Les experts militaires du monde entier ont salué l’opération menée par les Israéliens, inédite par son ampleur, ayant consisté à faire exploser de manière simultanée, les 17 et 18 septembre 2024, plusieurs milliers de bipeurs Apollo AR-924 et talkies-walkies utilisés par les membres du Hezbollah au Liban, mais aussi en Syrie et en Irak.

S’il n’est pas compliqué de piéger des appareils de ce type — de nombreuses opérations d’assassinat ciblé dans le passé l’ont été avec des téléphones —, c’est l’ampleur du sabotage, la simultanéité, le nombre de tués (une quarantaine) et de blessés (plusieurs milliers) et enfin les conséquences, car durant douze à quarante-heures, les structures de commandement du Hezbollah ont été paralysées avec l’arrêt de son réseau de communication, qui impressionnent. D’autant que ce réseau rustique avait été expressément demandé par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait appelé les membres à cesser d’utiliser des smartphones, trop faciles à être pénétrés par les services israéliens !

En quelques minutes et par deux fois, à un jour d’intervalle, Israël a réussi à mettre hors d’état de combattre plus de mille cinq cents combattants du Hezbollah (beaucoup sont devenus aveugles ou ont perdu l’usage de leurs mains). Il s’agit assurément d’une victoire militaire, concrétisée dix jours plus tard par le bombardement (85 bombes d’une tonne !) du quartier général du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth avec, pour cible principale, Hassan Nasrallah et son élimination, ainsi que plusieurs autres hauts responsables du mouvement.

Au même moment, Tsahal, qui lançait l’opération Flèche du Nord dans le sud du Liban à coups d’actions commandos et d’attaques aériennes, a annoncé avoir ciblé mille six cents positions du Hezbollah, détruisant de nombreux postes de tir antichars, des missiles de croisière, des lanceroquettes multiples à longue et courte portée ainsi que des drones d’attaque.

Il est fort possible que, cette fois, l’armée israélienne ne reproduise pas les mêmes erreurs qu’en 2006 au Sud-Liban. Selon les experts, Tsahal est actuellement au sommet de ses capacités, avec une vingtaine de brigades de manoeuvre actives ou de réserve, dont un certain nombre ont opéré dernièrement à Gaza.

Même si les combattants du Hezbollah sont aguerris par les combats qu’ils ont menés en Syrie (face à des milices toutefois et non une armée régulière), l’état-major du mouvement chiite libanais est toujours fortement déstabilisé par l’attaque de son réseau de communication et l’élimination d’une grande partie de ses chefs.

L’opération « bipeurs » est assurément un nouveau cas d’école à enseigner dans les armées !

Bonne lecture
Eric Micheletti

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