À la fin août, les forces du commandement central américain (CENTCOM) ont neutralisé un des responsables du mouvement salafiste-jihadiste Hurras al-Din, branche d’Al-Qaida « historique » en Syrie.
Le 23 août, un drone américain MQ-9 a tué un des responsables du mouvement Hurras al-Din, émanation d’Al-Qaida en Syrie.
Abou-‘Abd al-Rahman al-Makki a été littéralement pulvérisé alors qu’il circulait en mobylette dans la région d’Idlib au nord-ouest du pays.
Selon un communiqué américain, il était un membre de la Choura (organe dirigeant) de Hurras al-Din particulièrement chargé de superviser les opérations terroristes extérieures depuis la Syrie.
Le général Michael Erik Kurilla commandant le CENTCOM a déclaré : « Le CENTCOM reste déterminé à vaincre durablement les terroristes dans sa zone de responsabilité qui menacent les États-Unis, leurs alliés et partenaires, ainsi que la stabilité régionale ».
Il a assuré qu’Hurras al-Din est une force associée à Al-Qaida basée en Syrie qui partage les aspirations mondiales d’Al-Qaida à mener des attaques contre les intérêts américains et occidentaux.
S’il a raison sur le fond – les responsables d’Al-Qaida ont toujours désigné les États-Unis comme leur ennemi prioritaire -, il exagère l’importance d’Hurras al-Din et la capacité de Abou-‘Abd al-Rahman al-Makki de conduire des opérations hors de Syrie. Même là, ce mouvement rencontre des difficultés provoquées par le régime de Bachar el-Assad (que cette frappe doit réjouir) et surtout par les autres mouvements salafistes-jihadistes actifs dans la région.
L’histoire de Hurras al-Din
En 2016 des activistes du Front al-Nosra (FaN) créé en 2012 par le jihadiste syrien Abou Mohammed al-Joulani (nom de guerre d’Ahmed Hussein al-Chara) ont refusé la rupture de ce dernier avec Al-Qaida « canal historique ». Al-Joulani, ancien responsable de l’État Islamique d’Irak (EII) qui donnera naissance à Daech avait rompu précédemment avec son émir Abou Bakr Al-Bagdhadi pour se replacer sous l’autorité d’Al-Zawahiri.
Les tensions se sont aggravées en juillet 2017, lorsque le nouveau Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) issus du FaN a publié une déclaration interdisant la création de nouveaux groupes jihadistes dans le nord de la Syrie. En réponse, Al-Zawahiri a publié une vidéo en octobre 2017 dans laquelle il a fermement condamné le HTS.
Des idéologues de premier plan ont bien tenté d’apaiser le différend mais le HTS a arrêté des personnalités fidèles à Al-Qaida.
Le 27 février 2018, le Hurras al-Din (HaD) est officiellement apparu formé de jihadistes loyaux à Al-Qaida « canal historique » et donc opposés à Al-Joulani.
La situation actuelle ne permet pas à HaD de se livrer à des activités extraterritoriales ou militaires à l’intérieur des frontières de la Syrie car le HTS continue à marquer ce groupe à la culotte.
Al-Joulani veut éliminer définitivement le HaD de la scène syrienne car il considère ce mouvement comme une menace idéologique.
Par contre, le HaD a reçu des instructions d’Al-Zawahiri de ne plus s’engager dans la lutte contre le HTS. Ainsi, ce mouvement a lancé une nouvelle approche fondée sur la délocalisation de ses opérations dans les zones orientales de Syrie.
Quoi qu’il en soit, le HaD pourrait reprendre de l’importance si Saif al-Adl, le successeur désigné d’Al-Zawahiri liquidé à Kaboul le 31 août 2022 par un drone US, prenait effectivement la direction d’Al-Qaeda – chose qui n’est pas prouvées actuellement -.
En dehors du fait que les USA poursuivent leur « guerre contre le terrorisme » contre toutes les émanations d’Al-Qaida (et on ne peut que les comprendre) déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001, force est de constater qu’ils ont dépensé beaucoup d’énergie pour neutraliser un « deuxième couteau » d’un mouvement moribond. La question est : par là n’apportent-ils pas indirectement un soutien à Al-Joulani, jihadiste ayant appartenu à Al-Qaida et à Daech mais ayant trouvé son « indépendance » dans la province d’Idlib discrètement épaulé par Ankara pour maintenir un foyer d’instabilité au nord-ouest de la Syrie.
Joulani a des contacts dans la presse occidentale, ici avec le journaliste américain Martin Smith, qui travaille pour l’émission d’investigation Frontline.
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