avec l’approche du président Joe Biden.

Pour le moment, Trump élu n’a pas révélé comment il ferait. La seule chose certaine est qu’un contact va être établi entre l’administration montante et le Kremlin mais la manière dont il persuadera le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky de négocier reste inconnue.

Des rumeurs que laissent échapper quelques conseillers de nouveau président américain parlent d’un plan prévoyant le gel de la ligne de front (1.000 kilomètres) avec la mise en place d’une zone démilitarisée à la « Coréenne ». Mais différence majeure, la force d’interposition  n’impliquerait pas les troupes américaines ni un organisme international financé par les États-Unis comme les Nations unies. Un membre de l’équipe Trump précise : « nous pouvons faire de l’entraînement et d’autres soutiens, mais l’exécutant sera européen […] Nous n’envoyons pas des hommes et des femmes américains pour défendre la paix en Ukraine. Et nous ne payons pas pour ça. Obtenez les Polonais, les Allemands, les Britanniques et les Français de le faire ».

Cette proposition fait écho à certains égards aux commentaires formulés par le vice-président élu JD Vance lors d’un entretien en septembre, lorsqu’il a suggéré qu’un accord final entre l’Ukraine et la Russie pourrait impliquer une zone démilitarisée « fortement renforcée afin que les Russes n’envahissent pas à nouveau ».

Le Wall Street Journal a rapporté que l’équipe Trump envisageait effectivement de geler la ligne de frontmais aussi de forcer Kiev à renoncer à toute discussion sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN pendant vingt ans. En échange, les États-Unis continueraient à fournir des armes à l’Ukraine, afin de dissuader de nouvelles attaques russes.

Premières réactions de Vladimir Poutine

Le 7 octobre Vladimir Poutine a félicité Donald Trump pour sa victoire. Durant la campagne électorale américaine, il avait dit être favorable à une victoire de Kamala Harris mais son sourire ironique avait bien montré que ce n’était qu’une plaisanterie.

Parlant de Trump a notamment déclaré : « il s’est révélé être une personne courageuse » en référence au comportement de Trump après qu’un homme armé lui a tiré dessus lors d’un meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie, le 14 juillet ; « les gens montrent qui ils sont dans des circonstances extraordinaires. C’est là qu’une personne se révèle. Et il s’est montré, à mon avis, d’une manière très correcte, courageuse. Comme un homme ».

Poutine a également affirmé que Trump avait été « traqué par tous les camps » pendant la campagne.

Les déclarations de Trump sur l’Ukraine et son désir de rétablir les relations avec la Russie méritent à son avis «  au moins d’être pris en compte ».

Il s’est donc dit « prêt » à dialoguer avec Donald Trump, critiquant les autres dirigeants mondiaux qui « l’appelaient toutes les semaines » mais qui ont désormais arrêté de le faire.

Mais il a réitéré les exigences de la Russie en faveur d’un accord, notamment que l’Ukraine reste neutre et renonce à toute ambition d’intégration à l’OTAN. Dans le cas contraire, a-t-il déclaré, l’Ukraine serait « constamment utilisée comme un outil entre de mauvaises mains et au détriment des intérêts de la Fédération de Russie ».

La « neutralité » prônée par Poutine ne s’étend pas aux territoires ukrainiens occupés et annexés par la Russie au cours de la dernière décennie. Interrogé sur les futures frontières de l’Ukraine, Poutine a déclaré qu’elles devraient être « conformes aux décisions souveraines des peuples qui vivent dans certains territoires et que nous appelons nos territoires historiques », suggérant que Moscou souhaite conserver le contrôle des territoires qu’il a conquis.

Le président Zelensky est inquiet

Le président Zelensky a déclaré que les appels à un cessez-le-feu étaient « dangereux » et « irresponsables », car ils n’offraient aucune garantie de sécurité pour l’Ukraine. À l’issue d’un sommet des dirigeants européens à Budapest, il a déclaré :  « Il doit y avoir un plan clair ».

Réaction du secrétaire général de l’OTAN

Le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte a déclaré que l’implication de la Corée du Nord dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine constituait une menace directe pour les États-Unis.

Les alliés de l’Otan estiment que maintenir Kiev dans la lutte contre Moscou est essentiel à la sécurité européenne et américaine, et Rutte a cherché à relier pour Trump les points entre le conflit et les principaux ennemis de Washington ailleurs : « ce que nous voyons de plus en plus, c’est que la Corée du Nord, l’Iran, la Chine et bien sûr la Russie travaillent ensemble, travaillent ensemble contre l’Ukraine […] Dans le même temps, la Russie doit payer pour cela, et l’une des choses qu’elle fait est de livrer de la technologie à la Corée du Nord, ce qui menace désormais à l’avenir le continent américain et l’Europe continentale ».

Mais toute manœuvre pour lancer des pourparlers de paix entre l’Ukraine et la Russie, et encore moins conclure un accord, se heurte à de nombreux écueils.

D’une part, l’Ukraine et la Russie ont des objectifs de guerre très différents et peu de désir de les modifier.

Avec la progression des troupes russes en Ukraine, le Kremlin n’a pas montré l’envie de négocier.

Il y aura également une forte résistance de la part de certains alliés de l’OTAN, qui considèrent l’agression de la Russie contre l’Ukraine comme une menace immédiate pour leurs propres pays.

La balle est désormais dans les mains de Trump qui ne sera officiellement investi président des États-Unis que le 20 janvier. Difficile de croire que le lendemain, la guerre s’arrêtera en Ukraine. Et surtout, il ne faut pas oublier qu’il a montré par le passé qu’il est totalement imprévisible mais que son idée maîtresse reste « America first ». Il agira uniquement dans ce qu’il pense être de l’intérêt de son pays et de ses concitoyens.

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