Le 30 novembre, les forces aériennes russes et chinoises ont mené une patrouille aérienne commune au dessus de la Mer du Japon puis de la Mer de Chine Orientale qui a duré 08 h 00 tout en précisant qu’elle n’était dirigée contre aucun pays en particulier.

La Chine a déclaré que ces vols « de routine » entraient dans le cadre de la coopération entre les deux pays.
Le ministre russe de la défense a détaillé le fait que quatre bombardiers stratégiques Tu-95 et deux chasseurs SU-35 ainsi que deux H-6K chinois avaient été engagés.

Pour sa part, l’armée sud-coréenne a fait décoller des avions de combat après que ces appareils aient pénétré sans préavis dans sa zone de défense aérienne. Toutefois, elle a déclaré que : « les appareils avaient tous quitté la zone et n’avaient pas violé l’espace aérien de Corée du Sud ». Selon l’état-major interarmées sud-coréen (JCS) : « les bombardiers chinois H-6 sont entrés et sortis à plusieurs reprises de la zone d’identification de défense aérienne de la Corée (KADIZ), près des côtes sud et nord-est de la Corée du Sud ».

Si cette activité est restée relativement modeste au regard du nombre d’appareils engagés, pour la première fois des avions militaires russes se sont posés en Chine et les appareils chinois en Russie. C’est ce côté symbolique qui est une nouveauté.

Mais cet exercice fait effectivement partie d’une suite régulières d’autres activités militaires, terrestres, navales et aériennes destinées à montrer l’augmentation de la coopération entre Moscou et Pékin.
Le 19 novembre et en mai de cette année, des patouilles aériennes similaires à celle du 30 novembre avaient eu lieu dans la même zone (mais sans poser chez le voisin).
En septembre la Chine a détaché plus de 2.000 hommes, 300 véhicules blindés, 21 avions de combat et trois navires de guerre lors d’une manœuvre commune menée par la Russie.
Là également, c’est surtout le côté symbolique qui est à retenir.

La coopération entre les deux pays s’est considérablement accrue depuis que le président Vladimir Poutine a déclenché « l’opération spéciale » destinée à envahir, du moins en partie, l’Ukraine.
La Chine a dit qu’il n’y avait pas de limites à l’« amitié entre les deux pays » et a refusé de critiquer l’action de Moscou reprochant aux États-Unis et à l’OTAN d’avoir « provoqué » le Kremlin depuis l’effondrement de l’URSS. D’ailleurs, Pékin a refusé de suivre la politique de sanctions prises à l’égard de la Russie.
De son côté la Russie a fermement soutenu la Chine dans la période de tension qui a résulté de la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Washington a mis en garde Pékin contre toute offre d’aide militaire et économique directe à Moscou.
Mais la Chine qui poursuit une croissance économique positive même si elle est en baisse (le FMI prévoyait en octobre un taux de 3,2 % pour 2022 alors que la Banque mondiale donnait 2,8 %) est très friande de gaz et de pétrole russes. Ses achats ont plus que doublé comparés à ceux de l’année dernière : 10.2 milliards de dollars en octobre, la Chine profitant à plein des « ristournes » consenties par Moscou.

Cette « amitié » entre la Chine est la Russie est évidemment de circonstance et surtout tournée contre la politique de Washington considérée comme « agressive » par les deux pays. Sur le plan tactique, Pékin regarde avec attention ce qui se passe en Ukraine pour en tirer les leçons pour une invasion de Taïwan qui reste un de ses objectifs affichés même, si pour le moment, l’Armée Populaire de Libération n’est pas encore en mesure de lancer une opération de cette envergure. Les Américains pensent que cela pourrait être possible à partir de 2025.

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Texte

Alain Rodier

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