Il est extrêmement difficile de savoir exactement ce qui se passe en ce moment au Sahel car l’attention médiatique s’est détournée de cette zone depuis le départ des forces françaises et européennes, puis américaines emportées par les putschs à répétition qui ont bouleversé le paysage politique régional. Les observateurs indépendants et non militants ne sont pas légion sur zone…

Toutefois, il semble certain – de leur propre aveu – que les mercenaires russes qui appuyaient les forces armées maliennes ont subi de lourdes pertes lors de combats survenus à la fin juillet contre les rebelles touaregs – et vraisemblablement des jihadistes d’Al-Qaida – près de la frontière entre le Mali et l’Algérie.

À savoir que des combats ont eu lieu entre une importante colonne gouvernementale accompagnée de mercenaires de « Wagner » (terme générique pour tous les « agents privés » travaillant pour Moscou en Afrique(1)) et des forces séparatistes  – et d’Al-Qaida – à Tinzaouaten, près de la frontière avec l’Algérie. Les FAMa avaient d’abord annoncé avoir pris le contrôle d’In-Afarak à 122 kilomètres au nord-ouest de Tessalit, un carrefour commercial de Kidal.

Un communiqué officiel du 30 juillet des FAMa détaille les opérations : « après In-Afarak, le cap est mis sur Tinzaouaten […] à la frontière algérienne, [région] dans laquelle les GAT (Groupes armés terroristes) sévissaient contre la population civile avec des rackets, des vols et le blocage des convois logistiques destinés à approvisionner les principales villes du Nord. Le jeudi 25 juillet 2024, les FAMa font face à une première attaque terroriste. Leur vive réaction permet de repousser cette attaque et d’infliger de lourdes pertes humaines et matérielles à l’ennemi […] Après ce premier échec des terroristes, les conditions météorologiques ont fortement influé sur la situation. Une nuit orageuse marquée par des tempêtes de sable dans la zone ont permis à la coalition terroriste de se réorganiser, et de recevoir des renforts de tous les groupes terroristes de la sous-région. Ainsi, le vendredi 26 juillet 2024, les combats ont doublé d’intensité. Les groupes armés terroristes, coalition opportuniste comprenant l’EIGS et le GSIM, ont lancé plusieurs véhicules kamikazes contre nos forces. L’unité FAMa a été encerclée par la coalition des forces terroristes du Sahel et de violents combats se sont engagés avant l’arrivée des renforts. La bravoure et la détermination exemplaires de nos soldats, n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles. »

Cette opération osée des forces maliennes loin de leurs bases avait été lancée après que les groupes séparatistes aient perdu le contrôle de plusieurs districts dans la région en 2023 après une offensive militaire qui avait permis de faire tomber le bastion des séparatistes de Kidal dans les mains des gouvernementaux. L’idée des chefs militaires du pays était de renouveler cette opération pour reprendre le contrôle de la frontière algérienne.

Mais l’échec a été au rendez-vous d’autant que de nombreux groupes – indépendantistes et jihadistes ( mais l’EIGS – État Islamique au Grand Sahara – cité par Bamako n’a pas revendiqué d’action sur zone) – semblent s’être partagés la tâche pour participer à la curée.

Mohamed Elmaouloud Ramadane, le porte-parole d’une alliance de groupes armés séparatistes à dominance touarègue appelée « Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) » a déclaré le 28 juillet : « les combattants de l’Azawad contrôlent Tinzaouaten […] Des mercenaires russes et des forces armées maliennes ont fui. D’autres se sont rendus. »

Selon l’AFP, le groupe Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimeen (JNIM) lié à Al-Qaïda a de son côté affirmé : « avoir attaqué le convoi de l’armée malienne et les alliés de Wagner et a déclaré avoir tué 50 Russes et 10 Maliens ».

