Réduction de budget et resserrement des effectifs continuent à être à l’ordre du jour dans bien des armées occidentales. Le cas des Pays-Bas est exemplaire à plus d’un titre ; le gouvernement de La Haye ayant réussi en moins de cinq ans à démanteler « scientifiquement » son instrument de défense, à commencer par sa composante terrestre.
Aucun pays en Europe occidentale n’a appliqué jusqu’ici une méthode aussi brutale que celle des Pays-Bas pour remodeler son armée de terre en sacrifiant des blocs capacitaires majeurs, voire essentiels. Résultat : si à la fin de la guerre froide la Koninklijke Landmacht, l’Armée de terre royale néerlandaise ou Royal Netherlands Army (RNLA) dans la nomenclature OTAN, pouvait se vanter d’être un des principaux piliers européens de l’Alliance atlantique, aujourd’hui elle est l’une des plus faibles du continent.
En 1991, au moment de l’éclatement de l’Union soviétique, la RNLA disposait d’un puissant corps blindé-mécanisé reposant sur trois divisions à trois brigades chacune (divisions ternaires). Des neuf brigades opérationnelles, trois étaient blindées et six mécanisées, chacune à trois bataillons. A celles-ci venaient s’ajouter une brigade d’infanterie légère motorisée, plusieurs unités de support au niveau bataillon et un système de réservistes parfaitement rodé et fonctionnel. Ces forces constituaient le pivot du NORTHAG (Northern Army Group, le groupe d’armées des forces alliées Centre-Europe de l’OTAN), avec la British Army of the Rhine, avant de devenir un des éléments essentiels et incontournables des missions internationales de Peacekeeping/Peace-enforcement, de l’Irak à l’Afghanistan. Le contingent néerlandais de l’ISAF, qui a compté jusqu’à près de 2 000 hommes et femmes au plus fort de son engagement en Afghanistan, a assuré le commandement opérationnel, pendant cinq ans environ, de la province d’Oruzgan. Malgré un mandat initial qui prévoyait seulement des missions de stabilisation, les militaires néerlandais ont été engagés plus d’une fois dans des opérations de contre-insurrection pures et dures (sur les 25 morts enregistrés en Afghanistan par le contingent néerlandais, 19 ont été tués au combat, alors que 140 autres ont été blessés en action).
Véritable hub sécuritaire de l’OTAN et de l’Union européenne, la RNLA était considérée encore au début des années 2000 comme une des meilleures forces terrestres européennes, qui n’hésitait pas à engager ses militaires dans des opérations de combat sur des théâtres extérieurs. A l’époque, la conscription avait déjà été abolie et, à partir de 1996, la RNLA avait entamé un traitement amaigrissant qui n’avait pas encore érodé, cependant, ses capacités opérationnelles, contrairement à d’autres forces terrestres occidentales. Son parc blindé-mécanisé était exemplaire, avec 188 Leopard 2A6 et pas moins de 190 VCI chenillés CV9035NL, complétés par des YPR.765, version néerlandaise de l’AIFV américain, puis par des engins blindés 8 x 8 Boxer. Même chose pour l’artillerie, avec 57 automoteurs de 155 mm PzH 2000, ainsi que la composante aéromobile comprenant des hélicoptères de manœuvre AS532U2 Cougar Mk2, lourds CH-47D Chinook et d’attaque AH-64D Apache ; hélicoptères rattachés à la Koninklijke Luchtmacht, l’armée de l’air néerlandaise ou Royal Netherlands Air Force (RNLAF), mais opérant pour l’essentiel au profit de la 11 Luchtmobiele Brigade, la brigade aéromobile de la RNLA.
En 2010-2011, lorsque le vent a commencé à tourner, les réductions sont tombées en cascade. Si le retrait de l’Afghanistan, en août 2010, est une décision des plus légitimes pour un pays souverain, même si elle est liée à la crise du gouvernement centriste démocrate-chrétien (CDA) guidé par Jan Peter Balkenende, bien plus significative – et plus grave – a été en revanche celle prise par le gouvernement populaire libéral (VVD) de Mark Rutte qui lui a succédé. C’est ce dernier, en effet, qui est à l’origine d’une cure amaigrissante sans précédent, avec le démantèlement de blocs capacitaires, accompagné de restrictions budgétaires de l’ordre de 15 % entre 2010 et 2014 ; une combinaison de facteurs qui, en moins de cinq ans, a rendu la RNLA méconnaissable, la privant de toute capacité de combat à haute, voire moyenne intensité.
