Depuis la fin avril, ce seraient plus de 3.000 roquettes qui auraient été tirées depuis Gaza par le Hamas (40.000 membres), par le Jihad Islamique Palestinien (8.000 membres) mais aussi par des groupuscules salafistes-jihadistes établis sur zone.

Plus de 2.000 auraient été interceptées par le système de défense anti-aérien Iron Dome, 600 seraient retombées à Gaza et le reste aurait atteint le territoire hébreu dans presque toute sa profondeur causant la mort de dix personnes.

La question qui se pose est : comment les Palestiniens peuvent-t’ils détenir tant d’armes alors qu’un blocus de fait entoure cette zone depuis des années. Une des réponse est que les Palestiniens fabriquent eux-mêmes une grande partie de ces engins (relativement peu sophistiqués), leurs artificiers ayant reçu une formation délivrée par les pasdarans iraniens et des hezbollahis libanais. Les matières nécessaires à la confection de ces engins arrivent séparément sous forme de produits civils (tuyauteries, machines-outils de précision pour travailler l’acier, matières chimiques destinées à l’agriculture, etc.). Le tout est assemblé sur place.

Le Hamas qui est en pointe dans la confection et la mise en œuvre des roquettes a particulièrement utilisé la roquette « A-120 » qui a une portée théorique de 120 kilomètres. Un lance roquettes multiple « bricolé » comportant huit alvéoles (uniquement sept roquettes seraient parties) mais fixe a été photographié (photo en tête de l’article). Cette « A-120 » semble être en fait une « R-160 » qui est la copie conforme de la roquette chinoise « M302 » (voir ci-après) qui est en dotation dans l’armée syrienne. Elle avait été utilisée lors de la guerre de 2014 et avait atteint la région de Haifa. À noter que les lettres en tête des sigles font référence à des « martyrs » : « A » pour Ra’ed Al-Attar, le commandant de la Brigade de Rafah tué en 2014 et le « R » pour Abdel-Aziz Rantisi, ciblé par une opération homo en 2004.

Pour le reste, il est produit des roquettes dans la bande de Gaza depuis le début des années 2000. Les plus connues sont des familles Qassam (de type 1 à 3).

Avant que les tunnels donnant sur l’Égypte ne soient en partie neutralisés, il a été importé d’Iran des roquettes Grad d’une portée de 20 kilomètres et des WS-1E qui peuvent atteindre les 45 kilomètres. Surtout, les Iraniens avaient conçu une version démontable en plusieurs fardeaux de leur Fajr-5 de 333 mm qui a une portée moyenne de 75 kilomètres (il semble que le Hamas n’utilise plus de Fajr-3 de 230 mm d’une portée de 45 kilomètres – peut-être n’en n’ont-ils plus en stock -). De nombreux autres modèles « bricolés » existent comme le Falagh-2 emportant une charge explosive de 400 kilos mais dont la précision ne semble pas être garantie. Ce type d’arme a été très utilisé en Syrie.

L’ensemble de ces roquettes (dont le nombre était estimé à 10.000 en 2014) et des ateliers qui les construisaient avaient été donnés comme détruits après la guerre de 2014. La preuve vient d’être faite que tout a été remis en question par la suite. Selon certaines sources israéliennes, au début 2021 le Hamas disposait de 6.000 roquettes de divers types et le JIP de 2.000. Si l’on considère que l’armée israélienne en a détruit un bon nombre au sol, il est vraisemblable que les Palestiniens devraient se trouver à court de munitions dans une ou deux semaines. Il est donc possible qu’un cessez-le-feu n’intervienne avant.

Ensuite, il restera le problème actuel principal : réconcilier les populations israéliennes juives et arabes entre elles. Le Hamas a joué à fond la rupture entre ces communautés. Il est aisé de remarquer que l’Iran n’a pas activé des « sous-traitants » hezbollahis au Liban Sud ou le long du plateau du Golan en dehors de quelques tirs de mortier vraisemblablement déclenchés à l’initiative de chefs locaux incontrôlés. La réponse est que Téhéran  est aujourd’hui en position délicate vis-à-vis de la nouvelle administration Biden qui semble vouloir reprendre le dialogue – uniquement pour se démarquer de l’administration Trump -(1) et juste avant son élection présidentielle prévue le 18 juin prochain.

 

1 – Les chances d’aboutir sont quasi nulles le seul objectif des Américains démocrates comme républicains restant que le régime des mollahs tombe. Le passif historique étant beaucoup trop lourd (prise d’otages de diplomates à Téhéran, actions terroristes à Beyrouth, etc.) pour être accepté par la partie américaine.

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Texte

Alain Rodier

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