Tsahal se prépare depuis le 8 octobre à mener une opération militaire majeure pour « détruire le Hamas » auteur (avec le Jihad Islamique Palestinien - JIP - ) des bombardements de l’État hébreu et de son offensive au cours de laquelle de nombreux citoyens juifs ont été massacrés et d’autres pris en otages (dont certains ont d’autres nationalités qu’israélienne).

L’État hébreux a mobilisé depuis plus de 360.000 réservistes de manière à être en ordre de bataille, non seulement pour lancer son opération, mais aussi pour se préserver d’une menace que pourrait représenter le Hezbollah libanais depuis le Liban, voire depuis la Syrie voisine.

Dans cette enclave de Gaza densément peuplée, 40.000 combattants seraient retranchés avec au moins 212 otages utilisés comme une arme psychologique (quatre d’entre eux ont été libérés).

La stratégie classique du Hamas et de son allié du JIP est de se fondre dans la population civile ce qui rend très difficile l’indentification des combattants. Les habitants de Gaza et les otages servent de bouclier humain. Israël a bien incité les populations civiles à se regrouper au sud de l’enclave mais le Hamas a tenté d’empêcher ce mouvement de foules.

Avant même de lancer l’assaut, les responsables militaires israéliens sont réalistes et affirment : « tout ce que vous touchez pourrait être une bombe, toute personne que vous verriez pourrait être un terroriste. Il faut avancer lentement, délibérément. Parfois, ils bougent plus vite que vous ne pouvez réagir. La seule chose qui vous maintient en vie, c’est votre entraînement ».

Ehud Olmert, qui, en 2008 alors qu’il était Premier ministre avait envoyé des troupes terrestres à Gaza pour y mener l’opération « Plomb durci » qui a duré trois semaines a prévenu : ce qui attend les soldats israéliens, c’est « tout ce que vous pouvez imaginer et pire […] Cela ne va pas être simple et ce ne sera pas agréable, ni pour nous ni pour eux ».

Et contrairement au passé quand les objectifs étaient limités, Netanyahu veut une « victoire complète » sur le Hamas.

Mais le Hamas et le JIP ont accumulé un arsenal important de roquettes depuis la dernière opération terrestre de Tsahal à Gaza en 2014. Ils ont construit des centaines de kilomètres de tunnels, surnommés le « métro de Gaza », afin que les activistes puissent circuler d’un poste de combat à un autre sans être détectés.

Il est vraisemblable que l’armée israélienne déploiera sa « doctrine de la victoire » qui engage déjà massivement l’armée de l’air et l’artillerie dont le but est de détruire un maximum de cibles sensibles repérées à l’avance.

Cette guerre dans la troisième dimension implique la mise en œuvre d’une couverture aérienne par « couches » successives. Les microdrones et les hélicoptères d’attaque évoluent au niveau le plus bas, les drones de surveillance et d’attaque au-dessus, puis les avions de combat et enfin au dernier plafond, les appareils de reconnaissance stratégique. Le recueil de renseignements très précis est obligatoire pour parvenir à neutraliser des responsables « terroristes » – et les infrastructures vitales – tout en limitant au maximum les pertes collatérales.

Une fois les bombardements terminés, il faudra bien entrer dans Gaza et on ne peut changer la nature de la guerre urbaine qui entraine de nombreuses pertes, majoritairement chez l’assaillant qui est obligé, à un moment ou à un autre, à se mettre à découvert.L’entraînement au combat en localités est donc capital pour obtenir les effets escomptés avec un minimum de casse.

Une technique consiste pénétrer dans les bâtiments en perçant les murs puis à progresser à couvert pièce par pièce.

Pour ce faire, des bulldozers blindés sont souvent mis en œuvre pour ouvrir la voie aux unités combattant au sol.

Mais avant que les forces israéliennes puissent atteindre les bastions urbains du Hamas et du JIP, elles devront franchir une série de lignes de défense qui comprennent des mines et des zones battures par les feux directs et indirects. Elles sont truffées de mortiers lourds, de mitrailleuses, d’armes antichar, de tireurs embusqués et vraisemblablement de kamikazes.

Enfin, une grande partie des affrontements se dérouleront sous terre dans le « métro de Gaza ». Ce sera l’enfer. Ce type de combat a toujours existé mais a connu un essor lors de la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre du Vietnam, les Américains nommaient les spécialistes du combat sous terre : les « rats de tunnels ».

L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a averti que Benyamin Netanyahou et Tsahal étaient confrontés à un dilemme moral : l’utilisation de la puissance aérienne augmente le risque de pertes civiles tandis que l’engagement de troupes au sol est plus précis mais accroit considérablement les risques de pertes militaires : « cela se résume à une chose : sommes-nous prêts à entreprendre une action qui impliquera un grand risque pour les soldats israéliens, ou choisirons-nous une stratégie qui entraînera la mort tragique d’un plus grand nombre de personnes non impliquées […] D’après ce que je sais de l’opinion publique israélienne à l’heure actuelle, la tendance sera de prendre moins de risques ».

Pour Tsahal, démanteler le Hamas et le JIP tout en sauvant les otages et en minimisant les pertes civiles est une mission extrêmement complexe, peut-être impossible.

Parallèlement à cette opération sur Gaza, Tashal doit se garder face à la Cisjordanie et surtout face au Liban et à la Syrie.

En effet, Téhéran pourrait lancer ses proxies du Hezbollah libanais dans une action offensive, surtout par d’intenses bombardements dans la profondeur. Des troupes ont été massées à la frontière Nord où Tsahal répond coup pour coup aux différentes provocations – pour le moment ponctuelles -.

De plus pour convaincre Damas de rester hors de l’affaire, les bombardements israéliens sur les aéroports syriens se sont multipliés ces derniers jours.

Enfin, les Américains participent directement à cette politique de dissuasion vis-à-vis de Téhéran tout en présentant leur déploiement en Méditerranée comme une « précaution » au cas la situation les obligerait à évacuer leurs ressortissants d’Israël…

Bien qu’Israël annonce une opération de longue durée – il est question de neuf mois – il va falloir aller vite afin d’atteindre un maximum d’objectifs avant que la communauté internationale n’exerce une pression politique pour faire cesser les hostilités (campagne qui a déjà débuté).

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Texte

Alain Rodier