Le Docteur Ayman al-Zawahiri, l’émir d’Al-Qaida « canal historique » qui avait succédé à Oussama Ben Laden neutralisé par le Seal Team 6 américain à Abbottabad en 2011 a été tué le 31 juillet par drone en plein centre de Kaboul.
Né en 1951, cet Égyptien faisait d’une grande famille de la région du Caire qui avait donné des érudits de l’islam et des membres du milieu médical (son père était un professeur en pharmacie, un de ses oncles avait dirigé l’université Al-Azar). Il avait rejoint encore adolescent les Frères musulmans. Cela ne l’avait pas empêché de poursuivre ses études de médecine obtenant un diplôme en chirurgie. Fondateur du Jihad Islamique égyptien plus extrêmiste que les Frères musulmans, il avait été impliqué dans l’assassinat en 1981 du président Anouar Al-Sadate et emprisonné durant trois ans. À sa libération, il avait rejoint l’Arabie saoudite puis le Pakistan.
Il y avait participé à la guerre contre les Soviétiques qui avaient envahi l’Afghanistan en 1979 particulièrement en soignant les moudjahidines blessés réfugiés dans des camps dans la région d’Islamabad. C’est là qu’il avait rencontré Oussama Ben Laden qui officiait au sein du Maktab al-Khadamāt (Bureau de services) du Palestinien Abdullah Azzam.
Avec Ben Laden dont il était le médecin traitant, il avait fondé l’organisation « Al-Qaida ». Il en était devenu le numéro deux.
Cet homme de religion et chirurgien était également un stratège. C’est lui qui a été derrière la politique d’expansion mondiale d’Al-Qaida au Yémen, au Sahel, en Somalie, en Irak puis en Syrie.
Par contre, il n’avait pas apprécié la dérive ultra-violente et surtout anti-chiites d’Abou Moussab al-Zarqaoui, le leader de la branche irakienne d’Al-Qaida. Après la mort de ce dernier en 2006, cette branche deviendra l’État Islamique d’Irak (EII). Elle fera définitivement sécession d’al-Qaida « canal historique » en 2014 sous l’impulsion Abou Bakr al-Baghdadi qui s’était querellé avec Al-Zawahiri devenu son « émir ». Ce mouvement s’appellera l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) dit « Daech » et concurrencera la « nébuleuse ».
Le département d’État américain offrait jusqu’à 25 millions de dollars pour toute information permettant la localisation d’Al-Zawahiri.
Donné plusieurs fois pour mort de maladie en 2020, il était réapparu ensuite dans une série de vidéos.
Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahif, a confirmé sur Twitter qu’une « frappe aérienne » avait été menée par un drone américain sur une maison du quartier Sherpour de Kaboul. Il a ajouté : « L’Émirat islamique d’Afghanistan condamne fermement cette attaque […] violation flagrante des principes de l’accord international de Doha » signé fin février 2020 avec les États-Unis.
Washington avait déclaré par le voie du président Joe Biden que l’opération avait mis en oeuvre deux missiles Hellfire(1) tirés par un drone (qui peut être un MQ-9 Reaper, un MQ-1C Gray Eagle ou le dernier né « Mojave »). Personne n’avait été engagé directement sur le sol. La présence de Zawahiri à Kaboul avait été repérée depuis le début de l’année par la CIA qui suivait les déplacements de sa famille proche.
La question qui va se poser : quel va être le successeur ? L’Égyptien Saif Al-Adel semble être sur les rangs, s’il est encore de ce monde.
1. Il est possible qu’ils aient utilisé la « bombe ninja » R9X, une variante sans explosif de l’AGM-114 Hellfire mais doté de lames tournoyantes. Cela permet de neutraliser la personne visée tout en évitant les pertes collatérales.
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