En 2011, après avoir démis un premier lot de chars lourds, les 116 Leopard 2A6 restants (dont une soixantaine encore opérationnels) ont été retirés du service et mis sous cocon. Par la suite, début 2014, une centaine de ces chars ont été vendus à la Finlande. Côté artillerie automoteur, seulement 18 PzH 2000 ont été conservés, tous les autres étant stockés en réserve. Même coupe drastique pour le parc CV9035NL, celui-ci passant de 190 à une centaine d’engins, ce qui correspond plus ou moins à l’équivalent de deux bataillons mécanisés en moins. Entre-temps, la commande de 8 x 8 Boxer a non seulement piétiné, mais elle a aussi porté, initialement, sur les seules versions de support. Par ailleurs, les matériels plus anciens, retirés du service plus tôt que prévu, n’ont toujours pas été remplacés. Les effectifs également ont été réduits de façon significative : 12 000 de moins, soit plus d’un tiers des personnels, pour plafonner, aujourd’hui, à 17 500 militaires en service actif, plus 2 400 réservistes environ.
Perte de souveraineté ?
Que reste-t-il, aujourd’hui, de la RNLA d’il y a un peu plus d’une décennie ? Seulement trois brigades médianes : deux motorisées/mécanisées, sur deux bataillons chacune, et une brigade aéromobile à trois bataillons ; cette dernière étant en mesure de participer uniquement à des opérations de moyenne intensité, vu l’absence de moyens lourds significatifs, à l’exception de la trentaine d’AH-64D Apache en service. La force de réserve a été redimensionnée fortement à la baisse, tout comme l’état-major, qui a perdu plus de 30 % de ses cadres. Bref, un véritable gâchis, faisant des Pays-Bas la référence européenne en matière de désarmement. Quant au budget alloué à la Défense, il a laissé peu de marge de manœuvre avec 1,2 % du produit intérieur brut (PIB), qui devrait rester tel quel jusqu’en 2021, allouant aux investissements en matière d’équipements entre 18 à 22 % de l’enveloppe totale destinée aux forces armées. On pouvait s’attendre à mieux de la part de la sixième économie continentale, qui pèse pas moins de 5 % du PIB de l’Union européenne.
Même l’Advisory Council on International Affairs (AIV), le Conseil néerlandais pour les affaires internationales, s’en alarme. Dans un de ses derniers rapports, il souligne que « la situation est grave à tel point que seuls des irresponsables peuvent envisager de continuer sur cette lancée ». L’avertissement de l’AIV porte, notamment, sur la capacité opérationnelle d’engagement des moyens matériels, jugée insuffisante, et, surtout, sur le renouvellement des équipements, là aussi considéré trop limité du fait que les derniers budgets de la Défense ont accordé une part trop modeste aux investissements. On peut se demander en toute logique s’il était vraiment nécessaire de destiner 4 milliards de dollars pour acquérir 37 F-35 Lightning II, à peine suffisants pour équiper deux escadrons de la RNLAF, tout au plus trois, compte tenu des « dommages collatéraux » sur l’outil militaire dans son ensemble et sur la RNLA en particulier. Seule explication possible : La Haye a voulu sauvegarder à tout prix son industrie aéronautique, avec Fokker qui produisait sous licence les F-16 Fighting Falcon. Dans le cas du F-35, il s’agit d’un choix stratégique global, dans le cadre duquel les Pays-Bas semblent avoir mis une pierre sur toute velléité en matière de puissance militaire indépendante et autonome, cela en confinant ses forces armées au simple rôle d’intermédiaire et de contributeur de la « sécurité internationale ».
