La France poursuit son effort dans l’opération Chammal avec en moyenne 1 000 militaires consacrés au théâtre. La Marine en compte 200 en Méditerranée orientale, où elle a déployé une frégate et/ou un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA). L’armée de l’Air fournit 350 postes sur la base aérienne projetée de Jordanie (qui accueille notamment quatre Rafale) et la base aérienne des Émirats arabes unis (six Rafale). Les uns et les autres sont sollicités en fonction des objectifs et de la nature des missions (attaque ou reconnaissance). L’armée de Terre aligne 150 militaires au sein des deux task forces de formation, Monsabert et Narvik. Enfin, les états-majors mobilisent une centaine de militaires, auxquels s’ajoutent 150 autres pour le « soutien national et le renforcement ». Depuis le retrait de la task force artillerie, les seuls Français au sol hors de Bagdad sont les forces spéciales de la TF Hydra.

La France réfléchit à apporter son concours à la montée en puissance de l’armée de l’air locale, qui dispose déjà de chasseurs F-16, d’hélicoptères et de drones endurants. Dans les années 70 et 80, la France était un gros fournisseur d’armes de l’Irak : chasseurs Mirage F1EQ, hélicoptères d’attaque Gazelle. Une structure de 2DI2E, la TF Air, existe déjà pour assister l’Irak.
Cette année, la TF Monsabert a réalisé le premier stage JTAC (joint terminal air controller) au profit de l’unité qu’elle soutient, la 6e division d’infanterie basée à Bagdad. Ces JTAC étaient orientés sur le guidage d’hélicoptères.
Lors d’un point presse à la mi-septembre, un ancien COMTF Monsabert a expliqué quelques objectifs de son mandat, fort de 85 militaires d’une vingtaine de régiments issus principalement de la 9e brigade d’infanterie de marine. Lui-même était issu du 6e régiment du génie dont il était à l’époque chef de corps. Le régiment fournissait la composante génie, avec toutes sortes d’applications, notamment dans la lutte contre les explosifs improvisés (IED). Le 3e régiment d’infanterie de Vannes fournissait la composante infanterie pour l’instruction et la force protection dans le camp français de 1,5 hectare, lui-même intégré à la garnison de la 6e division d’infanterie. Plusieurs régiments d’artillerie ont aussi été mis à profit : 11e RAMa, 1er RA, 35e RAP. D’autres unités ont fourni du personnel : 40e régiment de transmissions, état-major de la 1re division, centre médical des armées d’Orange…
L’engagement de la France en Irak aura été source de nombreux retours d’expérience (retex). C’est le cas notamment en matière de lutte antidrone, Daech ayant utilisé des drones piégés, souvent rudimentaires, en isolé ou lors d’attaques en essaim.
La TF Hydra en a été victime, mais aussi les terrains d’aviation russes en Syrie ou encore les DZ hélicoptères irakiennes lors du siège de Mossoul. Ces attaques ont occasionné d’importants dégâts matériels et des pertes humaines, ainsi que des blessures graves.

Les retex artillerie ont aussi été très féconds, a rappelé un ancien COMTF artillerie, désormais posté au J3 Monde du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) de l’état-major des armées. « Tout le panel des effets a été utilisé avec des obus explosifs, fumigènes, bonus [disposant de deux charges dirigées], et pas seulement pour des effets cinétiques. Nous avons aussi appuyé nos camarades irakiens avec des obus éclairants, ce qui leur a permis par exemple d’aller chercher des blessés sous le feu. Nous avons aussi tiré pour des manœuvres de déception, faisant croire à Daech que nous allions attaquer dans le secteur objet des tirs, alors que l’attaque avait lieu ailleurs. La France a aussi apporté son expertise CIED [contre les IED], en matière de santé, qui fait la réputation française, et on a fait monter le niveau du soutien médical de la 6e division. Des instructions ont par exemple montré comment équiper un véhicule ambulance, comment pratiquer le sauvetage de combat, le close air support, le ciblage. »

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