Le secrétaire à la Défense britannique Ben Wallace a déclaré à la mi-juillet que l’Ukraine est « tragiquement devenue un laboratoire de combat », mais que les leçons apprises éclaireront l'avenir des forces armées britanniques.

Wallace a précisé : « nous serions très stupides d’ignorer ces leçons et de ne pas en profiter pour nos propres forces armées ».

Cette expérience au combat a permis de mettre à jour un projet publié en 2021 qui détaillait comment le Royaume-Uni devait investir près de 2,5 milliards de livres sterling (près de trois milliards d’Euros) supplémentaires dans les dépenses de défense.

Wallace, qui prévoit de quitter ses fonctions lors du prochain remaniement ministériel après quatre ans en poste a affirmé : « la guerre en Ukraine a attiré toute l’attention car il y a un adversaire très réel qui est très agressif, enfreignant toutes les règles de la guerre sur le continent européen, menant une guerre conçue pour détruire un pays ».

Cela nous fait réaliser que nous ferions mieux de changer l’évaluation des risques que nous faisions lorsque nous avons rédigé le projet d’origine. Au départ, nous devions retirer des matériels et armements anciens puis nous acceptions d’avoir des faiblesses au milieu de la décennie avant de toucher de nouveaux équipements. C’est quelque chose que je ne veux plus risquer ».

L’expérience des forces armées ukrainiennes et la manière dont les alliés ont pu apporter leur aide – y compris des adaptations rapides de l’équipement existant pour répondre aux besoins de Kiev – est le fil conducteur des nouvelles évaluations à faire.

Il indique aussi que l’une des leçons tirées de la guerre en Ukraine est que le rythme de l’innovation s’accélère et ne peut être satisfait par les programmes industriels traditionnels, souvent étalés sur des décennies pour obtenir de nouveaux armements et équipements.

Au lieu de cela, les matériels devraient être désormais conçus avec la possibilité d’effectuer des modernisations et des adaptations rapides.

Wallace souligne aussi la nécessité d’exploiter les dernières technologies – y compris l’Intelligence artificielle et l’informatique quantique – pour rendre les forces armées britanniques plus souples et manœuvrières.

Le projet de 2021 prévoit également des plans pour que des personnels puissent bénéficier d’une carrière « en zigzag » entre l’armée et le civil.

Les jeunes « envisagent des carrières flexibles et se voient travailler dans un certain nombre de professions différentes, plutôt que de progresser au sein d’une seule institution » – et ainsi le gouvernement saisira « une plus grande opportunité de mobilité professionnelle entre les emplois dans la défense et tout autre emploi que les personnels aimeraient poursuivre ailleurs ».

Par contre la réduction de la taille de l’armée de terre britannique déjà annoncée en 2021 visant à ne garder que 72.500 personnels d’ici 2025 est toujours à l’ordre du jour. En 2015, les effectifs étaient encore de 82.000 personnels. Pour mémoire, l’Armée de terre française compte environ 120.000 personnels hors gendarmerie et pompiers.

Wallace a ajouté qu’une autre leçon de la guerre en Ukraine est « la puissance de la guerre électronique […] L’utilisation de la guerre [électronique] soit pour agir comme leurre, soit pour être employée comme une arme, devient vraiment importante, donc elle monte dans la liste des priorités ».

Il a déclaré que la guerre en Ukraine avait également démontré que l’artillerie devait être apte aux « tirs dans la profondeur ». « Nous avons assisté à un changement générationnel dans les gammes d’artillerie de ‘feu profond’. Le canon de 155 mm avait une portée d’environ 22 à 25 km pendant quelques 50 ans. Avec la nouvelle génération … vous obtiendrez des portées de 60 km. J’ai donc pris la décision de retirer progressivement l’ancien 155 mm [pour] l’Archer 1 suédois ».

l a poursuivi: « à la fin de la Seconde Guerre mondiale, 35% de l’armée était constituée d’artillerie. Maintenant, c’est environ 8%. Le tir en profondeur est quelque chose que nous devons rééquilibrer ».

Parlant de l’héritage qu’il espérait laisser au Ministère de la Défense (MoD), M. Wallace a déclaré à la BBC : «  je suis arrivé et nous avons eu une augmentation réelle de nos dépenses de défense ».

Enfin, il a rappelé que le conflit en Ukraine servait à rappeler qu’« il y a de ‘mauvaises personnes’ là-bas qui veulent faire de ‘mauvaises choses’ à la Grande-Bretagne et à ses alliés ».

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Texte

Alain Rodier