De ce fait, La Haye a opté pour l’intégration de plusieurs de ses moyens militaires en mettant, par exemple, la RNLAF pratiquement sous tutelle américaine et en resserrant des rapports de semi-dépendance avec l’Allemagne. En effet, ses forces terrestres ont été réorientées vers la mise à disposition de ses moyens non seulement à des structures multinationales comme l’OTAN, mais aussi à des pays étrangers, cela sans contreparties adéquates. C’est ainsi que la 11e brigade aéromobile a été intégrée, en janvier 2014, à la Division Schnelle Kräfte (DSK), la division d’action rapide de la Heer, et la 43 Gemechaniseerde Brigade (43 Mechbrig), la 43e brigade d’infanterie mécanisée, à la 1. Panzerdivision (1. PzDiv) en mars 2016. C’est bien le signe que la souveraineté militaire des Pays-Bas en a pris un bon coup, même si certains retiennent qu’il s’agit là d’un exemple type d’interopérabilité, qui tend à se développer dans le cadre des organisations et opérations militaires multinationales, mais qui est loin de faire l’unanimité au sein de la RNLA.
La RNLA aujourd’hui
Comme nous l’avons dit plus haut, la colonne vertébrale de la RNLA est constituée, aujourd’hui, de trois brigades, deux mécanisées-motorisées et une aéromobile, plus les supports logistiques regroupés au sein de l’Operationeel Ondersteunings Commando Land (OOCL), le commandement de support opérationnel, qui a son QG à Apeldoorn (Gueldre). Ces supports sont constitués de plusieurs unités au niveau régiment ou bataillon : ISTAR (intelligence, surveillance, target acquisition, and reconnaissance), artillerie (PzH 2000 et mortiers de 120 mm), génie, CIMIC (civil-military cooperation), transmissions, EOD (Explosive Ordnance Disposal), santé, etc.
Bien que ne disposant pas d’unités au niveau division, la RNLA joue cependant un rôle significatif au sein de l’Eerste Duits-Nederlandse Legerkorps ou 1 (GE/NL) Corps, le 1er corps d’armée germano-néerlandais basé à Münster, en Allemagne, un des corps de réaction rapide de l’OTAN, déployable en 20-30 jours, qui avait été projeté à Kaboul en 2003 pour commander l’ISAF. Une composante significative de son état-major multinational est fournie par la RNLA ; état-major commandé à tour de rôle par un général allemand et un général néerlandais.
Une des principales unités de manœuvre du 1 (GE/NL) Corps est représentée par la 11e brigade aéromobile, qui a atteint la pleine capacité opérationnelle (FOC) en 2003. Projetable partout dans le monde en moins de trois semaines, cette brigade a son QG à Schaarsbergen, près d’Arnhem (Gueldre), et s’articule sur trois bataillons d’infanterie légère sur ALSV (Advanced Light Strike Vehicle), en l’occurrence le 11e « Grenadiers en Jagers », le 12e « Van Heutsz », tous deux basés à Schaarsbergen, et le 13e « Stoottroepen Prins Bernhard », qui stationne à Assen (Drenthe), et trois compagnies de support (génie, santé, soutien logistique), auxquels vient s’ajouter un bataillon d’infanterie de réserve du Korps Nationale Reserve, le 20e de La Haye. Chaque bataillon d’active comprend trois compagnies de combat, toutes à trois sections, plus un groupe mortier de 81 mm L16/M1 et de 120 mm MO-120-RT. Pour la mobilité infra-théâtre, la 11e brigade opère en synergie avec le Defensie Helicopter Commando, structure de commandement de la Défense, mis en place en 2008, qui garantit le support aéromobile avec ses CH-47D/F et ses derniers Cougar Mk2 encore en service.
Quant aux deux brigades motorisées/mécanisées, qui ont survécu à la dissolution de la 41e brigade et à la fermeture de la base allemande de Seedorf en 2008, il s’agit des 13e et 43e, qui ont leur QG respectif à Oirschot (Brabant-Septentrional) et à Havelte (Drenthe). La première de ces deux brigades, la 13 Lichte Brigade (brigade légère), s’articule sur deux bataillons d’infanterie (Pantserinfanteriebataljon), le 17e « Fuseliers Prinses Irene » et le 42e « Limburgse Jagers », sur MRAP Bushmaster et 8 x 8 Boxer ; le 41e bataillon de génie ; le 42e escadron de reconnaissance « Huzaren van Boreel » sur VBL Fennek ; le 30e bataillon d’infanterie de réserve ; et deux compagnies de support, santé et soutien logistique. Toutes les unités de la 13e brigade sont basées à Oirschot, à l’exception du 30e bataillon de réserve, qui a son PC à Flessingue (Zélande). A noter que la compagnie Bravo du 42e bataillon d’infanterie est déployée actuellement en Lituanie au sein du bataillon multinational de l’Enhanced Forward Presence (EFP), placé sous commandement allemand.
