Le 8 septembre, Israël a lancé les plus importantes frappes aériennes que la Syrie ait connu depuis des années. Plusieurs objectifs militaires ont été ciblés autour de la ville de Masyaf dans la province de Hama, ainsi que des installations liées au Centre d'études et de recherches scientifiques (Syrian Scientific Studies and Research Center - SSRC) du régime, dont un complexe de hangars souterrains. Damas a fait état de 19 morts et 37 blessés.

Les installations du SSRC de Masyaf – spécifiquement liées à l’Institut 4000 du SSRC qui a en charge la production de roquettes, de missiles et de drones – ont été déjà été touchées une douzaine de fois par des bombardements israéliens ces dernières années.

Mais cette fois, les bombardements aériens ont été complétés par l’intervention de forces spéciales héliportées larguées à terre dont la mission consistait à récupérer du matériel et des documents. Le site visé se trouve à 250 kilomètres au nord de la frontière israélienne et à une vingtaine de kilomètre à l’est d’une zone libanaise contrôlée par le Hezbollah ce qui représentait un risque important pour les opérateurs sur le terrain.

Selon le Times, les forces au sol ont été utilisées lors de l’attaque « en raison de sa complexité et pour récupérer des informations du site d’armes secret ».

Il n’y aurait pas eu de victime israélienne.

Selon le site israélien Axios, l’opération a été menée par l’unité 5101 Shaldag de l’armée de l’air.

Il précise : « l’unité spéciale israélienne a surpris les gardes syriens dans l’installation et en a tué plusieurs au cours du raid, mais aucun activiste iranien ou du Hezbollah n’a été blessé ».

Toujours selon la même source  « les Iraniens ont commencé à construire l’installation souterraine [à Masyaf] en coordination avec le Hezbollah et Damas en 2018, après une série de frappes aériennes israéliennes en Syrie ».

Le plan iranien était de produire des missiles de précision dans cette installation protégée près de la frontière avec le Liban afin que le processus de livraison au Hezbollah puisse avoir lieu rapidement et avec moins de risque de frappes aériennes israéliennes ».

L’opération « a duré environ une heure au cours de laquelle les forces spéciales israéliennes ont pu entrer dans l’installation, retirer du matériel et des documents importants, sortir, puis la détruire avant de s’exfiltrer sous la couverture aérienne qui bloquait l’arrivée de renforts ».

Les autorités syriennes ont reconnu que cette opération a causé « des dégâts matériels aux infrastructures, aux réseaux électriques, à l’eau, au téléphone, aux canalisations d’égout, aux routes et aux machines ».

Ce n’est pas un fait nouveau

Une opération engageant des forces israéliennes au sol avait eu lieu le 6 septembre 2007 lorsqu’un bâtiment proche de Halabiyé dans le gouvernorat de Deir ez-Zor avait été détruit suite à des frappes aériennes guidées visuellement par des observateurs infiltrés. Selon l’État hébreu, ce site abritait un réacteur nucléaire graphite-gaz construit avec l’aide de la Corée du Nord et devant servir à la production de plutonium militaire. Il est probable qu’il y en ait eu bien d’autres restées secrètes.

Cette opération démontre une fois de plus la capacité en recueil de renseignements d’Israël, sa haute détermination mais peut-être encore plus l’impossibilité pour ses adversaires institutionnels que sont les États à répliquer par crainte d’être encore plus frappés.

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Texte

ALain Rodier