Une frappe a visé le soir du 31 décembre « un centre de déploiement provisoire » implanté dans l’école professionnelle numéro 19 où étaient cantonnés des mobilisés russes à Makiivka une ville de la proche banlieue de Donetsk dans l'oblast du même nom annexé par la Russie.

Selon l’agence de presse russe Tass, l’Ukraine a tiré dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 25 missiles HIMARS M142 sur toute la région. Les Russes affirment en avoir intercepté un grand nombre. Quant au bâtiment de l’école professionnelle 19, l’attention des services de renseignement ukrainiens aurait été attirée par le nombre anormalement élevé d’appels de téléphones mobiles partant de cet endroit. Il s’agissait vraisemblablement d’échanges téléphoniques entre des militaires mobilisés et leurs familles à l’occasion du nouvel an.

Le ministère russe de la défense fait état de 63 morts. C’est le plus lourd bilan en une seule fois reconnu officiellement par Moscou depuis le début de l’invasion le 24 février. Des agences de presse indépendantes avancent de 110 à 200 morts. Kiev évoque le chiffre de 600 tués et 300 blessés.

Les tués seraient majoritairement originaires des oblast de Saratov (où se trouve la base aérienne Engels-2 attaquée par deux fois en décembre par des drones ukrainiens) et de Samara.
Le blogueur militaire russe Igor Girkin parle lui aussi de centaines de morts, et remarque que le bâtiment abritait aussi des armes et des munitions ce qui expliquerait sa destruction totale.
Il faut dire que l’école aurait été visée par au moins quatre missiles tirés de manière très rapprochée (le HIMARS peut en mettre six en œuvre sans recharger).

Même à l’intérieur de la Russie, les critiques sont vives. Andrey Medvedev, vice-président de l’assemblée législative de la ville de Moscou a déclaré : « Dix mois après le début de la guerre, il est dangereux et criminel de considérer l’ennemi comme un imbécile qui ne voit rien ».

Nina Vernykh, une Russe a écrit sur le principal réseau social russe VKontakte : « Mon Dieu, qui va croire au chiffre de 63? Le bâtiment a été complètement détruit ».
Ce carnage va vraisemblablement toucher les populations lorsque les cercueils vont rentrer à domicile.

Le média Visegrád 24 a rapporté que la même nuit, d’autres HIMARS avaient ciblé la région de Bakhmout. Une autre base abritant par des mercenaires du Groupe Wagner aurait été atteinte. 70 personnes auraient été tuées.

Le déploiement de ces armements a changé le profil de la guerre les Ukrainiens parvenant à frapper très précisément des objectifs militaires russes dans la profondeur. Cela va obliger l’armée russe à reculer ses centres logistiques à une centaine de kilomètres du front ce qui compliquera le déploiement des armements, munitions et des combattants.

Washington avait annoncé en novembre 2022 que 38 HIMARS devaient être livrés à l’Ukraine. 20 prélevés sur les stocks de l’US Army seraient déjà arrivés. 18 autres sont en commande.

Les Russes affirment en avoir détruit mais il semble que ce sont surtout des leurres en bois qui ont été atteints. De plus, ces batteries sont très difficiles à contrer car elles utilisent la tactique du « hit and escape » (tirer est décamper) rendant les feux de contre-batteries très aléatoires.

Sinon, selon l’AFP, en dehors de combats limités mais meurtriers, la situation sur le terrain évolue peu les deux armées étant épuisées par dix mois de guerre. Elles doivent se réorganiser (8ème mobilisation du côté ukrainien qui compte 700.000 hommes et femmes sous les drapeaux et les effectifs russes devraient être portés à 1.500.000) en vue de probables offensives de part et d’autre qui devraient avoir lieu dans les mois qui viennent.
Aucune des deux parties ne paraît vouloir négocier car la situation militaire, bien qu’incertaine, est globalement équilibrée.

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Texte

Alain Rodier

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