La seule composante « lourde » de la RNLA est représentée par la 43e brigade, qui est constituée de deux bataillons d’infanterie mécanisée, le 44e « Johan Willem Friso » et le 45e « Oranje Gelderland », qui stationnent à Havelte. A ces deux bataillons mécanisés sur VCI CV9035NL viennent s’ajouter le 43e escadron de reconnaissance « Huzaren van Boreel » sur VBL Fennek ; le 11e bataillon blindé du génie (Pantsergeniebataljon) sur chenillés AEV-3 Kodiak, poseurs de pont PS2B, Bergepanzer 2 et Büffel, ainsi que sur 6 x 6 Fuchs Spz.1 pour la reconnaissance NRBC ; le 10e bataillon de réserve ; une compagnie sanitaire et une compagnie de maintenance et support logistique. Toutes ces unités sont basées à Havelte, à l’exception du 11e bataillon blindé de génie et du 10e bataillon de réserve, qui stationnent respectivement à Wezep (Gueldre) et Assen. Un bataillon d’artillerie sur PzH 2000 peut être mis à la disposition de la 43e brigade – ou accessoirement de la 11e brigade – par le VuursteunCommando (littéralement, commandement du soutien-feu) rattaché à l’OOCL.
Comme nous l’avons dit, la 43e brigade ne dispose plus d’une composante chars de combat, mais, depuis peu, une de ses compagnies opère au sein du Panzerbataillon 414 de l’armée allemande, qui aligne 44 Leopard 2A6. Cette nouvelle unité, basée à Bergen-Lohleide (Basse-Saxe), a été constituée à l’origine au sein de la Panzerlehrbrigade 9 et activée le 1er octobre 2015, pour être rattachée, ensuite, à la 43e brigade mécanisée néerlandaise, dont l’intégration à la 1. Panzerdivision a été officialisée le 17 mars 2016.
Les postes de l’état-major et de l’escadron de ravitaillement et de soutien du Panzerbataillon 414 sont occupés par des militaires allemands et néerlandais, alors que deux escadrons blindés sont armés par l’Allemagne et un escadron par les Pays-Bas. Les 72 tankistes néerlandais de cet escadron sont équipés de 16 Leopard 2A6 de la RNLA, qui ont « survécu » à la vente des 100 exemplaires à la Finlande. Ils sont formés et employés selon les principes de formation et de commandement allemands, du fait, justement, que la 43e brigade mécanisée est intégrée à la 1. Panzerdivision de la Heer. Toutefois, ce même escadron peut être engagé en autonomie sous commandement national. A noter que les Leopard néerlandais devraient être portés au standard 2A7, comme également prévu pour tous ceux de l’armée allemande.
Pour rester dans le domaine des équipements, la RNLA dispose aussi d’une cinquantaine de Fennek MRAT (Medium Range Anti-Tank), conçus pour accueillir une équipe antichar armée de systèmes Gill (Rafael Spike MR), outre un peu moins de 300 autres en différentes versions, reconnaissance, porte-mortier et VWRN (Voowaarstse Waarnemer pour observation avancée) notamment. Le MRAP Bushmaster (une centaine d’exemplaires), largement utilisé en Afghanistan par le contingent néerlandais, est également disponible en plusieurs variantes, tout comme les quelque 200 Boxer aujourd’hui en service. Par ailleurs, les Bérets rouges de la 11e brigade aéromobile disposent encore de plus d’une centaine de petits 4 x 4 Löhr LVS (Luchtmobiel Speciaal Voertuig), appelés à être remplacés. Deux mots également sur les CV9035NL Mk III, qui seront les premiers en Europe à recevoir une protection active, type « hard kill », basée sur le système Iron Fist d’Israel Military Industries (IMI), avec capteurs infrarouges et radar ; BAE Systems se chargeant de leur intégration dans le cadre d’un contrat signé en janvier 2017 (les CV90 néerlandais étaient équipés jusqu’à présent d’une protection passive ou « soft kill » réalisée par Saab Aviotronics, avec senseurs d’alerte laser et pots lance-grenades).
