Il y a quelques mois, le Pentagone a averti la commission de la Défense de la Chambre des représentants que la Chine avait autant, sinon plus, de lanceurs de missiles intercontinentaux que les États-Unis. Et d’enfoncer le clou en annonçant que Pékin pourrait disposer en 2035 de plus de 1 000 têtes nucléaires(1). (1) Officiellement, les États-Unis en alignent 5 400, et la Russie 6 000.

La menace brandie par le Pentagone est maintenant relayée par la commission de la Défense : il faut se réveiller avant qu’il ne soit trop tard, alerte-t-elle à son tour, car si la Chine renforce considérablement son arsenal nucléaire, elle surpassera dans dix ans l’Amérique.

À cela s’ajoute la crainte du pouvoir américain d’un rapprochement militaire entre la Chine et la Russie. Les forces nucléaires des deux pays dépasseraient de loin celles des Américains.

Toutefois, pour nombre d’experts, la menace nucléaire chinoise est exagérée, car entre les ambitions et la réalité, il y a loin, même si Pékin n’a jamais caché sa volonté de construire les forces armées les plus puissantes au monde et multiplie les dépenses militaires.

Alors, on pourrait voir dans cet avertissement du Pentagone la volonté de moderniser son arsenal au son du canon, en faisant peur aux parlementaires américains. Mais les jeux sont faits : le président Joe Biden a approuvé en 2022 des dizaines de programmes d’armement nucléaire, qui pourraient atteindre, selon le rapport du Congrès, en comptant l’inflation, près de 1 000 milliards de dollars par décennie, et cela pendant plusieurs décennies !

Dans le même temps, maniant le bâton et la carotte, la Maison Blanche a entamé des discussions avec la Chine – actuellement difficiles à cause de l’affaire des ballons abattus – sur le contrôle de l’armement nucléaire. Le but : un accord de désarmement de type New Start (traité signé entre les États-Unis et la Russie, et dont Moscou a annoncé la suspension en février dernier) faisant ainsi de la Chine le principal garant avec les États-Unis de la sécurité dans le monde. Et cela, aux dépens de la Russie. Aujourd’hui, un accord de ce type semble n’être qu’une chimère. Car si l’empire du Milieu a bien compris que l’arme nucléaire est un outil majeur de pouvoir dans le monde, il sait aussi que son potentiel nucléaire ne représente qu’une fraction de celui des États-Unis.

La menace annoncée par le Pentagone pour faire peur aux politiques américains a encore de beaux jours devant elle.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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