Alors que les résultats de l’élection présidentielle américaine viennent de tomber – mais ne sont pas encore officiels - , les États-Unis ont procédé à une nouvelle démonstration de leurs capacités de dissuasion nucléaire.

Le Global Strike Command de l’Air Force a annoncé le lancement d’un missile balistique intercontinental non armé Minuteman III. Il a eu lieu depuis la base spatiale nord de Vandenberg dans la nuit du 5 au 6 novembre.

Selon les autorités militaires : « cet essai souligne l’engagement des États-Unis à garantir l’état de préparation et la fiabilité de leurs forces nucléaires. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus vaste visant à valider l’efficacité, la précision et l’état de préparation de la stratégie de dissuasion nucléaire du pays ».

Toutefois, elles ont souligné le caractère « routinier » de cette opération révélant que le lancement avait été planifié des années à l’avance, ce qui reflète la volonté constante des États-Unis de maintenir la transparence opérationnelle et la prévisibilité de leurs mesures de défense. Les deux derniers essais avaient eu lieu depuis la même base les 4 et 6 juin de cette année.

Conformément accords internationaux, les États-Unis ont transmis une notification préalable au lancement conformément au Code de conduite de La Haye. En outre, conformément aux accords bilatéraux et aux engagements visant à réduire les risques de malentendus, le gouvernement russe a été informé à l’avance de l’essai.

Toutefois, il est aussi normal de souligner que la date de l’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis était aussi prévue des années à l’avance…

Durant la campagne électorale, beaucoup a été dit sur les menaces existentielles posées par le changement climatique et l’intelligence artificielle (IA). C’est oublier qu’il existe une troisième menace existentielle : le risque d’anéantissement nucléaire. C’est une question dont le prochain occupant de la Maison Blanche devra prendre en compte même si elle a été rarement mentionnée lors de la campagne électorale.

Aujourd’hui, un seul accord reste en place limitant les forces nucléaires stratégiques américaines et russes, le « nouveau traité START » or il expire le 4 février 2026.

Avant même l’invasion de l’Ukraine, la Russie menait déjà une ambitieuse campagne de modernisation nucléaire qui comprenait la construction de torpilles nucléaires « apocalyptiques » conçues pour effacer les villes côtières et potentiellement placer une arme nucléaire dans l’espace. L’« impensable » d’autrefois est redevenu possible. Par ailleurs, le président Vladimir Poutine a multiplié les exercices « nucléaires » depuis l’invasion de l’Ukraine.

La Chine a lancé son propre projet ambitieux d’armes nucléaires. Le Pentagone estime que l’arsenal nucléaire stratégique chinois atteindra les 1.000 ogives d’ici la fin de la décennie, soit cinq fois plus que ce qu’il avait en 2019. Cela complique considérablement les calculs stratégiques pour Washington et Moscou.

Autres mouvements significatifs

Plus en phase avec l’actualité récente, le commandement central des États-Unis a annoncé le déploiement d’avions supplémentaires dont des bombardiers stratégiques B-52 dans sa zone d’influence, qui comprend le Moyen-Orient et le Proche-Orient.

Les bombardiers B-52 Stratofortress appartiennent à la 5ème escadre de la base aérienne de Minot dans le Dakota du Nord. Ils peuvent servir de dissuasion pour que l’Iran ne réponde pas à l’attaque israélienne contre des bases et objectifs militaires à la fin octobre (voir « RAID ISRAÉLIEN SUR L’IRAN » du 28 octobre 2024).

Le 2 novembre, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a effectivement menacé Israël et les États-Unis, promettant qu’ils « recevraient une réponse écrasante » pour leurs actions contre la République islamique et l’alliance anti-israélienne de « l’Axe de la Résistance ».

a/s l’« État profond »

L’« État profond » américain se serait ainsi rappelé au bon souvenir des deux candidats – quelque-soit le vainqueur -.

Cette dénomination (considérée par nombre d’observateurs comme « complotiste ») désigne un supposé réseau clandestin de personnalités servant au sein de la Défense, du FBI et de la CIA. Elles agiraient en collaboration avec des entités et des dirigeants financiers et industriels (le fameux complexe militaro-industriel(1)) de haut niveau pour exercer le pouvoir aux côtés ou au sein du gouvernement élu des États-Unis.

Or, Donald Trump a toujours montré une hostilité à ce concept ce qui risque de provoquer des conflits internes aux États-Unis dans les mois à venir.

Le 17 janvier 1961, lors de son discours de fin de mandat, le président Dwight D. Eisenhowerâgé de soixante-dix ans met en garde son pays contre la possible montée en puissance d’un « complexe militaro-industriel » : « dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques… »

 

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