Outre l’OOC (le Commandement de support opérationnel mentionné plus haut), les forces de manœuvre de la RNLA comptent une autre structure, née en mars 2012 : le Defensie Grondgebonden Luchtverdedigingscommando (DGLC), le Commandement interarmées de défense aérienne sol-air. La décision de créer ce nouveau commandement remonte, en fait, à 2009 ; l’idée étant de regrouper toutes les unités de défense aérienne de la RNLA et de la RNLAF au sein d’une unique structure. Aujourd’hui, le DGLC, dont le QG est situé à Venray (Limbourg), est rattaché à la RNLA, même s’il est placé sous les ordres d’un colonel de l’armée de l’air, qui exerce son autorité sur deux escadrons : le 800 Ondersteuningssquadron, unité de support logistique assurant également le MCO et la formation des personnels, et le 802 Saqudron. C’est au sein de ce dernier que sont regroupés les systèmes sol-air et de détection aérienne du DGLC, qui sont mis en œuvre par deux batteries : la 11e, qui relève du commandement de la force aérienne ou Commando Luchtstrijdkrachten (CLSK), est équipée de trois systèmes MIM-104 Patriot PAC 2 et PAC 3 ; la 13e, qui dépend du commandement de l’armée de terre ou Commando Landstrijdkrachten (CLAS), dispose de trois systèmes NASAMS-2 (Norwegian Advanced Surface-to-Air Missile System) et de la version antiaérienne du Fennek, dite SWP (Stinger Waffenplattform), armée de quatre missiles Stinger FIM-92A/C (18 exemplaires). Le segment terrestre du DGLC comprend aussi cinq radars de surveillance TRLM-3D/32 Cassidian/Airbus (les Fennek SWP sont couplés au radar Sentinel AN/MPQ-64).
Formatée pour les conflits asymétriques
La seule composante de la RNLA à être sortie pratiquement indemne des mesures drastiques, qui ont succédé à l’arrivée au pouvoir du VVD de Mark Rutte, est celle dédiée aux opérations spéciales, en l’occurrence le Korps Commodotroepen (KCT), qui tire ses origines du célèbre No. 10 (Inter-Allied) Commando, plus précisément du No. 2 Dutch Troop, formé en 1942.
Basé à Rosendael (Brabant-Septentrional), le KCT a conservé sa précédente structure, articulée sur quatre compagnies opérationnelles, numérotées 103, 104, 105 et 108, plus une compagnie d’instruction. Chacune des quatre compagnies est organisée sur plusieurs détachements de huit opérateurs. Compte tenu de leur spécificité en tant que Special Operations Forces (SOF) au sens strict du terme, les Bérets verts du KCT ont été engagés dans toutes les opérations extérieures auxquelles a participé la RNLA (voir encadré p.66 ), à l’instar de leurs homologues du Korps Mariniers rattachés à la Netherlands Maritime Special Operations Forces (NL MARSOF), la composante SOF de la marine royale néerlandaise (Koninklijke Marine).
A ce titre, le KCT fait partie du module de forces projetables en moins de deux semaines partout dans le monde ; module théoriquement constitué par trois compagnies SOF, plus des éléments de support opérationnels fournis par l’OOCL, dont trois détachements ISTAR et une équipe EOD. Pour assurer leur mobilité sur le terrain, les Bérets verts néerlandais disposent toujours de véhicules 4 x 4 Mercedes Classe G, qui vont être remplacés dans leur totalité par le nouveau VECTOR (Versatile Expeditionary Commando Tactical Off Road), commandé à Defenture en une cinquantaine d’exemplaires (les premiers exemplaires ont été testés au Mali par le contingent néerlandais de la MINUSMA, qui a utilisé aussi des quads Suzuki Kingquad 750AXi).
Comme on peut le constater après ce rapide tour d’horizon, avec une force reposant pour l’essentiel sur sept bataillons d’infanterie d’active (plus trois de réserve), deux bataillons de génie et deux escadrons de reconnaissance, auxquels vient s’ajouter une composante SOF, les Pays-Bas ont formaté leurs forces terrestres pour les engager prioritairement, sinon uniquement, dans des conflits à basse intensité ou de type asymétrique, en reléguant aux oubliettes le concept de guerre lato sensu. Un choix discutable et sujet à bien des controverses, tant au sein de l’OTAN que de la RNLA, mais qui passera à l’histoire comme exemple emblématique des réformes – ou contre-réformes – militaires.
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