Les autorités russes ont déclaré dimanche 16 juin avoir mis fin rapidement au siège du centre de détention n°1 de la région de Rostov-sur-le-Don, neutralisant six preneurs d'otages « ayant eu des liens » avec l'État islamique et libérant deux gardiens de prison.
Certains d’entre eux pourraient être parmi les personnes arrêtées en 2022 pour avoir planifié une attaque contre la Cour suprême de Karachay-Cherkessia, une république russe à majorité musulmane du Caucase.
L’administration pénitentiaire avait déclaré plus tôt que deux gardiens avaient été pris en otage par un nombre indéterminé de détenus de l’État islamique, ajoutant que des négociations pour la libération des captifs étaient en cours. À cette fin un « imam » local avait été dépêché pour dialoguer avec les détenus.
Mais peu de temps après, un communiqué officiel avait annoncé la fin du siège. Le service pénitentiaire avait déclaré : « au cours d’une opération spéciale, les criminels ont été liquidés et les employés pris en otage ont été libérés et n’ont pas été blessés. »
Une source policière a déclaré à l’agence de presse officielle TASS que des membres de l’État islamique qui devaient comparaitre devant le tribunal pour terrorisme faisaient partie des preneurs d’otages. Ils s’étaient retrouvés enfermés dans la cour de la prison, armés d’un couteau de poche, d’une matraque et d’une hache.
Selon l’agence de presse Interfax, six preneurs d’otages ont exigé qu’on leur fournisse une voiture et qu’on les autorise à quitter la prison en échange de la libération des otages.
Lors de l’assaut, de nombreux coups de feu ont été entendus et les prisonniers preneurs d’otages ont tous été neutralisés. Il semble évident que les autorités ont utilisé un stratagème pour parvenir à leurs fins, l’« imam » venu « négocier » n’étant peut-être pas ce qu’il déclarait être.
De plus, la neutralisation « définitive » des suspects semblaient avoir été l’objectif même si l’armement détenu par les terroristes paraissait bien maigre.
Cet incident est survenu près de trois mois après que des hommes armés aient tué au moins 144 personnes dans la salle de concert Crocus près de Moscou lors d’une attaque revendiquée par l’État islamique(1). C’était l’attaque la plus meurtrière menée sur le sol russe depuis le massacre de Beslan en 2004 (334 tués dont 186 enfants.).
Depuis, plus de 20 personnes ont été arrêtées en lien avec cette attaque, dont les quatre terroristes auteurs de la tuerie de masse. Mais ce ne sont pas ces suspects qui ont été impliqués dans la prise d’otages de Rostov-sur-le-Don.
La Russie a été la cible à plusieurs reprises d’attaques revendiquées par les militants de l’EI, même si l’influence du groupe militant dans le pays reste globalement limitée.
Cette mutinerie parallèlement à l’attaque de l’hôtel de ville de Crocus et aux efforts de propagande actuels démontre la nature persistante et multiforme de la menace terroriste en Russie. Ces incidents révèlent d’importantes lacunes en matière de sécurité et suggèrent une certaine résurgence des activités militantes, en particulier dans le Caucase du Nord et dans les régions où les musulmans constituent la majorité des populations locales.
La bataille idéologique contre le discours salafiste-jihadiste nécessite une stratégie globale impliquant l’engagement communautaire et des efforts de contre-propagande.
Pour mémoire, selon Moscou, quelques 4.500 Russes, principalement du Caucase, se sont rendus en Irak et en Syrie pour combattre avec l’État islamique. Et un « Émirat du Caucase » a été proclamé en 2007 puis en 2015 par des activistes de l’EI.
La Fédération de Russie pourrait être confrontée à une augmentation des attaques violentes susceptibles de compromettre la stabilité du pays.
1. Voir : « attentat de l’État Islamique à Moscou » du 25 mars 2024.
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