Pour la première fois, des jihadistes shebabs somaliens ont pénétré en territoire éthiopien dans la région d’Afder en Ogaden (province Somali). Les autorités locales ont confirmé cette attaque le 23 juillet affirmant que les assaillants avaient été neutralisés dans le village d’Hulhul.

La déclaration officielle dit : « un groupe armé shebab entré il y a quatre jours (le 19 juillet) par un lieu-dit Aato dans la zone d’Afder, dans la région Somali a été encerclé (…) puis complètement détruit ». Selon ce communiqué, les Shebabs ont été interceptés alors qu’ils voulaient « rejoindre un quartier de la zone d’Ēl Kerē », situé à plus d’une centaine de kilomètres de la frontière somalienne.
« Au cours de l’opération qui a duré trois jours, plus de cent membres du groupe terroriste ont été tués » et treize véhicules détruits. Ces chiffres ont ensuite été révisé à 67 morts du côté des shebabs et dix-sept civils et policiers tués.

Cette opération avait été précédée par l’attaque de plusieurs postes de police régionale somalienne, les « Liyu », une unité somalienne qui participe à la protection de la frontière entre la Somalie et l’Ethiopie. Un membre de l’administration du district somalien de Hudur a affirmé qu’il s’agissait « des combats les plus violents jamais connus autour de ces villes […] cela a duré environ six heures avant que les militants ne soient repoussés, il y a eu des morts et des blessés des deux côtés ».
Il semble qu’un groupe shebabs dont le chef aurait été tué lors d’une opération anti-terroriste menée en Ethiopie ait voulu venger son « martyre ».
Les opérations anti-terroristes sont fréquentes en Ethiopie et des suspects sont arrêté parfois jusqu’à Addis Abeba. Mais jusqu’à maintenant, ils n’étaient pas parvenus à lancer des actions d’envergure dans ce pays préférant vraisemblablement s’en servir comme « base arrière » sûre.

Pour mémoire, les shebabs sont des islamistes radicaux affiliés à Al-Qaida « canal historique » lancés depuis plus de quinze ans dans une insurrection contre le gouvernement fédéral somalien. Ce dernier est soutenu par la communauté internationale et par la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) composée de militaires ougandais, burundais, éthiopiens, kényans, djiboutiens et de policiers du Sierra Leone. Le 1e avril 2022, l’AMISOM a été remplacée par la Mission de Transition de l’Union Africaine en Somalie (ATMIS).

Plus généralement, si les groupes qui se revendiquent d’Al-Qaida « canal historique » et de Daech se font plus discrets au Proche-Orient, ils sont à l’offensive sur le continent africain sans que personne ne semble plus capable de leur opposer une résistance structurée et efficace.

 

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Texte

Alain Rodier

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