Selon des médias russes, il a été rapporté qu’un drone marin « kamikaze » a attaqué le port de Sheskharis sur la rive russe de la Mer Noire près de Novorossiysk dans la nuit du 16 au 17 novembre.
Mais si deux films de caméras de vidéo-protection confirment l’explosion, la qualité des images ne permet pas de déterminer quelle était la cible visée. Par ailleurs, l’explosion semble avoir été d’une puissance relativement faible.
Novorossiysk accueille une base navale militaire mais également un important terminal pétrolier. Situé à 675 kilomètres d’Odessa, cette région est beaucoup plus éloignée des territoires tenus par les forces ukrainiennes que Sébastopol qui avait fait l’objet d’une attaque le 29 octobre. Dans le cas de Sheskharis, ce sont les distances importantes à parcourir qui interpellent.
L’existence de ce type de drone avait été découverte lorsqu’une premier engin avait été retrouvé échoué sur les rochers des côtes de Crimée le 21 septembre.
Depuis, l’Ukraine a dévoilé certains détails sur les drones navals qu’elle produit localement.
La propulsion est assurée par un moteur électrique de type jet ski qui leur permettrait d’atteindre une distance de 800 kilomètres (et donc un rayon d’action de 400 kilomètres si l’engin doit être récupéré) et une vitesse maximale de 80 kilomètres/heure. Ces drones sont équipés d’une charge explosive de 200 kilos, d’une électronique de bord qui reste « secret défense », d’un système de communications à longues distances (par satellite), d’un dispositif de mise à feu par contact et de caméras jour/nuit embarquées.
La petite taille de ces embarcations les rend invisible à tout système de détection au-delà de la ligne d’horizon.
Ces caractéristiques peuvent évoluer selon la destination donnée à ces drones : reconnaissance, surveillance, mission suicide.
Aujourd’hui, Kiev appelle aux dons via la plateforme internet UNITED24 afin de pouvoir fabriquer une centaine de nouveaux drones navals légèrement modifiés par rapport au modèle initial (voir photo ci-après). Le prix unitaire serait de 250.000 dollars.
Cette somme qui semble importante comprend sans doute toute la logistique qui accompagne ces systèmes d’armes. À savoir que ces drones sont transportables par camion, par avion et par bateau.
Selon Moscou, c’est cette dernière solution qui aurait été adoptée pour le raid lancé sur Sébastopol le 29 octobre. Profitant de l’accord de transport de céréales conclu sous l’égide de l’ONU par la Russie, la Turquie et l’Ukraine, Kiev aurait secrètement lancé des drones depuis un navire civil empruntant le corridor défini en Mer Noire alors qu’il était au plus près de Sébastopol (220 kilomètres, voir carte ci-après). Selon la même source, les drones auraient été guidés depuis le même navire jusqu’à leur destination finale.
Selon Kiev, cette opération aurait permis d’endommager au moins trois navires russes (selon Moscou, un seul aurait été touché) dont les frégates Amiral Grigorovich et Amiral Makarov.
Le vice amiral Olesksiy Neizhpapa commandant les forces navales ukrainienne a déclaré : « de tels drones navals ont prouvé leur efficacité et ils peuvent changer considérablement la donne en Mer Noire […] ils peuvent participer à des reconnaissances maritime à longues distances, à la surveillance des côtes, escorter et appuyer la Flotte traditionnelle, accompagner des navires marchands, guider des tirs d’artillerie, défendre nos base et contrer des opérations amphibies ».
Les drones – aériens, terrestres et maritimes -, particulièrement depuis leurs engagements en Syrie, en Libye et surtout lors de la dernière agression de l’Arménie par l’Azerbaïdjan, sont en train de révolutionner l’art de la guerre. L’Ukraine et ses abords sont le dernier lieu d’expérimentation rêvé pour ces armements.
Pour le moment, ils ne sont pas assez puissants pour concurrencer les armes classiques qui emportent des charges explosives beaucoup plus importantes. Mais, employés en essaims, ils peuvent créer un effet de sidération chez l’adversaire qui provoque une désorganisation des dispositifs ennemis. Littéralement « tétanisé », l’adversaire a beaucoup plus de mal à manœuvrer.
À un échelon plus bas, les drones peuvent constituer des armes redoutables pour tous les mouvements terroristes qui veulent frapper l’opinion publique lors de manifestations populaires d’importance.
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