Au moment où la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), l’opération de maintien de la paix des Nations unies au Mali se termine après plus de dix ans de présence à la demande du gouvernement putschiste malien, des éléments des mouvements rebelles salafistes-jihadistes au Sahel mènent des attaques de plus en plus audacieuses contre les Forces armées maliennes et leurs alliés russes de Wagner.

Mercenaires russes au Mali (source : Armée Française)

À noter qu’à la différence d’autres théâtres de guerre, les organisations locales d’Al-Qaida et de l’État Islamique (Daech) ne s’affrontent pas même si elles ne coopèrent pas encore directement. Cela est inquiétant pour l’avenir car après une phase de coopération informelle, les deux mouvements pourraient joindre ses forces pour mener des actions communes en regroupant leurs moyens logistiques et de combat.

État Islamique au Sahara

L’EIS a mené deux importantes attaques ont visé Ménaka et Labbezanga le 3 décembre. À Ménaka, ce seraient les jihadistes de l’EIS qui ont attaqué trois positions tenues par l’armée malienne, ses supplétifs russes de Wagner et les groupes locaux alliés du  Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA). Les combats ont duré moins d’une heure.

Dans un communiqué diffusé dimanche soir, l’armée assure avoir neutralisé « plusieurs dizaines » de jihadistes et en avoir fait prisonniers une vingtaine. Un bilan invérifiable de source indépendante.

Mais dans les faits, l’attaque de Ménaka constituait vraisemblablement une diversion permettant à  l’EIS de prendre d’assaut le camp militaire de Labbezanga, collé à la frontière nigérienne.

Une trentaine de militaires auraient été tués sur la base – dont trois exécutés sommairement après la fin des combats -.

L’armée assure que des « opérations aéroterrestres » ont permis « d’infliger de lourdes pertes aux assaillants », sans préciser de bilan.

Selon ces sources, des soldats nigériens auraient traversé la frontière dans l’après-midi pour porter secours à leurs frères d’armes maliens.

La base de Labbezanga (région de Gao) avait été construite par Barkhane en 2020 dans le plus pur style de fort Vauban. Avant de l’évacuer, les jihadistes l’ont incendiée pour la rendre inopérante temporairement.

Le but principal de l’attaque était de récupérer des véhicules, du carburant, des armes.

Parmi les prises figurent deux véhicules Dongfeng EQ2050 de fabrication chinoise nouvellement en dotation au sein des FAMa.

Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans(GSIM)

Trois autres attaques ont eu lieu le même jour au Mali, cette fois attribuées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou  Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, (JNIM).

Sur les bases de Tessalit (région de Kidal) et Gossi (région de Tombouctou), l’armée malienne reconnaît avoir subi des « tirs de harcèlement » et des « tirs indirects » sans subir aucune perte.

Enfin, dans l’après-midi, c’est une patrouille est tombée dans une embuscade dans la région de M’Taré, à une vingtaine de kilomètres à l’est du camp militaire de Dioura, dans la région de Mopti. L’armée malienne n’a pas communiqué sur cette attaque.

Le GSIM a revendiqué avoir tué cinq soldats maliens à Dioura, et récupéré plusieurs véhicules à Dioura et à Gossi.

Dans son communiqué, l’armée malienne évoque des attaques « terroristes » sans préciser les auteurs – c’est son habitude – et aucune revendication n’a encore été publiée.

Les deux composantes de la coalition CSP-PSD opposées au pouvoir en place à Bamako qui avaient dû évacuer Kidal sans combattre à la mi-novembre face à l’avancée des forces maliennes qui se sont repliées pour se réorganiser dans les montagnes du Tigharghar, un massif montagneux situé entre Kidal et Tessalit ont démenti être à l’origine de ces cinq attaques.

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Texte

Alain Rodier