Un communiqué officiel du 30 juillet des FAMa détaille les opérations : « après In-Afarak, le cap est mis sur Tinzaouaten […] à la frontière algérienne, [région] dans laquelle les GAT (Groupes armés terroristes) sévissaient contre la population civile avec des rackets, des vols et le blocage des convois logistiques destinés à approvisionner les principales villes du Nord. Le jeudi 25 juillet 2024, les FAMa font face à une première attaque terroriste. Leur vive réaction permet de repousser cette attaque et d’infliger de lourdes pertes humaines et matérielles à l’ennemi […] Après ce premier échec des terroristes, les conditions météorologiques ont fortement influé sur la situation. Une nuit orageuse marquée par des tempêtes de sable dans la zone ont permis à la coalition terroriste de se réorganiser, et de recevoir des renforts de tous les groupes terroristes de la sous-région. Ainsi, le vendredi 26 juillet 2024, les combats ont doublé d’intensité. Les groupes armés terroristes, coalition opportuniste comprenant l’EIGS et le GSIM, ont lancé plusieurs véhicules kamikazes contre nos forces. L’unité FAMa a été encerclée par la coalition des forces terroristes du Sahel et de violents combats se sont engagés avant l’arrivée des renforts. La bravoure et la détermination exemplaires de nos soldats, n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles. »

Cette opération osée des forces maliennes loin de leurs bases avait été lancée après que les groupes séparatistes aient perdu le contrôle de plusieurs districts dans la région en 2023 après une offensive militaire qui avait permis de faire tomber le bastion des séparatistes de Kidal dans les mains des gouvernementaux. L’idée des chefs militaires du pays était de renouveler cette opération pour reprendre le contrôle de la frontière algérienne.

Mais l’échec a été au rendez-vous d’autant que de nombreux groupes – indépendantistes et jihadistes ( mais l’EIGS – État Islamique au Grand Sahara – cité par Bamako n’a pas revendiqué d’action sur zone) – semblent s’être partagés la tâche pour participer à la curée.

Mohamed Elmaouloud Ramadane, le porte-parole d’une alliance de groupes armés séparatistes à dominance touarègue appelée « Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) » a déclaré le 28 juillet : « les combattants de l’Azawad contrôlent Tinzaouaten […] Des mercenaires russes et des forces armées maliennes ont fui. D’autres se sont rendus. »

Selon l’AFP, le groupe Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimeen (JNIM) lié à Al-Qaïda a de son côté affirmé : « avoir attaqué le convoi de l’armée malienne et les alliés de Wagner et a déclaré avoir tué 50 Russes et 10 Maliens ».

L’agence de presse officielle russe TASS a rapporté dimanche que parmi les personnes tuées figurait le blogueur militaire Nikita Fedyanin – l’administrateur de Grey Zone, une chaîne très en vue sur Telegram comptant plus de 568.000 abonnés et qui serait liée à Wagner -.

Le porte-parole des services de renseignements militaires ukrainiens, Andriy Yusov, a affirmé lundi que l’Ukraine aurait aidé les rebelles en leur fournissant des informations « qui leur ont permis de mener avec succès une opération militaire contre les criminels de guerre russes », sans fournir plus de détails. Il est peu probable que les rebelles maliens aient besoin de l’aide des Ukrainiens dans une région qu’ils sont les premiers à connaître…

Le Mali est secoué par la violence des groupes jihadistes et criminels depuis 2012. La junte dirigée par le colonel Assimi Goita a pris le pouvoir en 2022 et a rompu l’alliance traditionnelle du pays avec la France au profit de la Russie.

Par contre, cette débâcle va mettre un frein d’arrêt aux opérations militaires dans le nord-est du pays car les accompagnateurs russes vont être plus méfiants. Cela dit, les prédécesseurs de cette SMP ont connu bien pire en Syrie contre les jihadistes, les kurdes soutenus par les Américains. Résultat : ils se sont adaptés…

1. Voir : « Le retour des soldats de fortune en Afrique » du 30 mai 2024

Publié le

Texte

Alain Rodier