L'armée israélienne a libéré le 8 juin matin quatre otages qui étaient détenus à Nousseirat au centre de la bande de Gaza. Le mouvement terroriste palestinien Hamas a fait état de plus de 270 personnes tuées lors de cette opération mais ne mentionne pas la libération d'otages. De son côté, la police israélienne a déploré la mort d'un de ses agents des suites de ses blessures.

Les otages libérés sont de Noa Argamani, 26 ans, Almog Meir Jan, 22 ans, Andrey Kozlov, 27 ans, et Shlomi Ziv, 41 ans. Ils avaient été enlevés sur le site du festival de musique electro Nova, lors de l’attaque menée sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé que la libération des otages constituait une preuve qu’Israël ne cédait pas « face au terrorisme ».

Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a affirmé depuis Doha que la « résistance » allait « continuer ».

Selon Israël, il s’agissait d’« une des missions de sauvetage d’otages les plus compliquées de l’histoire ». L’opération avait été baptisée « graines d’été » (Summer seeds) mais renommée « opération Arnon » suite au décès d’un des intervenants.

Les otages étaient détenus dans une zone fortement peuplée, dans des immeubles de 3 à 4 étages. Les forces ont pris d’assaut deux cibles distinctes où étaient détenus les otages, Noa étant détenue au premier étage d’un immeuble et Andrey, Shlomi et Almog au troisième étage d’un autre bâtiment, situé à environ 200 mètres du premier. Pour le détail l’otage féminine était confiée par le Hamas à des familles palestiniennes mais les hommes étaient placés sous la garde armée de membres du mouvement terroriste.

Le Hamas a déplacé à plusieurs reprises les quatre otages et la crainte était que si les forces ne prenaient d’assaut qu’un seul bâtiment, les terroristes s’échapperaient avec les otages du deuxième immeuble ou encore pire, ne les assassine…

L’armée de l’air avait collecté des renseignements aériens ces derniers jours et Tsahal et le Shin Bet ont créé les conditions nécessaires pour atteindre les cibles sans que les terroristes ne puissent abattre les otages.

Il semble que l’élément de pointe qui était chargé du premier contact avec les otages dépendait du « Yamam », l’unité nationale de lutte contre le terrorisme israélienne.

Ce serait d’ailleurs le chef de l’élément qui est intervenu dans l’immeuble où étaient détenus Andrey, Almog et Shlomi, l’inspecteur en chef  Arnon Zamora  qui est décédé de ses blessures.

Les gardiens ont tous été neutralisés.

A noter que neuf membres du Yamam sont morts lors du raid palestinien du 7 octobre 2023 et un lors d’une opération menée à Toulkarem (Cisjordanie) en mai.

Pour Noa Argamani, la récupération a pu se faire plus calmement (vraisemblablement, la famille qui la gardait n’était pas armée).

Toujours selon Tsahal : « Les forces ont simultanément fait irruption dans les deux immeubles […] Immédiatement après avoir extrait les otages, les forces ont commencé à se retirer tout en combattant des dizaines de terroristes, mais un véhicule avec les trois otages est resté coincé et a essuyé des tirs nourris. »

Les forces de la 98e Division Ha-Hesh sont alors intervenues pour aider à extraire les occupants du véhicule, et des hélicoptères ont pénétré profondément dans la bande de Gaza en plein jour. Ils ont essuyé des tirs – dont ceux de missiles portables – mais n’ont pas eu de dommages significatifs.

En plus des hommes de la 98e Division, des éléments d’autres unités ont été engagés dont ceux de la 7e Brigade blindée « Saar me-Golan », de la 99e Brigade d’infanterie « Kfir » et de la Flotille (Shayetet) 13…

L’opération elle-même était supervisée par le Shin Bet et le Yamam avec l’appui direct de Tsahal.

La coopération avec le Shin Bet et le Yamam s’est élevée à plusieurs niveaux en un seul système opérationnel, sous la direction du chef du Shin Bet, Ronen Baret, et du chef d’état-major, le général Herzi Alevi. Le ministre de la défense, Yoav Gallant et le Premier ministre Benjamin Netanyahou avaient donné l’autorisation d’intervenir la veille au soir.

De gauche à droite : le ministre de la Défense Yoav Gallant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi et le directeur de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, dans la salle d’opérations spéciales supervisant la mission de libération d’otages le 8 juin 2024. (Crédit : Agence de sécurité intérieure du Shin Bet)

Les quatre clés de l’opération ont été la diversion, la surprise, la détermination et la puissance.

Pour maintenir le secret de l’opération, des milliers de soldats qui y ont participé ignoraient son but avant qu’elle ne se déclenche. Seule une poignée de commandants ont été mis au courant la veille.

Le sauvetage s’est déroulé sous un feu nourri et lors de l’exfiltration, des dizaines de terroristes lourdement armés se sont précipités vers la zone d’affrontements. Les échanges de tirs ont été nourris et des civils gazaouis non impliqués ont également été tués.

Les Israéliens déplorent un mort et plusieurs blessés.

Face à la contre-offensive médiatique conduite par le Hamas, Washington a nié le fait que le quai d’aide de Gaza destiné à livrer de l’aide humanitaire ait servi dans cette opération. De son côté, Israël a démenti également avoir utilisé des camions d’aide humanitaire pour la mission de libération d’otages.

En Israël, Benny Gantz, l’ex-chef de l’armée devenu rival politique de Benyamin Netanyahou, a annoncé sa démission du cabinet de guerre le 9 juin.

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Texte

AlAIN RODIER